Il n’y a eu ni miracle, ni contre-performance. L’équipe de France masculine de basket fauteuil a terminé à la 8e place de l’Euro, disputé jusqu’au 8 septembre à Walbrzych, en Silésie polonaise. « Les Français n’avaient plus atteint un quart de finale européen depuis 2009, rappelle Pierrick Giraudeau, directeur de la performance pour la Fédération Française Handisport. Avec une équipe jeune et largement renouvelée c’est encourageant mais nous sommes encore plus ambitieux dans la perspective des Jeux Paralympiques de Paris 2024. La France, terre du basket fauteuil, ne peut pas se contenter de ce résultat même s’il traduit le niveau de l’équipe par rapport aux meilleures équipes du monde qui sont les meilleures au Monde. » À l’image de l’Angleterre qui a logiquement remporté cet Euro, en battant l’Espagne en finale (77-52).
Côté français, cette place en quarts permettait assez vite d’assurer le maintien en Division A. « Nous avons gagné moins de matches qu’il y a deux ans à Tenerife, mais nous avons plus vite sécurisé notre maintien en Division A. C’était l’objectif principal », assure Stéphane Binot, le directeur sportif pour la FFH.
Le staff s’est d’ailleurs focalisé sur ce but en n’hésitant pas à préserver ses cadres pour les matches clés. « Nous avons tout joué à fond, notamment en début de rencontres, mais quand nous prenions l’eau, nous avons choisi de faire tourner assez vite l’effectif pour permettre à nos meilleurs d’être frais et disponibles contre Israël et la Russie, argue le DS. Cela peut expliquer quelques défaites assez lourdes. »
En s’imposant contre Israël, « une équipe techniquement intéressante mais que nous avons dominée physiquement » puis contre la Russie, lors du dernier match de poule, les Bleus ont en effet assuré la 4e place de leur groupe. Un rang qui leur assurait de disputer les quarts de finale et de terminer au moins 8e, quand les 11e et 12e places étaient synonymes de relégation en Division B. « On peut avoir quelques regrets lors de notre premier match de classement contre l’Italie (51-63). Cette équipe semblait à notre portée et une victoire nous aurait permis de jouer la 5e place ». Au lieu de cela, les équipiers de Jérôme Courneil « capitaine exemplaire sur et hors du terrain », dixit Binot, ont dû batailler contre les Pays-Bas pour la 7e place. Comme en phase de poule, la supériorité néerlandaise a été écrasante (46-95). « Cette équipe est au-dessus de nous dans tous les secteurs de jeu. Physiquement, techniquement…, ajoute encore le DS. C’est d’ailleurs l’interrogation de cet Euro. Comment parvenir à combler notre retard quand on sait que les Hollandais terminent juste devant nous alors qu’ils s’entraînent tous les jours, qu’ils possèdent un centre d’entraînement national qui permet à tous de se retrouver et que les joueurs sont dans fonctionnement professionnel… » . L’écart qui existe entre les autres nations présentes en quart est très important. « On a identifié nos faiblesses par rapport aux meilleures équipes étrangères, assure Pierrick Giraudeau. Nous devons travailler pour les gommer. Cela passera par le recrutement de « gros points » supplémentaires pour accroître la concurrence interne et favoriser les regroupements de ce collectif et les temps de jeu partagés entre tous ces joueurs. »
Les Bleus pourront, par la suite, miser sur les retours de Franck Etavard et de Jordan Luce, deux joueurs majeurs, restés à la maison pour cause d’heureux événement. Ils pourront aussi compter sur la volonté et l’enthousiasme de ces jeunes qui ont adhéré aux méthodes et aux exigences, somme toute, limitées de l’entraîneur Ludovic Sarron. Et pourquoi ne pas voir des joueurs marquants du championnat s’investir dans le projet fédéral afin de préparer dans les meilleures conditions et avec toutes les forces vives les Jeux Paralympiques 2024 de Paris. « Nous allons réfléchir à des solutions pour inciter et favoriser l’investissement des internationaux mais ceux-ci devront aussi rendre des comptes et se plier au fonctionnement collectif. Il n’y aura pas de passe-droits, prévient Stéphane Binot. Nous entendons essayer de définir un groupe élargi assez stable d’ici 6 à 8 mois, pour préparer activement et dans la durée les Jeux. » En somme, ceux qui se présenteront en 2022 ou 2023 en prétendant pouvoir apporter quelque chose aux Bleus, ont peu ou aucune chance de trouver une oreille attentive.
L’unité et la dynamique de groupe ont certainement permis à cette équipe jeune et en devenir de bien réagir contre la Russie, après la claque reçue contre les Espagnols en poule (76-25).
Le mot de Norbert Krantz (directeur des sports paralympiques d’été) : « On est dans un compte à rebours mais cet Euro a démontré que les joueurs semblent se responsabiliser pour s’investir dans le projet que l’on entend mettre en place. Il faut que cette mentalité prenne le dessus et s’impose face à celle qui consiste à revendiquer. J’ai le sentiment que les joueurs retenus ont envie d’écrire une histoire. L’unité d’aide à la performance va continuer à les épauler et à leur apporter les moyens d’y parvenir, créer les conditions pour valoriser leur enthousiasme. On sera derrière eux. Il n’y aura pas de compétition majeure l’an prochain, il faut donc en profiter pour effectuer un important travail de fond afin d’avoir franchi un palier dans deux ans. Il est encore un peu tôt pour savoir jusqu’où cela peut mener cette équipe, mais il va se passer quelque chose. »
Rédaction : J. Soyer
Poule : France – Israël : 86-79. France – Pays-Bas : 42-73. France – Turquie : 59-91. France – Espagne : 25-76. France – Russie : 76-66.
Quart de finale : France – Angleterre : 93-51.
Match de classement 1 : France – Italie : 51-63.
Match pour la 7e place : France – Pays- Bas : 46-95.
L’équipe de France : P. Koti Bingo, A. Ramonet, J. Hivernat, J. Courneil, B. Konate, L. Makambo, E. Henriot, L. Hardouin, K. Khelaifi, S. Evanno, A. Boughania, R. Bayle.
Remplaçants : W. Leblanc, I. Guirassy
Staff
DS : Stéphane Binot
Head-coach : Ludovic Sarron
Adjoints : Loïc Van Der Donckt, Francis Dandine
Manager : Lionel Chavanne
Préparateur physique : Loïc Rouillier
Kiné : Emilie Guardiola
Mécano : Luc Daniel-Lacombe
Coach mentale : Laure Desnurget
Cahiers des experts : Le fauteuil de basket et ses réglages
haut de page