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Dernier rebond pour Angélique Pichon et Céline Villard

2 décembre 2024
Le bruit des dribbles, les roues qui crissent sur le parquet, et les regards rivés sur les joueuses, guidées par leur capitaine Angélique Pichon… Une image familière pour les amateurs de basket fauteuil qui marque désormais la fin d’une époque. Angélique, après des années à mener son équipe vers des victoires a annoncé officiellement sa retraite en tant que joueuse. Non loin, Céline Villard, arbitre internationale de basket fauteuil, a elle aussi choisi de ranger son sifflet après dix longues années à veiller sur le jeu avec rigueur et passion. Ces deux figures reviennent sur leurs incroyables parcours croisés et livrent un dernier hommage à la discipline qui les a façonnées.

1er coup de sifflet

Céline Villard a arbitré au haut niveau pendant 10 ans

Pour Angélique Pichon, le basket fauteuil n’a pas seulement été un sport, mais une véritable passion. « C’est un sport qui transcende, procure des émotions et crée des souvenirs incroyables. En collectif, tout est décuplé, et il faut vouloir se dépasser physiquement et donner de son temps. » La joie de jouer aux côtés de ses coéquipières, d’affronter les meilleures équipes et de participer à des compétitions internationales l’a forgée tant sur le plan sportif que personnel. « J’avais du mal à accepter mon handicap mais le sport m’a complètement changé la vision. »

Alors qu’à 15 ans Angélique foule le parquet pour la première fois c’est bien plus tard que Céline découvre le basket fauteuil. Ancienne arbitre valide de basket, elle trouve une vocation dans l’arbitrage de ce sport. « Je travaillais aux urgences en tant qu’ambulancière donc j’avais déjà l’habitude de travailler avec des gens à mobilité réduite, c’était quelque chose qui pour moi n’avait rien de spectaculaire. Ce sport est pour une belle preuve de ce qui peut nous arriver un jour dans la vie et continuer à pratiquer du sport ».

Il faut savoir mouiller le maillot

De Toronto à Tokyo, en passant par Durban, Céline a parcouru le monde pour arbitrer. Plus qu’un métier, cette passion lui a permis de découvrir de nouvelles cultures et méthodes d’arbitrage. Ces voyages n’ont pas toujours été simples. Confrontée à la barrière de la langue et à des situations parfois cocasses dans un sport encore très masculin, elle se souvient : « Quelquefois je me changeais dans le placard à balai car il n’y avait pas de vestiaire pour femme. » Toutefois, elle a pu compter sur le précieux soutien de Tonia Gomez, instructrice internationale espagnole qui « lui a quasiment tout appris ». « Elle est aussi devenue ma prof d’anglais », ajoute-t-elle avec humour. Grâce à elle, Céline a gagné en confiance, affiné son vocabulaire technique et s’est sentie plus à l’aise pour échanger avec les autres arbitres internationaux, principalement anglophones.

En arrivant à Rio pour les Jeux de 2016, l’arbitre croisa Angélique qui participait à la compétition. La basketteuse souligne d’ailleurs l’importance de son soutien familial dans ce genre d’évènement : « Je n’ai pas eu le sentiment que cela était difficile, car ma famille m’a toujours soutenue. » Elle remercie également ses entraîneurs, coéquipières et son club de l’Agnan pour leur confiance.

Angélique Pichon, capitaine de l’équipe de France de basket fauteuil.

Souvenirs d’une carrière

Quand on demande subtilement de partager un moment marquant de sa carrière, les pensées d’Angélique voyagent jusqu’en Israël où elle a décroché, avec son équipe, leur première qualification pour les Jeux Paralympiques de Londres en 2012. Malgré sa célèbre modestie, Angélique reconnaît la combativité qui l’a portée lors de nombreuses compétitions internationales. « Je suis une battante, c’est sûr. J’ai toujours tout donné et je n’ai jamais rien lâché sur un match. »

De son côté, Céline se souvient avec émotion de ses premières compétitions en tant qu’arbitre internationale : « Chaque match m’a appris quelque chose sur le sport, mais aussi sur moi-même. » « Je souhaite à tout le monde de vivre ce que j’ai vécu », lance-t-elle.

Un héritage à préserver

Signe du destin ou simple hasard, Céline et Angélique tournent la page du basket fauteuil sous l’ombre des Jeux Paralympiques de Paris. Bien qu’Angélique évoque cet événement comme l’un de ses plus grands regrets, « c’était d’autant plus difficile de voir l’engouement autour de cet événement sans pouvoir y participer », elle souligne qu’elle a tout de même eu la chance de « frôler le parquet » en ayant l’opportunité de « taper les trois coups de bâton pour la finale des femmes. » « C’était une petite récompense », confie-t-elle. Un moment d’émotion intense pour Céline, qui, avait l’honneur d’arbitrer cette finale. « J’ai trouvé ça extraordinaire parce que je savais qu’elle arrêtait et moi aussi. Angélique, je l’ai rencontrée dès le début, et elle m’a énormément aidée à progresser dans ce sport ».

Si leur carrière sportive s’achève, leur engagement dans le basket fauteuil se poursuit. Leur passion pour le sport reste intacte, et Angélique exprime son désir de « transmettre et aider », bien qu’elle n’ait pas encore défini précisément son avenir. « J’avoue que je ne sais pas trop où je vais. C’est une énorme transition parce que ça a toujours fait partie de ma vie. J’aimerais rester dans le milieu du handisport et être utile. » Céline partage également cette volonté d’enseignement. Son regard se tourne aujourd’hui vers le pays qu’elle surnomme le « pays du sourire », Bangkok où elle aura l’opportunité de faire un stage d’instructeur international. « Je pense que c’est important d’être présent pour les nouvelles générations qui arrivent ».

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