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Grégory Saint-Géniès, nouveau Directeur Technique National FFH

14 novembre 2022

Depuis le 1er octobre 2022, Grégory Saint-Géniès a rejoint la Fédération Française Handisport (FFH) à la tête de la Direction Technique Nationale (DTN), nommé par la Ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, Amélie Oudéa-Castera, en accord avec la présidente de la FFH, Guislaine Westelynck, la Direction des Sports du Ministère et l’Agence Nationale du Sport (ANS).

Le nouveau Directeur Technique National (DTN), précédemment DTN et Directeur Général de la Fédération Française de Ski Nautique et Wakeboard (FFSNW), aura pour mission de porter une vision stratégique et de contribuer à la conception, à la mise en œuvre et à l’évaluation de la politique sportive de la FFH. Pour se faire, il disposera des moyens de la fédération, financiers et humains, en totale collaboration avec le Délégué Général et ses services. Il pilotera la Direction Technique Nationale dans le cadre d’objectifs partagés, au croisement des enjeux de politiques publiques fixées par l’Etat et des priorités du projet fédéral de la FFH. Les ambitions sont claires : couvrir tous les champs du programme sport, de la réduction des inégalités d’accès à la pratique, en passant par la formation des acteurs du sport vers la professionnalisation, la prévention et la protection de la santé des sportifs et particulièrement d’amener les équipes de France vers l’excellence et faire rayonner la France aux Jeux Paralympiques de Paris 2024 puis aux Jeux d’hiver de Cortina 2026. Rencontre avec le nouveau patron des sports de la FFH…

Le sport comme passion

Né le 23 mai 1977 à Maisons-Alfort, Grégory Saint-Géniès a été bercé dans le sport depuis son plus jeune âge. Fils d’enseignants devenus entraineurs nationaux de gymnastique féminine (FFG) – premiers entraîneurs à qualifier l’Équipe de France lors des Jeux de Séoul en 1988 -, il confie avoir « très tôt développé un attachement profond pour le sport, et le potentiel qu’il revêtait d’être un levier d’éducation, de développement personnel, d’acquisition de la liberté et de construction collective comme acteur du vivre ensemble et d’intégration, par l’éducation populaire prodiguée dans les associations sportives ». Touche à tout du sport, il s’est fixé dans un premier temps sur l’aviron pendant une quinzaine d’années, puis il découvre, presque par hasard, le Skeleton à la fin des années 90, sport de glisse spectaculaire et exigeant qu’il pratiquera durant plus de 12 ans. Multiple champion de France, vainqueur de la coupe d’Europe et de la coupe d’Amérique, il participera aux Jeux Olympiques d’hiver dont ceux de Vancouver en 2010 où il se classera 15ème, avant de mettre fin à sa carrière.

Quelle est votre trajectoire dans le monde multifacette du Sport ?

Ayant rapidement compris que je ne pourrais pas vivre de mon sport, et d’ailleurs tel n’était pas ma volonté, j’ai suivi des études universitaires et j’ai travaillé très tôt en parallèle de ma pratique sportive. C’était à la fois pragmatique, mais aussi un équilibre de vie. Il me semble important de ne pas mettre « tous ses œufs dans le même panier ». Tout d’abord dans le secteur privé, puis dans la fonction publique au sein d’un service déconcentré de l’Etat en région, la DRJSCS de Paris Ile de France, en charge des filières d’accès au sport de haut niveau, puis au sein de l’INSEP en tant qu’adjoint du directeur du sport de haut niveau. J’ai ensuite rejoint ma fédération, la FFSG, en tant que DTN adjoint en charge de 4 disciplines olympiques (Bobsleigh, Luge, Skeleton, Curling) et du développement économique pendant une olympiade, avant de devenir DTN et Directeur Général de la FFSNW pendant deux olympiades, et enfin de rejoindre la tête de la Direction Technique Nationale de la FFH. Dans le même temps, j’ai été directeur sportif d’une très grosse association sportive en région parisienne rassemblant 30 sports et comptant plus de 10 000 adhérents dont des olympiens et des paralympiens. Ce parcours m’a permis de développer une connaissance fine du secteur sportif et une expertise pour agir avec les acteurs dans toutes leurs composantes et leur complexité que je souhaite mettre aujourd’hui au service de la FFH.

