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Christian Fémy : Un beau bilan 2015 !

2 juin 2015

Christian, la saison 2014-2015 fut incroyable, avec des athlètes parés d’or dans toutes les disciplines aux mondiaux qu’ils soient Nordiques, Alpins, Snowboard ou Deaflympics. Comment expliques-tu ce succès ?

Je m’attache depuis mon arrivée à la tête du ski handisport à ce qu’il remplisse tous les critères du haut niveau avec son lot d’exigences. Le premier chantier a été l’alpin, puis les autres disciplines ont suivi. Ces bons résultats de la saison 2015 ne sont que le fruit de ce qui a été mis en place depuis quatre ans. Les médailles qui arrivent ne sont pas de la chance, mais simplement le résultat d’un travail.

Je pourrai expliquer ce succès par trois paramètres principaux :

1)  Le respect des consignes : ce qu’il y a de remarquable dans ce groupe Equipe de France -toutes disciplines confondues- , c’est que les exigences sont acceptées et respectées par les athlètes.

2) Toute la structure (entraîneurs, kinés, techniciens), malgré un effectif très réduit en regard des autres pays, fournit un travail incroyable.

3)  J’ai la chance d’avoir une génération d’athlètes hors normes. Je n’en nommerai pas un plus qu’un autre, mais ils sont tous passionnés, avec la volonté de se dépasser. Et ils prennent du plaisir dans leur sport, ce qui est essentiel à la réussite.

Ce qu’il y a également de remarquable dans ce groupe, c’est l’osmose qui se crée entre athlètes de différentes disciplines : Il y a beaucoup de solidarité, d’échanges et de partage. Le succès des uns est partagé par tout le groupe.

 

On aurait pu craindre un relâchement dans les résultats après une année paralympique déjà majestueuse (5 titres en alpin, des médailles en Snowboard et en nordique), et il n’en a rien été. Un peu étonnant non ?

La saison 2015 avait été ciblée comme une saison à gros objectifs avec des mondiaux dans toutes les disciplines. Nous avons tiré profit de l’expérience de Sotchi pour effectuer quelques ajustements et corriger les erreurs constatées. C’était donc une saison très importante pour le groupe, comme l’année des jeux.

Mais au-delà des résultats, c’est la manière dont ils ont été obtenus qui m’importe. L’objectif n’est pas la médaille, mais la manière de l’obtenir. Chacun doit pouvoir donner le maximum de son potentiel, et peu importe le résultat final. C’est je pense ce qui a été réalisé cette saison avec le groupe.

 

Cette saison, beaucoup d’anciens ont tiré leur révérence en alpin. N’es-tu pas un peu inquiet pour la relève ?

Le contrat avait été passé avec les anciens du groupe en alpin : passée la saison 2015, il était temps pour eux de laisser la place aux jeunes, même s’ils rentraient encore dans les critères du haut niveau. Cela a été compris par tous. Certains comme Romain Riboud ou Cédric Amafroi ont même effectué une de leurs meilleures saisons ! Car le constat est là, à Sotchi, la moyenne d’âge des médaillés était de 22 ans, et presque 40% avaient moins de 21 ans ! Il fallait en tirer les conséquences pour le groupe France vieillissant.

En nordique, la relève avait déjà été assurée la saison dernière, avec le succès que l’on sait : médaille d’or en relais aux mondiaux, avec le jeune Anthony Chalençon qui a plus que tenu sa place malgré son jeune âge.

En snowboard, la situation est un peu différente avec une seule athlète (Cécile Hernandez Cervellon) arrivée récemment dans une discipline en devenir. Mais de jeunes athlètes, notamment chez les hommes, sont attendus dans les prochaines saisons.

 

Une mention spéciale sur l’arrêt de la carrière de VincentGauthier Manuel  ?

Vincent avait pour objectif de ramener une médaille d’or de Sotchi. C’est chose faite, et il a consenti beaucoup de sacrifices pour cela, son dos n’a pas été ménagé depuis trois ans malgré des douleurs récurrentes. Sa décision a été sage et compréhensible.

 

Justement, quel est ton programme pour les jeunes pousses ? On voit que l’IPC créée des compétitions pour ces compétiteurs de moins de 16 ans.  Qu’en penses-tu ?

Nous organisons un stage pour les 10-16 ans en juin.  Quatre jeunes athlètes sont concernés. Je pense notamment à Jordan Broisin, qui rentre en Equipe de France en alpin, après une année où il a effectué des progrès incroyables, passant de la Coupe de France à la Coupe du Monde en une seule saison. Nous avons également des filles en fauteuil et des jeunes déficients visuels qui montrent du potentiel.

De mon côté, je pars à Bonn pour la réunion de printemps de l’IPC. Le sujet « jeunes » sera abordé. Je trouve qu’il y a une petite incohérence dans le programme « jeunes » de l’IPC : Il n’est pas possible de concourir en Coupe du Monde avant 15 ans, alors que des jeunes de 16 ans ont ramené l’or des Jeux de Sotchi !

 

Au niveau national, la coupe de France en alpin semble avoir été un peu à la peine cette année. Quel est ton analyse sur le sujet ?

Côté alpin, nous avons eu un gros problème de logistique dans la partie administrative des compétitions, à revoir en priorité l’an prochain . Côté nordique, il n’y avait aucun organisateur de Coupe de France mais des ententes avec les compétitions classique valides ont été trouvées  (style foulée blanche) .

Nous avons des organisateurs dévoués mais une baisse de l’intérêt et du nombre de coureurs, à tous les intervenants du ski de se coordonner et de s’impliquer pour inverser la tendance. Cependant, nous avons eu de très beaux championnats de France dans les 3 sports, félicitations aux organisateurs.

 

La saison 2015-2016, sans jeux ni mondiaux va t elle être l’occasion d’intégrer de nouveaux talents dans le collectif en vue de 2018 ?

La saison à venir sera effectivement plus tranquille. L’accent sera mis sur le foncier, notamment en nordique, et les entraînements hivernaux plutôt que de multiplier les déplacements pour les compétitions. L’objectif est maintenant 2018 et les jeux en Corée. De nouveaux talents sont attendus pour cette échéance.

 

En conclusion, Christian Fémy est il un directeur du ski handisport heureux ?

Non, pas heureux. Très heureux ! Le ski n’est pas de l’art, mais j’ai la sensation d’avoir avec ce groupe accompli « une belle œuvre ». // D. Barbet

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