Christian Février, comment avez-vous, la cellule performance et vous-même, maintenu le lien avec les sportifs de Haut Niveau pendant les deux mois de confinement ?
Christian Février : Quels que soient les sports, un lien a pu être maintenu avec nos sportifs de haut niveau (SHN), à distance, grâce aux outils de communication connus de tous désormais : Zoom, Teams, Skype ou les plus traditionnels Whatsapp, Mails et appels téléphoniques évidemment. Certains collectifs ont beaucoup échangé, de manière quotidienne, avec quelques défis « Challenges », des séances quotidiennes encadrées, d’autres se sont limités à un temps d’échange hebdomadaire. L’essentiel était maintenir un capital santé physique et santé mentale au plus haut pendant cette période si particulière.
L’officialisation du report des Jeux à l’été 2021 (24 août – 5 septembre) a permis aux sportifs et aux cadres de vivre « plus sereinement » la fin de cette période de confinement avec quelques réponses qui ont mis fin à des incertitudes pesantes pour tous.
Ce temps a été pour certains une plage de récupération, de soins, de pause… Parallèlement, la cellule de la performance a mis à disposition des entraîneurs et des sportifs (sur une plateforme numérique) des documents pour s’entraîner dans des contextes inhabituels, chez soi et dans des espaces confinés, y compris sans matériel.
Il y a aussi eu des invitations pour participer à des visioconférences réalisées en lien avec l’Insep notamment. En résumé, Un large menu pour les uns et les autres avec notre volonté d’aider et accompagner les sportifs dans cette phase exceptionnelle de leur carrière sportive.
Depuis le 11 mai, le champ des possibles s’est élargi. Quel est votre sentiment ?
C.F : La doctrine majeure de la FFH est de concourir à l’objectif fixé par le gouvernement sur cette première phase de déconfinement, d’un enjeu de santé prioritaire pour faire baisser le nombre personnes infectées par le coronavirus et ainsi l’espoir de et retrouver un retour progressif à la normale. Le sport ne doit pas être le mauvais élève de ce premier acte de déconfinement. Pour la FFH, on a fait des choix en n’autorisant que la reprise en totale autonomie pour limiter le risque de contact physique au moment de la préparation de la séance et dans le déroulement de l’activité.
On met tout en œuvre pour ne pas exposer nos sportifs, en espérant que l’on pourra revoir nos restrictions avec plus d’ouverture, le 2 juin parce qu’il y aura de bonnes nouvelles.
Comment s’articule la performance dans ce contexte ?
C.F : Un guide, édicté par une cellule spécialisée du Ministère, a été diffusé le lundi 11 Mai 2020. Il préconise la mise en place d’un bilan général de santé (avec un certain nombre d’indicateurs sur le plan moteur) et un bilan cardiologique (ECG). Ces bilans vont permettre au médecin de délivrer une attestation pour repartir dans une activité progressive d’entraînement.
Auprès de qui effectuer ces bilans ?
C.F : Les sportifs ont été invités, par notre cellule médicale, à solliciter les médecins du sport ou médecins généralistes par lesquels ils sont suivis habituellement, dans leurs clubs, pôles, ou à l’INSEP. Il a aussi été souhaité que les médecins de nos commissions sportives ainsi que les médecins de nos Comités soient sensibilisés à ces démarches. Ils pourront, si besoin, accompagner nos sportifs dans la mise en œuvre de son bilan (contrôle de la prise des rendez-vous et/ou communication d’adresses si nécessaire). C’est le préalable à la reprise qui devra être progressive et calibrée.
Pouvez-vous préciser cet aspect ?
C.F : On a communiqué, dès la semaine dernière, à la suite d’une réflexion menée par Norbert Krantz, directeur des Équipes de France des sports paralympiques d’été et Claude Colombo, Consultant Expert auprès de la FFH, un principe de reprise progressive d’activité avec des recommandations sur les types de séances par lesquelles recommencées, le nombre de séances par semaine et leur intensité.
Quels sont les enseignements à retenir ?
C.F : Les sportifs sont restés au moins deux mois sans activité sportive « traditionnelle » intensive. Les conditions de confinement et donc d’activités sportives ont été très inégales selon leur cadre de vie… Quelques-uns n’ont pu que maintenir leur forme.
Depuis le 11 mai les SHN et les pros sont autorisés à reprendre une activité. Eux vont bénéficier d’autorisations plus spécifiques pour aller au-delà des 100 km. Ils vont aussi bénéficier de dérogations pour s’entraîner sur des sites soit indoor, soit fermés. On n’en est pas là. Aujourd’hui, on est sur un sas de 3-4 semaines, avec de la réathlétisation, la remise en intensité progressive. Le travail sera plus axé sur la qualité que sur la densité. La durée de cette phase est dictée par la manière dont les sportifs ont vécu le confinement mais elle devrait s’étirer sur un mois environ.
Cette reprise entre aussi dans un contexte d’incertitude concernant la réouverture des installations ?
C.F : Complètement. Toutes les fédérations ont été invitées à établir une liste d’athlètes prioritaires avec des besoins d’ouverture exceptionnelle d’équipements. L’Agence Nationale du Sport s’est positionnée comme étant en capacité de traiter des demandes de soutien auprès des maires et des préfets, au cas par cas, pour essayer de faire ouvrir ces installations en cas de difficultés. Cela va demander du temps. Le sportif va devoir signer une décharge parce qu’il risque d’aller dans des établissements partiellement ouverts avec pour seule présence, celle d’un gardien ou d’un veilleur. Il va y avoir des contraintes. On est en train de régler un retour à l’activité normale.
Prépondérants, on espère que ces aspects (bilan dérogation…) se feront dans le respect total des mesures gouvernementales afin de réussir le déconfinement.
Propos recueillis par J. Soyer
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