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Amélie Oudéa-Castéra, Ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques

22 décembre 2023
Ancienne championne de tennis et passionnée de sports, Amélie Oudéa-Castéra est devenue directrice générale de la Fédération française de tennis en 2021, puis ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques le 20 mai 2022. L’Etat, à travers son Ministère est le premier partenaire financier et soutien de l’action de la Fédération Française Handisport. Avec Paris 2024 en ligne de mire et la promotion du sport pour tous, Amélie Oudéa-Castéra répond à nos questions.

Crédit : Hervé HAMON

Pouvez-vous nous en dire plus sur le parcours et les grandes étapes qui vous ont menée à la tête du Ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques ?
Je suis une ancienne sportive de haut niveau. J’ai consacré une bonne partie de mon enfance et de mon adolescence au tennis. Ensuite, j’ai entrepris des études de science politique pour intégrer la haute fonction publique avant de me lancer dans une longue expérience en entreprise.

Ma passion pour le sport ne m’a jamais quittée, c’est pourquoi je suis devenue directrice générale de la Fédération française de tennis en 2021. Ma nomination en tant que ministre des Sports et des Jeux est intervenue peu de temps après, consolidant ainsi toutes les facettes de mes expériences de vie antérieures en un seul poste. Je suis très heureuse d’occuper les fonctions qui sont les miennes aujourd’hui.

Quelques mots sur vos passions, le tennis tient une place importante ?
Le tennis a été présent à toutes les étapes importantes de ma vie. Dans ma jeunesse, il a joué un rôle essentiel dans ma construction. Plus tard, j’ai même rencontré mon mari grâce au tennis ! Aujourd’hui, c’est un sport que je pratique en famille lorsque mon emploi du temps me le permet. Je pratique également quotidiennement le yoga et je suis passionnée par le sport en général, mais le tennis occupe effectivement une place particulière.

Quelles sont les valeurs qui vous sont chères et que vous retrouvez dans le sport ?
Le dépassement de soi, le don de soi et la recherche constante de l’amélioration sont inévitablement présents. Le sport, ce n’est pas seulement la performance, c’est aussi une source extraordinaire de bien-être, permettant d’évacuer la pression, de se concentrer et d’atteindre un alignement parfait avec soi-même. Bien sûr, ce sont également des valeurs de collectif et d’esprit d’équipe.

Selon vous, qu’apporte le sport à tous et aux personnes en situation de handicap en particulier ?
Les bienfaits physiques et mentaux de la pratique sportive sont aujourd’hui indéniables pour toutes les personnes. Cependant, l’accès à la pratique sportive est plus complexe pour les personnes en situation de handicap. Mon ministère, en collaboration avec d’autres ministères et acteurs publics ou privés, travaille sur des solutions concrètes pour faciliter cet accès. Le sport doit être un vecteur d’inclusion, à l’instar de la culture ou du travail.

Quelle est votre vision de la place que doit occuper le sport en France, dans notre société, à quelques mois des Jeux ?
À une époque où la sédentarité progresse chez les jeunes et où l’addiction aux écrans fait des ravages, le sport doit jouer un rôle beaucoup plus important dans notre société. Il doit être l’un des héritages les plus fondamentaux des Jeux que nous accueillerons l’année prochaine. C’est pourquoi notre grande cause nationale 2024 est dédiée à la pratique sportive dans notre pays !

La place des femmes dans le sport, dans la pratique et la gouvernance, est une priorité pour vous. Avons-nous progressé ces dernières années ?
De nombreux progrès ont été réalisés ces dernières années, comme en témoigne l’augmentation du nombre de femmes licenciées. Les chiffres sont encourageants (baromètre INJEP 2022) : le nombre de femmes pratiquant occasionnellement a augmenté de 8 points entre 2018 et 2022, atteignant 71%. Cependant, de nombreux progrès restent à faire, notamment en ce qui concerne la prise en compte de la maternité dans le sport. Une analyse des règlements sportifs est en cours pour garantir une prise en compte équitable des situations de maternité vécues par nos sportives. Une cellule opérationnelle est également en cours de création pour aider les sportives dans l’organisation de leur maternité. D’autres progrès sont nécessaires dans le développement de la pratique pour les adolescentes, les jeunes mamans, ainsi que dans les clubs et équipements sportifs. Le sport féminin sera porté par l’élan des Jeux olympiques et paralympiques, qui seront les premiers jeux paritaires de l’histoire.

Que représente la pratique « handisport » pour vous, et quelle place doivent occuper les parasports sur le terrain du sport français aujourd’hui ?
Il est essentiel que toute personne handicapée puisse pratiquer un sport, que ce soit pour le loisir, la compétition ou la performance. En termes de performance, l’Agence nationale du Sport mobilise des moyens supplémentaires chaque année, bien que des progrès restent à accomplir pour accompagner au mieux nos sportifs paralympiques vers le succès. En ce qui concerne le développement de la pratique, je compte sur les fédérations, notamment la Fédération Française Handisport, pour promouvoir la pratique sportive sur l’ensemble du territoire. Actuellement, une personne sur deux en situation de handicap ne pratique pas de sport, soulignant la nécessité pour toutes les fédérations de se mobiliser en tant que partenaires pour développer la pratique.

