Ouf ! Avant le départ de cette ultime manche, Damien Seguin comptait dix points d’avance sur son dauphin, l’Allemand Heiko Kroeger. Mais Jean-Jacques Dubois, le directeur sportif des Bleus, avait raison hier de se montrer méfiant.
Le technicien de l’équipe de France savait que le petit temps annoncé pourrait jouer des tours à la flotte dense de cinquante bateaux. Cela n’a pas manqué. Ainsi, sur un plan d’eau toujours aussi difficile à lire, l’installation de la brise avec un vent changeant de force et de direction, a contraint les skippers à effectuer des choix assez vite durant cette dernière manche. « Nous avions fait le choix tactique de suivre Kroeger afin de le contrôler. L’option choisie n’a pas été celle du vent. Du coup, les leaders de la course se sont retrouvés assez loin au classement. » Au premier près, Damien Seguin pointait en effet au 19e rang quand Kroeger, lui était dixième. Une course-poursuite s’est alors engagée. A l’arrivée, Damien Seguin termine 9e et l’Allemand 6e.
Le Français peut hisser son drapeau tricolore sur lequel il a peint dans le rectangle blanc, le sigle « Pray For Paris ». « Je suis super content de renouer avec un titre mondial. Ces deux dernières saisons, j’avais consacré un peu moins de temps au 2.4 en raison des courses au large. Je suis très bien lancé pour les Jeux auxquels je suis désormais sûr d’aller, se réjouit Damien Seguin. Ce championnat du monde fut une belle répétition car le plan d’eau était compliqué et le vent très instable. Malgré cela, j’ai répondu présent tous les jours, tant tactiquement que physiquement puisque j’ai souvent été très rapide. Il est quand même assez rare de remporter sept manches sur onze. »
Kévin Cantin boucle lui ce championnat du monde au douzième rang. « Il a mal fini avec cette 31e place. Cette douzième place au général est une déception car il pouvait espérer un top 10 voire mieux. »
Le sonar français, champion du monde 2013 et 2014, a terminé septième à l’issue de cette dernière régate du mondial, achevée à la dixième place. Des regrets pour l’équipage de Bruno Jourdren, victime de deux disqualifications du Jury sur les cinq dernières manches. Pourtant, sans ça, après un début de championnat moyen, les Français étaient revenus dans la course. Hier encore, avant cette disqualification, Bruno Jourdren, Eric Flageul et Nicolas Vimont-Vicary étaient troisièmes ex-aequo au nombre de points avec les Autsraliens, finalement deuxièmes du général à un point des Anglais, sacrés champions du monde. La Norvège complétant le podium. « C’est vraiment dommage car ils sont bien revenus. Mais on a vu des points rouges s’allumer. Ceux-ci ne sont pas sans rappeler ceux constatés à Londres, où le Sonar a terminé quatrième, analyse Jean-Jacques Dubois. Peut-être faut-il mieux gérer la prise de risque ? Et surtout bien réparer quand il a eu erreur. »
Eric Flageul, quel est votre sentiment après cette septième place mondiale ?
Il y a beaucoup de déception car le titre était à notre portée. Mais on ne peut pas espérer devenir champion du monde en commettant autant d’erreurs. En étant aussi approximatifs dans plein de secteurs. On a eu, sur ce mondial, la confirmation que nous étions notre premier ennemi.
Estimez-vous avoir pris trop de risques ?
Non. La prise de risque fait partie de notre sport. Si on navigue sur la réserve, on perd des demi-longueurs et des mètres… On le paie forcément. Il faut surtout être vigilant pour bien réparer afin de ne pas perdre des points devant le Jury. C’est le plus rageant.
Vous faites référence aux disqualifications sur les 8e et 10e manches…
Oui. On en prend deux sur les cinq dernières manches alors que nous étions revenus à la troisième place. Nous faisons partie des bateaux qui avons gagné le plus de manches, mais tout ça est anéanti par ces erreurs. Nous devons être plus exigeants. Ce sera nécessaire aux Jeux paralympiques de Rio car l’environnement sera encore très difficile à appréhender, tant sur l’eau qu’en dehors.
Tout n’est pas à jeter quand même dans ce mondial ?
Non. Nous avons su nous ressaisir après un début de championnat du monde difficile. On a su se recentrer. Il faut continuer dans ce sens-là. Nous devons aussi vite réagir lors de la manche de Coupe du Monde qui va débuter cette semaine, toujours à Melbourne.
Malgré la déception de cette septième place, la plus mauvaise depuis que Bruno Jourdren est à la barre de cet équipage, coureurs et staff s’accordaient à dire qu’il valait mieux que cela arrive cette année à Melbourne, que du 7 au 18 septembre 2016 aux Jeux paralympiques de Rio. // J. Soyer
2.4 : 1. Damien Seguin (Fra) 27 points ; 2. H. Kroeger (All) 34 pts ; 3. Moshi (Aust) 54 pts… 12. Cantin (Fra) 141 pts.
Sonar : 1. Angleterre 36 points ; 2. Australie 37 points ; 3. Norvège 47… 7. France 61 points.
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