Comment définir une fédération moderne selon vous ?

Assez rapidement, j’ai eu comme conviction que les fédérations devaient se renouveler, se transformer, confirmer leur raison d’être, déterminer ce qu’elles ont à apporter dans la société, et en même temps, trouver de nouveaux moyens pour qu’elles évoluent. Dans les pistes à explorer, je garde un fort souvenir de ma première expérience sur le développement économique, au sein de la FFSG qui a directement trouvé un écho en moi.

On connait les missions des fédérations sportives telles que déterminées dans le Code du sport, notamment d’organiser et d’encadrer la pratique sportive, d’aider à la création d’associations, d’éditer les règlements, développer le nombre de licences, proposer une offre sportive attractive, organiser les compétitions, bâtir des équipes de France, etc. Mais, au-delà de ça, les fédérations doivent chaque jour repenser leur place au sein de la société comme institution structurée et structurante pour traverser le temps, tout en intégrant les évolutions des attentes des usagers dans la pratique sportive. En l’espèce, la FFH accomplit une œuvre majeure dans l’expression des prérogatives de puissances publiques aux fins d’accomplissements de ses missions de service public pour permettre à tous les usagers en situation de handicap qui le souhaiteraient, de pratiquer une activité sportive de qualité en toute sécurité et dans le respect de sa singularité. Par ailleurs, c’est la seule fédération sportive agréée qui est à la fois délégataire et affinitaire et proposant des sports d’été et d’hiver.

Les maitres mots qui doivent guider notre action quotidienne sont : rassembler, moderniser, développer et performer, dans tous les secteurs. Je suis un homme de mission, qui aime travailler en équipe. J’aime bâtir des édifices ambitieux, avec une équipe soudée et solidaire, nous avons pu y arriver par le passé et je suis convaincu que nous y arriverons à la FFH !

Vous aimez les défis aux multiples enjeux, c’est le quotidien d’un DTN ?

Encore une fois, je suis animé par le travail collectif, je me vois avant tout comme un meneur d’équipe, à la fois chef d’orchestre et capitaine du navire « DTN ». Avec une équipe unique, unie et solidaire d’élus, de salariés et de techniciens nous avons transformé la FFSNW, qui connaissait des difficultés et qu’il fallait redresser. À la fin de mon mandat, nous avons porté la transformation de la fédération jusqu’à créer un lieu unique dédié à notre action, une sorte d’INSEP du ski nautique et du wakeboard. C’était l’enjeu majeur. En cela, la FFH qui dispose déjà d’un centre d’hébergement et sportif, a été précurseur. Les défis sont nombreux et il nous faudra, ensemble, avec les équipes d’élus nationaux et territoriaux, les salariés et les cadres de la DTN, déterminer les enjeux majeurs, les priorités et les résultats à atteindre. Ils devront être visibles, mesurables et quantifiables, s’inscrivant dans les grands axes cardinaux d’une fédération sportive et les politiques publiques à servir, notamment et pour exemple ; « plus de Sport » comme l’affirmation que le Sport, les sports, sont au cœur de notre organisation qu’ils soient pour le plus grand nombre, du loisir à la haute performance, du pratiquant au dirigeant en passant par les encadrants, les bénévoles et les officiels ; « plus de clubs » comme la traduction de la finesse du maillage de notre réseau et notre capacité à proposer une offre au plus grand nombre et sur tous les territoires ; « plus de licences » comme la matérialisation de l’attractivité de notre offre augmentant la surface de notre communauté sportive en réponse aux besoins des usagers ; « plus de médailles » comme la preuve de notre expertise et de la performance de nos athlètes, de nos processus et de nos modèles.

Depuis le 1er octobre, vous succédez à Frank Bignet. La saison a débuté, à deux ans des Jeux de 2024 la pression monte, l’écosystème évolue, dans quel état d’esprit êtes-vous ?

