Le stage Jeunes à potentiel national (JAP national), prolongement des stages jeunes à potentiel régionaux, existe depuis 2010. Ce programme de détection, créé par la Fédération Française Handisport (FFH), suscite un réel engouement dans les territoires. Il est passé de 27 candidatures lors de la première édition en 2010, à 150 en 2025. « Le programme fédéral de détection pour nos jeunes licenciés monte chaque saison en puissance, situe Bastien Drobniewski, responsable du dispositif. Portée par la dynamique des Jeux 2024 et l’émergence des para sports, l’enjeu fédéral est clair pour cette nouvelle paralympiade : détecter davantage et révéler les talents de demain à travers ce programme. » Bastien Drobniewski dévoile les contours de l’édition 2025 et ce qu’il en attend.

Bastien, le Jap national 2025 reprend-il les grandes lignes de ses prédécesseurs ?
Il n’y a pas de révolution cette année, mais une vraie volonté de recentrer le JAP national sur son objectif premier : la détection. La dimension multisport reste au cœur du dispositif, puisque les jeunes continueront de pratiquer une à trois disciplines paralympiques d’été au cours de la semaine. Nous revenons à l’essence même du programme : identifier, orienter et accompagner les futurs talents à l’issue du stage national.
Pouvez-vous préciser ?
Le JAP national agit comme un véritable gouvernail : il vise à identifier les jeunes à fort potentiel et à les orienter vers la ou les disciplines les plus adaptées à un parcours de performance durable. Les évolutions du programme trouvent leur sens dans un contexte international qui s’est transformé, professionnalisé et densifié. Nous avons ainsi revu nos critères de sélection, ajusté les âges d’accès pour certaines disciplines à maturité plus tardive, renforcé l’encadrement technique et élargi la palette des pratiques sportives proposées. L’enjeu est d’apporter une vision transversale grâce au travail collectif des techniciens. En croisant les observations de terrain et les expertises, nous pouvons orienter, voire réorienter, certains jeunes vers des disciplines plus adaptées à leur profil, à leur pathologie, pour s’exprimer pleinement vers un parcours haut-niveau.
Quelles sont les disciplines proposées ?
On a choisi de renforcer les disciplines et supports proposés sur la semaine de stage, dans la limite des sports paralympiques inscrits au programme des Jeux d’été. On retrouvera donc la natation, le tennis de table, l’escrime-fauteuil, l’athlétisme (course, saut, lancer, frame running), le cyclisme (vélo solo, tricycle, tandem), le goalball, le basket-fauteuil et la boccia.
Combien de stagiaires attendez-vous ?
Ils sont 80 sélectionnés. Sur la campagne 2025, nous avons priorisé les candidatures des primo-accédants au programme JAP et les féminines.
Comment amener un stagiaire à quitter sa discipline de prédilection au nom d’une carrière de haut niveau ?
Le point de départ reste toujours le plaisir et le bien-être dans la pratique. Pour performer et durer, il faut avant tout être passionné et en accord avec son sport. C’est cette passion qui nourrit l’engagement au quotidien. 
Notre rôle, pendant le stage, est avant tout d’informer, de conseiller et de donner des clés de réflexion pour aider chaque jeune à construire son projet sportif. Nous ne forçons aucune décision : il s’agit d’un choix personnel et réfléchi, mené en concertation avec l’entourage, les proches et les comités. Certains décideront de changer de discipline pour viser plus haut, d’autres poursuivront leur voie actuelle ; l’essentiel est qu’ils le fassent en pleine conscience et avec conviction.
Des exemples de réorientation réussie ?
La dernière en date à s’être illustrée est Alexandra Nouchet. Ancienne nageuse aux portes des Jeux de Rio 2016, elle a basculé vers l’athlétisme lors de ses années d’entraînement au Pôle à Talence (Gironde) et a décroché récemment sa première médaille mondiale (argent) en lancer de poids, lors des Championnats du Monde à New Delhi (Inde) en octobre 2025.
