Championnats du monde d’athlétisme 2015 (Doha, 22-31 octobre)
Un 4e titre mondial grâce à sa victoire sur le 400m T44, un record du monde avec son chrono de 59’’30. Oui, définitivement oui, Marie-Amélie Le Fur intègre le cercle fermé des meilleures athlètes de l’Histoire.Quand on ne connaît pas l’athlétisme, on peut s’émerveiller à juste titre de cette nouvelle victoire de la Française au sourire éternel. Une nouvelle médaille pour la France, le tour d’honneur avec le drapeau, un temps de référence mondial. On est content et puis on passe à autre chose, naturellement. Mais quand on connaît un peu la discipline, ce qu’a réalisé Marie-Amélie Le Fur est un véritable exploit, et on ne s’en remet pas comme cela.
Le 400m est une course exigeante, certains disent que c’est la plus dure et la plus belle. Mélange de tactique et de vitesse, de douleurs brutales et d’intense euphorie, de résistance et de courage. Mercredi, dans son couloir extérieur, la capitaine tricolore a pris tous les risques dès le départ. Dans la ligne droite opposée, son buste bien gainé, sa foulée ample mais pas trop, et ce temps intermédiaire aux 200m calculé à peu près, aux environs de 28’’5, laissaient entrevoir quelque chose de grand.
Oui mais attention au retour des doubles lames qui emportent tout sur leur passage, Marie-Amélie Le Fur, simple lame, n’y résistera pas. Faux ! La jeune femme n’a peut-être jamais aussi bien couru de sa vie. Au sortir du virage, elle a une telle avance et toujours la même posture de celle qui est en train de réaliser la course parfaite. Dans les tribunes, le clan tricolore comprend qu’il se passe autre chose que la simple victoire. On voit une athlète voler sur la piste malgré l’acide lactique qui crispe les cuisses.
A 50 mètres du but, la victoire est là et on commence à regarder le chrono tout en se disant « elle peut descendre sous la minute ! ». Vingt mètres, dix mètres, ça y est Marie-Amélie Le Fur est championne du monde pour la 4e fois, détentrice également d’un titre paralympique, et d’un deuxième record du monde, après la longueur, en passant sous la minute ! C’est un véritable exploit ! Mais pas un exploit qui sort de nulle part. Il a été bien préparé, bien conçu par ses coachs, ses proches, par elle-même.
Marie-Améie Le Fur, c’est un talent mais surtout une grande bosseuse qui ne laisse rien au hasard et qui surtout prend du plaisir à faire ce qu’elle fait. Mercredi pendant son 400m on a vu du plaisir sur son visage. Ne cherchez plus, son secret, il est là…
Les autres Français du jour : Sébastien Mobre a pris la 6e place du 100m T34 (16’’58), Timothée Adolphe s’est qualifié pour les demi-finales du 200m T13 (23’’33), Julien Casoli également qualifié sur le 800m T54 (1’40’’56) au contraire d’Alex Adélaide éliminé en 1’45’’82. // Renaud Goude