Olivier Duplan ne fait pas de langue de bois. Alors le directeur sportif n’a pas caché sa déception à l’issue des Jeux mondiaux de judo, disputés il y a dix jours à Séoul (Corée du Sud). « Le bilan est un peu juste, très clairement. Il manque au moins une médaille », estime-t-il. Olivier Duplan analyse le parcours de Sandrine Aurières-Martinet, 3e en moins de 52 kg, de Cyril Jonard, 5e en moins de 81 kg et de Kévin Villemont, 9e en moins de 60 kg.
« Elle est partie avec une grosse entorse de la cheville, un petit moral et des doutes plein la tête. Elle pensait en effet que son corps lui disait que son retour aux affaires n’était pas une bonne idée car elle s’est blessée dix jours avant le départ. Après réflexion et discussion, on a souhaité l’emmener. On a bien fait puisqu’elle décroche le bronze.
Dès le premier tour, elle aurait dû être opposée à son meilleur fantôme, une Algérienne qui a fait forfait pour la 3e fois de suite contre Sandrine. Au deuxième tour, elle a fait preuve de métier pour éliminer une judokate Ouzbek, puissante et très dangereuse. Mais Sandrine a su saisir chaque faille, se montrer patiente et bien gérer son combat. Elle gagne au métier. En demi-finale, après une longue attente, elle entre mal dans son combat contre la championne du monde ukrainienne, qu’elle avait battue en Hongrie en février. On l’a sentait moins affûtée. En revanche, pour la 3e place, elle s’est brillamment défaite d’une nouvelle Japonaise. Elle gagne au golden score. Cette épreuve lui a démontré qu’elle manque encore de puissance, mais qu’elle est dans le rythme sur plan physique puisque contrairement en Hongrie, où elle avait gagné avec pas mal de facilité, il lui a fallu aller chercher dans ses ressources mentales et physiques. C’est une belle épreuve car ce podium lui assure d’être tête de série à Rio. »
« Cyril a frisé la correctionnelle. Après un premier tour facile qu’il a bien abordé, il s’est un peu compliqué la vie au 2e tour, contre un adversaire largement à sa portée. Il a en effet concédé trois avantages à son adversaire, avant de reprendre le contrôle des opérations, à l’expérience. Il a été contraint de prendre pas mal de risques. Un peu trop. En demi-finale, il affrontait un Ouzbek. L’Ouzbékistan sort seulement depuis deux ou trois épreuves internationales. Ils sont nouveaux mais très forts. Comme souvent contre des opposants qu’il ne connaît pas, Cyril Jonard a manqué de patience pour bien cerner les forces et les faiblesses de son adversaire. Il s’est fait contrer sur l’une de ses premières attaques. Pour la 3e place, il était opposé au champion paralympique sortant. Un adversaire qui connaît bien Cyril et qui a su le maintenir à distance pour exploiter sa différence de vision. Cyril a perdu le combat tactique et a cédé sur ippon. C’est dommage car un podium lui aurait fait le plus grand bien en termes de confiance et lui aurait permis d’être dans le top 4 mondial. Donc tête de série à Rio. Dans une catégorie où les sept premiers du classement mondial peuvent gagner, cela n’aurait pas été un luxe. »
« Le plus jeune des trois Tricolores devait prendre des points et attraper quelques performances. Raté. Il est bien entré dans sa compétition, mais en quart de finale, il a cédé contre un adversaire accessible. Il a subi le faux-rythme du Japonais, laissant trop de séquences au sol. Kévin n’a pas su provoquer sa chance en mettant la pression sur son adversaire, lors des phases debout. 9e de l’épreuve, il hypothèque très clairement ses chances de se qualifier pour les Jeux paralympiques 2016. »
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