L’histoire de Blandine Belz pourrait sembler commune à beaucoup d’autres athlètes handisport. Victime d’une luxation au genoux à l’occasion d’un match de handball, la jeune femme subira cinq opérations avant d’intégrer le centre de rééducation L’Espoir d’Hellemmes, de l’agglomération lilloise. C’est là qu’elle découvrira le basket fauteuil en 2008. Sa première licence elle la prend au Lille Université Club, en septembre 2009. Le club évolue alors en Nationale B. C’est là que sa trajectoire sort de l’ordinaire. Cinq mois plus tard elle est en effet convoquée en équipe de France, pour un stage de préparation programmé à Bourges. Les Bleues, écartées du Mondial de Birmingham ont déjà les yeux rivés sur l’Euro 2011, qualificatif pour les Jeux de Londres. Pascal Montet, fraichement nommé à la tête de la sélection nationale n’aura pas mis longtemps à détecter le potentiel de la Nordiste.
Blandine enchaîne alors les stages et ne quittera plus le groupe. Sa première sélection internationale elle l’honorera justement à l’occasion du rendez-vous continental organisé à Nazareth, en Israël. Une première qu’elle n’est pas prête d’oublier : « Notre victoire face à l’Espagne, qui nous qualifie pour les Jeux Paralympiques de Londres est mon meilleur souvenir de joueuse« . L’équipe de France termine alors quatrième, et retrouve une compétition qu’elle n’avait pas disputée depuis 1992.
Mais le retour parmi l’élite paralympique laissera un goût amer à la jeune femme. Les Bleues passent à côté de leur compétition et prennent la dernière place du classement final, avec un bilan de cinq défaites pour autant de matches disputés. L’Euro 2013 leur permettra d’obtenir un ticket pour Toronto, ville hôte du Mondial 2014. Une compétition planétaire qui se jouera sans Blandine, alors enceinte : « Même si j’ai effectué la quasi totalité de la préparation, j’avais prévu de faire l’impasse sur les Mondiaux, pour ne pas rater l’Euro 2015, qualificatif pour Rio. C’est une compétition beaucoup trop importante pour l’équipe. » Cette équipe elle l’a chevillée au cœur : « C’est comme une seconde famille« .
La jeune femme met donc au monde une petite fille le 27 novembre 2014. Deux mois plus tard elle reprend le chemin de l’entraînement. Trop vite, peut-être. Rapidement une entorse du pouce la stoppe dans son élan, puis suivent des problèmes de tendons au niveau du poignet. La reprise a été difficile, avoue t-elle « J’avais 7 kilos à perdre et il a fallu organiser la vie de famille, le travail, heureusement mon compagnon m’aide beaucoup« . Bien qu’elle se soit donnée les moyens de revenir, elle manquera sur la feuille de match de Saint Ouen pour le restant de la saison 2014/2015. C’est donc avec une certaine surprise qu’elle apprend, en mai dernier, sa nomination en tant que capitaine de l’équipe de France en remplacement d’Angélique Pichon, enceinte de son troisième enfant. Elle qui ne baisse jamais les bras compte bien entraîner le groupe dans son sillage tout en laissant la parole à chacune : « J’essaie de faire en sorte que tout le monde puisse s’exprimer en-dehors et sur le terrain« .
Ses premiers pas en tant que capitaine ont été difficiles. Face aux meilleures nations d’Europe, et sur le site du prochain championnat d’Europe, les Bleues ont pris la dernière place sans enregistrer la moindre victoire. Il y a un mois, la Grande-Bretagne, invitée à Andrézieux infligeait trois nouvelles défaites au collectif. Mais la capitaine de l’équipe de France reste positive : « l’objectif premier est de terminer à la quatrième place, ensuite sur un match tout reste possible. Les Anglaises sont jeunes, l’enjeu peut les déstabiliser, en 2013 on a accroché les Pays-Bas pendant quasiment trois quarts temps, quant aux Allemandes, elles jouent beaucoup avec leurs intérieures, on sait que si ça pêche de ce côté-là, ce sera jouable« . Un optimisme sans faille appuyé par les quatre larges victoires obtenues face à L’Italie à l’occasion du dernier stage de préparation, 10 jours avant le coup d’envoi de l’Euro.
Si la hiérarchie européenne est respectée, la qualification pour les Jeux de Rio devrait passer, une nouvelle fois, par une victoire face à l’Espagne, une nation que les Bleues ont soigneusement évité cette saison. Un scenario idéal qui propulserait Blandine et ses coéquipières en demi-finale, ticket paralympique en poche, avec en ligne de mire une possible médaille. //A. Daviré
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