« Précisons les interprétations possibles de l’article 16 du règlement des courses. » Thierry Poiret, l’entraîneur de la série paralympique 2.4, revient sur quelques règles de régates. Dans une petite salle plus longue que large à l’étage du hangar 1 de l’école nationale de voile, située à Saint-Pierre Quiberon, Damien Seguin prépare ses quatrièmes Jeux paralympiques, où il vise l’or. Avec Thierry Poiret, Jean-Jacques Dubois, le directeur sportif de la discipline pour la FFH, Xavier Dagault et Kévin Cantin, deux sparing-partner tricolores. Malgré la pluie et les gros nuages de ce vendredi 19 août, on imagine la beauté du décor sous le soleil rayonnant sur la baie et la mer qui s’étend à perte de vue, juste en face. « Le cadre est fabuleux, apprécie le Vendéen Kévin Cantin qui établit ses quartiers dans l’école durant les stages. Et les installations ici sont très bien. »
Le compte à rebours est lancé. Depuis mercredi, soit exactement trois semaines avant l’ouverture des Jeux paralympiques, Damien Seguin, médaillé d’or à Athènes, d’argent à Pékin et 4e à Londres, effectue son dernier stage de préparation en France. « Il me paraissait important de faire une session avec ceux qui m’ont entouré durant ma préparation en France », explique le vice-champion du monde en titre. Au menu, théorie, vidéo, musculation sous la houlette de Franck, et navigation.
L’occasion pour lui de vérifier que la mononucléose qui l’a privé de Tour de France à la Voile en juillet est derrière lui. « Il semble en forme, se réjouit Jean-Jacques Dubois. Nous avons bien fait de décider de tout stopper après les championnats d’Europe open disputés début juillet. On verra son état de forme le 27, mais il a utilisé cette période de repos total et forcé pour effectuer des exercices de prépa mentale, de sophrologie aussi. » Indispensable selon Damien Seguin pour éviter de broyer du noir et se poser trop de questions par rapport aux Jeux.
Ce stage fait donc office de retour et de lancement de la dernière ligne droite menant au Brésil. Ce vendredi matin, le trio dresse un état des lieux des préparatifs en matière de bilan météo et définit la mise en place d’une organisation pour utiliser au mieux les notes prises lors des stages effectués à Rio, sur le plan d’eau paralympique, durant ces derniers mois. « Il ne faut pas trop en faire, prévient Damien Seguin. Juste les grandes lignes qui vont nous permettre de nous replonger dans la philosophie et l’état d’esprit adéquates si on se retrouve en face de situations précises et un peu surprenantes. » L’ambiance est à la fois studieuse et décontractée. Joy, la jeune chienne du skipper français couchée dans la salle, ronge un os pour se faire les dents.
Comme prévu par les météorologues, la pluie cède sa place au soleil en début d’après-midi. Cela va même au-delà des attentes. La sortie en mer est radieuse. Les conditions variées permettent de réaliser des exercices en tous genres. « Dans un premier temps, nous avons travaillé sur une partie où il y avait une installation de brise, développe le DS, qui suit les 2.4 dans son zodiac, donne les départs et les consignes. Nous aurons souvent ce type de vent à Rio durant les Jeux. » L’exercice suivant permet d’enchaîner les manœuvres. « Ce ne sont pas des situations que nous devrions retrouver à Rio, mais la réussite des manœuvres influence le résultat final. » Les coureurs se livrent à de belles empoignades, toujours dans la bonne humeur. Xavier Dagault et surtout Kevin Cantin, un temps en course pour une place à Rio jouent le jeu, sans sourciller, même s’ils savent qu’eux ne verront pas le pain de sucre. « Ils sont contents d’être là. Ils participent à quelque chose de fort, explique Jean-Jacques Dubois. Xavier, lui, préfère être là plutôt qu’aux championnats de France qui se jouent en même temps. »
Damien Seguin et Thierry Poiret, eux, « se chambrent » puis s’allient pour se moquer gentiment de Jean-Jacques Dubois. La présence de Thierry Poiret sur l’eau offre aussi une adversité différente à Damien Seguin. « Cet ancien skipper de haut niveau, qui compte plusieurs Copa America à son actif, possède une vraie science de la navigation et des régates. Certes, il n’a pas l’aisance de Damien sur 2.4 mais c’est un adversaire coriace, note J.-J. Dubois. « C’était une bonne séance, assez exigeante, juge Damien Seguin qui rejoindra Rio le 2 septembre. Nous aurons donc du temps pour naviguer sur site avant le début des épreuves. » Il retrouvera ses bateaux, déjà sur place, afin d’attaquer de la meilleure des manières sa reconquête paralympique.
Après quelques nouveaux départs, où la moindre erreur est signifiée par le DS, les quatre marins retournent au port pour enchaîner avec une séance de musculation et de stretching. //J.SOYER
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