J’écoute, j’observe, j’échange… je prends le temps de comprendre la FFH. Je n’arrive pas en terrain conquis sous prétexte que je suis passé par d’autres fédérations. Chacune est unique. Humainement, mon ambition est avant tout de travailler avec une équipe unie et solidaire entre la DTN, les salariés et les élus. Cela nous permettra de réaliser nos objectifs, et c’est une mission en soit. Ces objectifs doivent clairement être expliqués, assimilés et qu’un maximum de personnes partage la même vision afin d’aller plus loin, à toutes les strates de la fédération. On passe plus de la moitié de notre vie au travail, c’est pourquoi pour bien travailler et exprimer le maximum de son potentiel, je suis convaincu qu’il faut être épanoui et bien dans ses baskets.

Quelles sont vos ambitions pour la FFH ?

J’ai également comme objectif de positionner ou conforter la place de la FFH comme interlocutrice centrale sur les pratiques sportives dédiées aux personnes en situation de handicap moteur et sensoriel. Qu’elle soit pleinement au cœur de l’offre de sport, du réseau sport et handicap, et également à la pointe de la conception de formations et de la certification. Nous nous devons de proposer et garantir une pratique sportive de qualité, variée, en phase avec notre époque, et réalisée en tout sécurité. Former les intervenants est donc essentiel, qu’ils soient bénévoles ou non. Un travail précieux autour du « savoir » et de la « transmission » a déjà été constitué par le pôle expertise-formation. L’objectif est aussi d’avoir un territoire le mieux maillé possible, dense et ouverts aux envies multiples de pratique. Pour y parvenir, il faut accompagner les clubs et nos comités départementaux et régionaux handisport qui font un travail exceptionnel. La qualité de l’activité des comités est impressionnante, notamment sur le développement et la formation.

Bien sûr, j’ai chaque jour en tête l’excellence sportive et les très hautes attentes que nous suscitons en vue des Jeux Paralympiques de Paris 2024. Le Président de la République l’a rappelé, nous visons le top 5 des Nations olympiques et paralympiques de manière pérenne. C’est l’ambition, mais comme l’a dit Michel-Ange « le plus grand danger n’est pas de se fixer un objectif trop élevé et de ne pas l’atteindre, mais de se fixer un objectif trop bas et de l’atteindre ». Si nous y arrivons, ce sera le produit d’une œuvre collective au sein de la Fédération et entre tous les acteurs du sport français. Je sais que nous avons, au sein de la FFH, des athlètes de talent et motivés, qu’ils soient déjà sur le devant de la scène ou en devenir, et un encadrement compétent et engagé, qui aspire chaque jour à être plus expert. Nous sommes l’équipe derrière l’équipe et mon rôle est de mettre en place les conditions de la réussite, en analysant, en soutenant, en challengeant, en renforçant, en ajustant, en transformant. Nous pourrons compter sur les membres du ministère SJOP et de l’ANS pour nous accompagner et nous aider sur ce chemin. Nous sommes tous membres de la même équipe et nous le vivons chaque jour qui passe et qui nous rapproche des Jeux.

D’autres priorités à soigner ?

Nous en avons évoqué beaucoup. Alors, j’aborderai des transformations, plus d’ordre méthodologique, dans les habitudes de travail, principalement la faculté à se mettre en mode projet pour répondre plus efficacement aux besoins.

Un dernier mot, le mot d’ordre ?

Un mot d’ordre non, mais plutôt des mots comme guide de notre action quotidienne : rassembler, moderniser, développer et performer, dans tous les secteurs et deux citations que j’aime partager, l’une d’Antoine de Saint Exupéry « Vous interdisez les erreurs, vous empêchez la victoire » et l’autre de Grace Hopper, presque en corolaire « Oser et faire. Il est plus facile de demander le pardon après que la permission avant ». Elles représentent l’audace qui est nécessaire, j’en suis convaincu, à la réussite et à l’épanouissement. À l’approche des Jeux, il faut oser, alors allons-y, partageons, travaillons, performons !

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