A tout seigneur, tout honneur. La galanterie nous imposerait de commencer ce papier différemment. La performance autorise, néanmoins, ce pas de côté. Fabien Lamirault, double champion paralympique classe 2 en titre, a écrit une nouvelle page de son histoire. Une nouvelle page de l’histoire du tennis de table handisport. « C’est exceptionnel ce qu’il réalise, juge Roza Soposki, une cheffe de délégation ravie des performances de ses protégés et de son staff. On sent que Fabien vibre à l’idée d’offrir des Marseillaises à l’équipe de France. Qu’il aime ces moments où tout le clan tricolore et derrière lui. »
Le Français, pour conclure ces championnats du monde, disputés en Andalousie, a apporté la troisième médaille d’or des Bleus samedi soir. Le Marseillais s’offre aussi son troisième titre mondial de suite. Exceptionnel ! Monté en puissance au fil des tours, pour atteindre un niveau de jeu très solide en demi-finales contre le Coréen Cha, Fabien Lamirault a encore dompté sa victime favorite, le Polonais Rafal Czuper. « Il a encore été très fort dans les moments clé. A 8-8, 9-9, il fait toujours les bons choix tactiques et techniques. Il a maîtrisé cette nouvelle finale de bout en bout. »
Ce samedi bleu-blanc rouge avait parfaitement commencé. Thu Kamkasomphou est remontée sur le toit du monde, douze ans après son dernier titre mondial, acquis en Corée du Sud, à Gwangju, lors des championnats du monde 2010.
La Française, médaillée d’argent aux Mondiaux 2018, est récompensée de cette combativité qui l’anime et la guide depuis le début de sa carrière. « Ce comportement et ce goût de la compétition sont vraiment appréciables et impressionnants. Thu n’avait disputé que très peu de matches cette saison, rappelle Roza Soposki. Elle a su s’appuyer sur ses qualités intrinsèques et hausser son niveau en fonction de la difficulté qui se proposait à elle. » La joueuse de Thorigné-Fouillard (Ille-et-Vilaine) en a fait la démonstration en finale pour battre sans coup férir la Norvégienne Dahlen, n°1 mondiale, en trois manches. « Thu a parfaitement maîtrisé le match tactiquement, détaille Soposki. Par des choix toujours justes et des coups techniques parfaits, à l’image du nombre de services gagnants, elle a écœuré son adversaire. »
Les Bleus ne sont pas passés loin d’une autre médaille d’or à l’heure du déjeuner. Maxime Thomas (classe 4 masculine), médaillé de bronze en 2014 et quart de finaliste en 2018, est passé à un point du titre mondial contre le Coréen Kim Jung-Gil. Extrêmement appliqué et rigoureux, le joueur de Charcot TT a cédé à la belle 10-12 en ayant une belle de match à 10-9 pour lui. Il avait aussi mené 9-7 dans cette manche décisive. Cruel sur le moment mais de bon augure dans l’optique de Paris 2024. « Il a encore affiché un très haut niveau de Jeu et malgré le scénario de la partie, il y a peu de regrets à avoir, estime encore Roza Soposki. Il repart de Grenade avec des certitudes. » Jamais Maxime Thomas, tombeur du double champion du monde en titre en demi-finale, n’avait dépassé le stade du dernier carré sur une échéance mondiale majeure.
Autre médaille d’argent, celle de Thomas Bouvais en classe 8 masculine. Celle-ci avait une saveur différente. « Après son quart de finale, Thomas m’a rappelé que son objectif du début de saison, d’ici à Paris 2024, était de se rapprocher encore d’une première médaille en individuel », dévoile Roza Soposki. Le joueur de Levallois ne s’est pas arrêté au bronze. Au prix d’une journée de très haute volée vendredi, il s’est donné le droit de défier l’Ukrainien Viktor Didukh, vice-champion paralympique. « Il a une balle de set dans le premier, or contre ce type de joueur, on sait qu’il ne faut pas rater la moindre occasion. Mais Tomtom (son surnom) a réalisé une compétition extra de A à Z. Du premier tour à la demi-finale. » Comme Maxime Thomas, il a brisé un plafond de verre important sur le plan psychologique Pour Thomas Bouvais comme Maxime Thomas, cette première finale mondiale pourrait en appeler d’autres.
La France, avec ses sept podiums en simple, prend date pour les Jeux paralympiques de 2024. « Jamais depuis les championnats du monde 2002, autant dire un autre temps, il n’y avait eu autant de Français en finale des tableaux individuel, situe Roza Soposki. Je souhaitais que l’équipe marque son territoire, lors de ce dernier rendez-vous mondial avant les Jeux de Paris. C’est chose faite. » Il faudra désormais entretenir cette dynamique et continuer de travailler les doubles, seul petit bémol de cette belle semaine espagnole.
Rédaction : J. Soyer
Classe 8F. Dahlen (Nor) – Kamkasomphou : 0-3.
Classe 4M. Thomas – Kim Jung-Gil (Cor) : 2-3.
Classe 8M. Didukh (Ukr) – Bouvais : 3-0.
Classe 2M (19 h). Lamirault – Czuper (Pol).
Les médaillés tricolores
Or (3)
Alexandra Saint-Pierre (classe 5F).
Thu Kamkasomphou (Classe 8F).
Fabien Lamirault (classe 2M).
Argent (2)
Maxime Thomas (classe 4M)
Thomas Bouvais (classe 8M).
Bronze (6)
Lucas Didier (classe 9M)
Matéo Bohéas (classe 10M).
Caillaud-Kamkasomphou (Double dames 14).
Vautier-Saint-Pierre (double dames 7).
Bohéas-Bouvais (double hommes 18). Berthier-Herrault (double hommes 14).
Site officiel de l’événement et retransmission : Andalucia 2022
Résultats en direct : results.ittf.com
Site de la commission : Tennis de Table Handisport
Facebook (inside, résultats, zones mixtes) : TTHandisport
Championnats du monde de tennis de table 2022 : les résultats jour par jour
Tout savoir sur le tennis de table handisport
Élodie Vachet, encadrer des pongistes en situation de handicap moteur
haut de page