Charles Rozoy a le sens de la métaphore. Alors, il a eu la bonne idée de comparer sa préparation pour les Jeux paralympiques de Rio (7-18 septembre) avec la construction d’un énorme puzzle. Au moins mille pièces. « Depuis Londres, j’ai toujours dit que je visais désormais l’or à Rio », explique le nageur paralysé du bras gauche depuis un accident de moto survenu en juillet 2008.
Sacré champion paralympique sur 100 m papillon en Angleterre, Charles Rozoy a décidé de relever le défi d’aller chercher une deuxième couronne. « Gagner à Londres m’a permis de me réaliser en tant qu’homme, de réaliser un rêve de gosse. Désormais, je nage pour mon bonheur, pour m’épanouir pleinement. Être capable d’aller au bout de ce que je peux accomplir physiquement. »
Le Tricolore, à environ quatre mois des Jeux de Rio, entend démontrer que le puzzle prend forme. « J’y vais pour nager très vite, marquer les esprits. Il me semble important d’un point de vue psychologique d’être dans les clous. » Ce passage constitue une sorte de répétition générale avant la grande date. « Depuis quatre ans, avec mon coach, nous avons mis en place un programme. Chaque année, nous avons fixé des objectifs précis à atteindre. Des secteurs du puzzle à construire », développe le nageur, assuré d’aller au Brésil depuis novembre et sa médaille d’argent mondiale 2015. « Au sein de chaque secteur, il y a des pièces qui s’ajoutent les unes aux autres. »
Physiquement, par exemple, Charles Rozoy a pris douze kilos dont huit de masse maigre. Le fruit d’un travail de longue haleine et de sacrifices importants. Sa nage aussi a évolué. Mais actuellement, tout ce travail ne s’est pas encore matérialisé sur les tableaux d’affichage. « C’est parfois très frustrant », reconnaît-il. « On mesure des progrès sur pleins d’aspects. Ils vont me permettre d’être plus performant et rapide à l’arrivée sur le 100 m papillon, ma spécialité. Aux Jeux logiquement. »
Mais pour se donner encore de la force avant d’entamer le dernier trimestre de la préparation, Charles Rozoy a besoin de livrer quelques promesses lors de cet Euro. Prêt à en découdre, l’incertitude, comme avant chaque rendez-vous majeur tient dans « le calibrage de la récupération. J’arrive vraiment dans une démarche paralympique. »
Il est temps désormais de rassembler les secteurs et les pièces du puzzle. « Mon coach est le chef d’orchestre. Nous avons travaillé plein de domaines, que l’on peut comparer à autant d’instruments. Maintenant, il faut mettre tout ça en musique. » Dans un environnement que Charles Rozoy va découvrir. « Je ne connais pas le complexe de Funchal. Mais c’est intéressant de voir comment je vais m’adapter. Cela fait aussi partie des ingrédients nécessaires à la réussite d’un champion. »
À Rio, néanmoins, le Dijonnais aura l’avantage, par rapport à certains de ses adversaires, de connaître les lieux pour y avoir disputé le test Event.
Théo Curin et David Smétanine (200, 100, 50 m NL et 50 m dos). Charles Rozoy (100 m papillon, brasse et 50 m NL). Anaëlle Roulet (100 m NL, dos et 400 m NL). Elodie Lorandi (400, 100, 50 m NL et 200 4 nages). Stéphanie Douard (100 m dos, brasse et 200 4 nages). Anita Fatis (200, 50 m NL et 50 m dos). // J. Soyer
Crédit photo ©G. Picout
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