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Elodie Lorandi : « Inconcevable d’arrêter là-dessus »

29 septembre 2017
La chef de file de la natation française devait clôturer son immense carrière par les Championnats du monde à Mexico. Le report de l’épreuve, l’ont décidé à prolonger l’aventure pour finir sur une note beaucoup plus positive.

Ce vendredi, jour d’ouverture des championnats du monde de natation handisport, Elodie Lorandi devait attaquer sa dernière épreuve majeure. Mais le tremblement de terre de mardi dernier a conduit les autorités à reporter la compétition par sécurité et solidarité avec les nombreux Mexicains touchés dans leur chair. « Très franchement, je pense qu’ils vont être annulés à terme, avance Elodie Lorandi, la capitaine de la délégation. J’en veux pour preuve qu’un open a été ouvert au Canada pour les Américains, les Australiens, les Asiatiques et un autre à Eindhoven pour les Européens. Mais cela n’a pas du tout la même valeur. Il n’y a pas de titre en jeu. »

Lorandi : « Je suis déboussolée »

Un coup dur pour la double championne paralympique des Jeux de Londres sur 100 et 400 m NL. « Evidemment, mes pensées vont vers le peuple mexicain qui a subi un terrible drame humain. Mais j’avoue que je suis complètement déboussolée car j’étais conditionnée pour disputer ces Championnats du monde et y être performante.» Finalement, c’est une année de préparation qui s’envole. « Avec mon entraîneur, Régis Gautier, nous avons mis beaucoup de choses de côté cet été pour être prêt. Nous sommes partis en stage en altitude, avons enchaîné les séances et renoncé à nos vacances, développe la double médaillée de bronze des Jeux de Rio (100 et 400 m NL), il y a un peu plus d’un an.»

La nouvelle est encore trop récente pour vraiment se projeter. « Je ne veux pas prendre des décisions à chaud. Ce n’est jamais très bon, lance la nageuse d’Antibes, domiciliée dans l’arrière-pays niçois. Mais une chose est sûre, il m’est inconcevable de m’arrêter maintenant. Ce serait un échec. C’est un peu comme si au moment de partir en vacances, j’arrive à l’aéroport avec mes billets en main et que je ne peux pas monter dans l’avion. » Très croyante, Elodie Lorandi voit en ce contretemps un signe. « Il faut croire que le bon Dieu ne voulait pas que j’arrête maintenant. Je ne veux pas planifier les choses trop loin mais les Jeux Méditerranéens en mai et les championnats d’Europe en août à Berlin sont de belles épreuves. » Loin d’être assurée de pouvoir repartir après les Jeux, sa motivation est revenue. 

Ces derniers mois lui ont en effet permis de prendre conscience que l’expérience acquise et le travail fourni depuis le début de sa carrière pouvaient lui servir pour travailler différemment. Aborder son sport avec une autre approche. « Cette année, j’ai repris tardivement, en janvier. Sans forcément effectuer le même travail physique qu’à l’accoutumée, explique Elodie Lorandi du haut de ses 28 ans. J’ai davantage couru, fait du vélo… Et à l’arrivée, je me suis très bien sentie sur 400m nage libre alors que je comptais arrêter cette distance car je me suis moins pris la tête. »  

« Peaufiner mon projet de reconversion »

Alors, Elodie Lorandi est repartie pour un tour. « Une année pendant laquelle, je vais me préparer pour les épreuves majeures de 2018 et peaufiner encore mon projet de reconversion qui n’est pas encore totalement finalisé, déclare la nageuse rattachée au Ministère de la Défense. Il y a encore des démarches administratives à régler. »

La suite ? Elodie Lorandi ne veut plus se prononcer. « Je ne sais pas comment va réagir mon corps. Actuellement, j’ai besoin vacances. De me régénérer. Je refuse de dire que je vais arrêter à tel ou tel moment désormais. »

Pour autant, elle ne pense pas forcément à Tokyo 2020 ou Paris 2024. « Paris 2024 fait rêver, c’est sûr. Mais y participer comme nageuse me semble difficile à imaginer. »

Elodie Lorandi, pas à pas, va continuer de construire son avenir.  // J. Soyer

© L. Percival

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