Le monde du sport renoue progressivement avec ses terrains de jeu favoris. « J’ai pu m’entraîner dans la salle de ma ville, se réjouit le pongiste normand Florian Merrien. Il fallait que je m’engage à désinfecter les tables, le matériel et que je nettoie l’espace de jeu. Mais ça fait du bien. Ça faisait un mois que ma raquette était prête… »
Bassins aquatiques, gymnases, salles de sport vont rouvrir de manière plus large… La grande majorité des sportifs va pouvoir repartir de l’avant. À l’exception de quelques-uns comme ceux pratiquant des sports collectifs et de contact. « On a bien conscience des enjeux, pose d’emblée Jonathan Hivernat, le capitaine de l’équipe de France de rugby fauteuil. Par les caractéristiques de notre sport, joué en salle, avec un ballon commun, nous savions qu’il y aurait sans doute davantage de précautions pour la reprise de nos entraînements. On continue les séances vidéo de tactiques en visio. C’est un outil très intéressant que l’on va installer dans la durée. »
Outre le lien qu’elles permettent au sein du collectif, déjà très soudé, ces conférences vidéo sont le seul contact concret que les protégés d’Olivier Cusin ont avec leur discipline. « La phase 1 du déconfinement nous a quand même offert la possibilité de travailler différemment physiquement. Je suis allé rouler assez longtemps chaque jour. Nous avons aussi bénéficié du savoir-faire des entraîneurs qui ont adapté des séances de physique par rapport à nos aptitudes. »
Cette nouvelle étape (depuis le 2 juin) engendre d’autres problématiques. La DTN a rappelé l’importance de ne pas aller trop vite. Et trouver la bonne carburation alors que les calendriers, à court et moyen terme, sont encore très flous. « Or, on s’entraîne pour les compétitions », rappelle simplement le paracycliste Mathieu Bosredon, qui a ciblé une course le 29 août. Là encore, les échanges entre coéquipiers, le lien social offrent un élan nouveau.
La chef de file du ski alpin, Marie Bochet a profité du confinement pour passer du temps chez elle et vivre une saison moins longue mais tout aussi fructueuse. Elle se réjouit surtout de pouvoir renouer avec le grand air. Si elle préfèrerait avoir davantage de lisibilité, l’heure n’est pas encore à l’inquiétude. « En général, les calendriers prévisionnels sont définitivement validés en septembre. Jusqu’à la mi-octobre, les planifications pourront encore être quasi optimales. »
En attendant d’y voir plus clair, les sportifs doivent donc se relancer. La nouveauté a souvent été un moteur clé. Quand Marie-Amélie Le Fur évoque la possibilité de choisir une nouvelle lame très différente, Mathieu Bosredon, lui, parle de ce travail très spécifique su home-trainer. « Je ne suis pas fervent de ça alors quand le confinement a été décrété, je me demandais comment j’allais faire…, lance-t-il. Avec mon entraîneur, on a donc fait confiance à Guillaume Toffoli. Il m’a proposé des séances plus courtes (10 h par semaine quand même), très intenses. » Un changement qu’il a fallu admettre. Un changement gagnant. « À chaque fois que je sors, je bats des records de PMA sur des caractéristiques courtes, insiste Mathieu Bosredon. J’ai perdu en endurance mais j’ai gagné en termes de puissances. Je franchis de nouveaux paliers grâce à ce travail sur home-trainer. » Il va bénéficier d’une année supplémentaire pour travailler en intégrant cette nouvelle donne. Pour mixer la route et le home-trainer de manière efficace et constructive.
L’année à venir ne va pas être de trop aussi pour le pongiste Florian Merrien. « Après les Jeux Paralympiques, s’ils avaient eu lieu en 2020, j’aurais été obligé de changer un de mes revêtements. Un revêtement avec lequel je joue depuis des années. Je m’inquiétais un peu de devoir passer de ce revêtement au nouveau sans entraînement. Du coup, j’ai repris avec le nouveau pour préparer la prochaine saison et les Jeux en 2021. Je découvre de nouvelles sensations et comme ça se passe bien, ça motive. » Florian Merrien reconnaît ne pas être trop perturbé par le manque de lisibilité en termes de compétitions. « Je pense davantage aux coéquipiers qui ne savent pas s’ils vont devoir disputer un tournoi de qualification, à ceux qui ne sont pas encore dans les critères mais qui avaient une vraie chance d’y entrer. »
Le soutien et l’expression collective seront aussi des moyens de traverser cette nouvelle étape.
Rédaction : J. Soyer
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