Quels sont les critères d’âge pour prétendre à un Jap ?
Nous avons ajusté ce volet en tenant compte des réalités constatées à l’international, où les trajectoires de progression varient selon les disciplines. Certaines, comme le tennis de table en fauteuil, présentent une maturité plus tardive, tandis que d’autres, à l’image de la natation, révèlent des profils à maturité plus précoce. Sans remettre en cause notre cœur de cible (15 à 16 ans), nous adoptons désormais une approche plus singulière selon les sports. Cette année, les participants auront entre 13 et 20 ans.
Comment se composent les staffs sur un tel rendez-vous ?
L’encadrement se compose, d’une part, des collègues des territoires et, d’autre part, de l’encadrement technique. Pour les acteurs territoriaux, l’enjeu est d’informer, observer et s’acculturer à l’environnement de la performance paralympique tout au long de la semaine, avec des temps sur le terrain et en salle. Pour l’encadrement technique, nous avons mobilisé onze entraineurs nationaux, un record, pour une expertise renforcée. Ce stage JAP national est un carrefour entre les acteurs du développement et de la performance.
Quelle est la spécificité du programme ?
Les sports proposés, parfois imposés, à chaque stagiaire pourront évoluer au fil de la semaine, en fonction des observations techniques, physiologiques et des analyses croisées. Cette approche demande souplesse et adaptabilité, tant pour les jeunes que pour l’encadrement, d’autant que les rotations entre disciplines feront varier la composition des groupes et les niveaux de pratique. L’objectif est simple : permettre d’identifier rapidement les profils à fort potentiel, en étant vu par plusieurs techniciens, dans des contextes de pratiques différents.

Quelles sont les nouveautés de la semaine ?
Un Hyrox sera organisé le jeudi après-midi sur la piste d’athlétisme. Ce format hybride, proche du cross training avec une dominante aérobie, permettra aux jeunes de partager un moment collectif et de renforcer le sentiment d’appartenance à leur région. Pour les techniciens, cette nouveauté permet de voir tous les stagiaires, au même endroit à un instant T, dans un autre cadre de pratique et donc de répondre aux enjeux de détection. Autre nouveauté, cette-fois ci en salle, avec l’apparition d’un temps de sensibilisation à la gestion de l’image numérique et des réseaux sociaux. L’objectif est de donner aux jeunes des repères clairs pour utiliser ces outils de façon responsable et maîtrisée.
Quel lien existe-t-il entre le JAP national et les différentes structures fédérales d’entraînement ?
Le programme JAP constitue un dispositif de détection pour les jeunes athlètes. Les structures fédérales d’entraînement, quant à elles, sont des outils, des accélérateurs vers les parcours de haut niveau. Chaque saison, les meilleurs profils repérés lors du stage national sont conviés aux journées de détection des structures, pouvant ainsi franchir une étape clé dans leur progression. Ces deux dispositifs sont étroitement complémentaires et poursuivent un même objectif : faire de la France une nation paralympique forte et ambitieuse.
En revanche, un pensionnaire de structure ne peut plus faire le JAP ?
Exactement. L’enjeu est de baliser clairement le parcours des jeunes à potentiel, en créant des étapes cohérentes et progressives vers le haut niveau. Chaque dispositif a son rôle : le JAP pour identifier et orienter, les structures pour former et accompagner vers le haut-niveau. L’objectif, pour l’athlète en structure, est d’intégrer, de se maintenir ou de progresser au sein des collectifs fédéraux. Ces collectifs, répartis en trois catégories (Espoir, Accès à la performance et Performance), constituent la suite logique du parcours vers le haut niveau. Ils offrent un accompagnement gradué grâce à différents dispositifs fédéraux, comme notamment les stages Espoirs, organisés par discipline ou en format mutualisé, qui permettent de consolider la formation et de préparer les échéances internationales.