Signalement de violence
A+A-

Manon Camboulives : « La kiné avec des valides me paraît fade »

30 novembre 2017
La jeune femme, née  à Agen il y a 27 ans, officie auprès des jeunes du Centre Fédéral, installé au Creps de Talence. Kinésithérapeute de l’équipe de handibasket, elle a élargi son rayon d’action depuis l’arrivée du pôle athlétisme, en septembre dernier.

La voix est pêchue et chantante. Le débit soutenu. Ils traduisent l’enthousiasme de Manon Camboulives quand elle raconte sa vie de kinésithérapeute au Centre Fédéral qui abrite, au sein du Creps de Talence, les pôles de handibasket d’athlétisme handisport. Cette diplômée de kiné et de kiné du sport concilie ainsi ses deux passions : le sport et la kiné. « Handballeuse de niveau régional à Agen, j’ai souvent été blessée, explique la demi-centre. Au fil de mes séances de kiné, j’ai apprécié ce métier. Et comme j’ai toujours aimé le sport… »

Tout a commencé en 2011. L’Agenaise d’origine, débarquée à Bordeaux pour suivre des études médecine afin d’intégrer une école de kinésithérapie, découvre l’univers handisport grâce à son professeur de deuxième année. « Alain Rouvillois était kiné fédéral handisport, explique Manon Camboulives, un petit bout de femme aussi dynamique que souriante. Lors d’un stage de l’équipe de France de paracyclisme, il a proposé à des élèves de venir faire des massages de récupération. Nous y sommes allées avec une amie. »

Vite accroc au handisport

Manon Camboulives, elle attrape le virus. Rapidement, elle accepte de se rendre à une démonstration de l’équipe de handibasket du Creps de Talence. « J’ai testé la pratique. Pendant plus de trois semaines, j’ai eu d’horribles courbatures dans les épaules. » L’étudiante en 3e année qu’elle est alors, consacre son mémoire à la prévention des blessures via la pratique d’un sport en fauteuil. Pendant quasiment un an, elle suit Axelle, alors kiné au Centre Fédéral. Le feeling est très bon. « J’ai beaucoup appris, échangé avec d’autres kinés, notamment étrangers, développe Manon Camboulives. Je me suis aperçue qu’il y avait eu assez peu de recherches effectuées sur ces domaines. »

Après le départ de l’ancienne kiné du Centre Fédéral, en fin de saison 2012, les responsables de la structure lui proposent de prendre le relais. Elle fonce. « Je m’éclate dans ce boulot. Si je leur apporte des choses, les sportifs m’en apportent tout autant, voire plus. Il y a de formidables leçons de vie à travers leur parcours. Je ne me vois pas travailler avec des équipes valides pour l’instant. La kiné auprès des valides me paraît fade. »

« Une vraie éducation thérapeutique »

Pourtant, son investissement au Centre Fédéral densifie ses semaines. Parallèlement au Creps, Manon Camboulives exerce dans un cabinet libéral à Pessac. En moyenne, elle intervient 8 h au Creps et 30 à 35 h au cabinet. « Cette année, en raison de l’arrivée de l’athlétisme, j’ai décidé d’organiser son emploi du temps en fonction du Centre Fédéral. Et à compter du mois de janvier, je vais rejoindre un cabinet à Talence. A 200 m du Creps. Je pourrai ainsi recevoir des sportifs en dehors du Creps. » Et ainsi gommer une part de frustration liée au côté ponctuel des interventions. « Il y en a trois par semaine au Pôle. Deux sur les temps d’entraînement de l’équipe de handibasket et un autre sur un temps de consultations. J’effectue aussi quelques déplacements avec l’équipe et je suis présente lors de toutes les rencontres à domicile. »

Une manière pour Manon Camboulives de ne pas lâcher ces sportifs auprès desquels il convient de mettre en place « Une vraie éducation thérapeutique. Ce sont des ados qui n’ont pas toujours en tête l’importance de prévenir les blessures. Il faut parfois allier psychologie et de patience pour faire passer les messages. Ils préfèrent en effet avoir un ballon dans les mains, plutôt qu’un élastique. »

Au Creps, Manon Camboulives s’épanouit aussi à travers ses relations avec les jeunes. « Ils nous témoignent souvent leur reconnaissance. » Mais aussi parce qu’elle élargi encore ses connaissances. Avec l’arrivée des athlètes, elle est confrontée au handicap visuel, à des sportifs amputés aussi. « Je m’appuie beaucoup sur l’expérience de Brice Denevyns, un jeune kiné, principalement en charge des athlètes. Il a une solide connaissance sur les amputés,  les prothèses et la rééducation adaptée. »

Avec l’intégration future du pôle natation, Manon Camboulives devrait encore se voir ouvrir de nouvelles perspectives. // J. Soyer

 

Autres articles sur ce thème : Actualité
haut de page