Quelle est la place de la Fédération Française Handisport dans cet écosystème ?
La FFH, tout comme la Fédération Française de Sport Adapté, sont nos fédérations spécifiques pour le développement de la pratique sportive des personnes en situation de handicap. Elles détiennent l’expertise la plus poussée et mobilisent le plus grand nombre de bénévoles et d’éducateurs pour assurer un maillage territorial de qualité. Cela se traduit par la conquête active de 3000 clubs inclusifs supplémentaires et la mise en place de grands événements sportifs internationaux tels que les tournois internationaux de Rugby fauteuil et le championnat du monde de para athlétisme. Nous comptons sur l’ensemble des fédérations, en particulier sur la FFH, pour faire évoluer les mentalités.

Comment envisagez-vous la sécurisation de la pratique sportive pour les personnes en situation de handicap qui pratiquent en milieu valide ?
La formation des éducateurs sportifs à la pratique des personnes en situation de handicap est un point majeur de la feuille de route que j’ai dévoilée en collaboration avec Geneviève Darrieusecq le 23 mai dernier. Il est fondamental que les intervenants en club et dans le monde médico-social soient formés aux spécificités de cette pratique. C’est pourquoi mon ministère produira des supports pédagogiques sur la pratique sportive à leur intention. Nous intensifierons également les formations des éducateurs sportifs au handicap. Mieux accompagner la pratique sportive des personnes en situation de handicap nécessite de prendre en compte leur singularité dès leur accueil dans la structure. À ce titre, je garde en mémoire les paroles de votre présidente, Guislaine Westelynck, qui a souligné que l’inclusion ne se décrète pas, mais se construit.

Quels sont les axes d’amélioration pour le développement de la pratique sportive pour les personnes en situation de handicap ?
Lors d’un atelier d’Impulsion Politique et de Coordination stratégique consacré à la pratique sportive des personnes en situation de handicap le 23 mai dernier, nous avons identifié quatre axes prioritaires pour renforcer cette pratique. Tout d’abord, un meilleur pilotage des politiques publiques grâce à une évaluation plus fine de l’existant. Ensuite, une meilleure intégration de la pratique sportive dans le projet de vie de la personne handicapée, avec un renforcement de l’accessibilité matérielle et numérique, ainsi qu’une meilleure connexion avec le monde médico-social. Enfin, la diversification des pratiques dans tous les lieux de vie (ESMS, clubs, salles de sport privées) et un accompagnement toujours plus poussé des sportifs paralympiques de haut niveau, en parallèle avec le renforcement de la médiatisation et de la visibilité du parasport. Les prochains mois verront le ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, en étroite collaboration avec le ministère délégué aux Personnes handicapées, concentrer ses efforts sur ces quatre axes prioritaires.

Quels seront les indicateurs majeurs pour juger de la réussite des Jeux 2024 ?
Je cite généralement quatre grands indicateurs, un carré magique d’objectifs, qui représentent autant de défis à relever collectivement. Le premier est d’assurer une organisation aussi irréprochable que possible sur le plan écologique et social. Le deuxième est de favoriser la réussite sportive de nos athlètes français. Le troisième est de faire vivre à nos concitoyens une grande fête populaire, et le dernier – mais non le moindre – est de laisser un héritage durable et utile à la nation.

Quel message souhaitez-vous adresser aux sportifs de haut niveau handisport qui préparent leurs échéances internationales, décisives pour la plupart, avant le rendez-vous de 2024 ?
À mes yeux, il n’y a qu’une Équipe de France à Paris en 2024. La Fédération Handisport accompagne 11 sports paralympiques, représentant plus de 75% des épreuves du programme. La réussite des Jeux dépend inévitablement de la réussite des sportifs de votre fédération, sans oublier tout l’encadrement qui les accompagne chaque jour pour leur permettre de délivrer la meilleure performance possible le jour J. Je souhaite exprimer tout mon soutien et mon profond respect pour ces handisportifs qui, malgré les parcours de vie qui sont les leurs, ont su trouver dans le sport un moyen de se dépasser. Ils portent collectivement haut les couleurs de la France, alors même que nous accueillerons, dans moins de 9 mois, pour la première fois de notre histoire les Jeux paralympiques d’été. Nous avons la responsabilité collective de les accompagner au mieux dans leur performance paralympique, tout en saisissant cet élan et cette mobilisation pour intégrer la pratique sportive dans le quotidien de tous les Français en situation de handicap. Le sport, en tant qu’outil puissant d’épanouissement et de cohésion, doit nous permettre, et il le fera j’en suis sûre, de faire un pas de plus vers une société plus inclusive.

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