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Les Jeunes et handisport

22 août 2014

On se doutait que le chiffre serait élevé, mais à la lecture de celui-ci, l’évidence ne peut que sauter aux yeux. En 2013, les projets « Jeunes » menés par Handisport ont représenté pas moins de 1 501 projets auprès de 11 146 jeunes sportifs. Ces chiffres sont aussi éloquents car les projets Jeunes sont au cœur des priorités de tous les acteurs du mouvement : DTN, commissions sportives, comités et clubs handisport. Il n’existe aucun parcours modèle, chacun se réalise en fonction des envies, des projets de vie, des régions, des pathologies de chacun. C’est pourquoi nous avons choisi de laisser la parole à quatre jeunes ainsi qu’à une maman et plusieurs spécialistes du sujet. Ils nous livrent leurs témoignages.

La pratique d’une activité sportive apporte de grands bénéfices pour la santé, qui permettent souvent de compléter les soins dispensés par la kinésithérapie, préservent et développent les capacités fonctionnelles des jeunes de façon ludique.

Alexi Dajean, 16 ans, personne de petite taille, du Club de tennis de table d’Élancourt, nous l’explique : « Avant de faire beaucoup de sport, je faisais de la kiné et quand j’ai commencé, en 5e, à faire deux à trois entrainements par semaine de tennis, de football, de badminton… un médecin m’a expliqué que la kiné n’était plus obligatoire. J’aimais bien la kiné, mais la remplacer par du sport permettait de changer un peu le quotidien. » Rizlene Belmahdi, 18 ans, IMC, du Club de basket CAPSAA Paris, abonde dans le même sens : « Mes kinés m’ont toujours dit de faire du sport pour me permettre de souffler et de devenir plus endurante ».

COMMENT DÉCOUVRIR LE SPORT ?
Si pratiquer une activité sportive est essentiel pour le développement fonctionnel, social et psychologique des jeunes, comment ces derniers parviennent-ils à s’initier au sport ? Les instituts spécialisés ou les établissements de l’Education Nationale adaptés en sont une bonne illustration car elles ont souvent, en leur sein, des professionnels formés. Rizlene nous raconte : « Je suis dans l’EREA Toulouse Lautrec depuis que j’ai six ans, c’est une structure faite pour les handicapés moteurs. Là-bas, on fait du sport adapté par nos profs et c’est là que j’ai découvert le basket fauteuil. Le sport permet de souffler par rapport aux études, au reste. Quand on prend plaisir à faire du sport, c’est une bouffée d’air frais. » L’entrée dans la pratique sportive peut être plus complexe, notamment pour les jeunes intégrés dans le système scolaire ordinaire, ce fut le cas pour Alexi Dajean, qui a suivi sa scolarité en milieu intégré : « C’est le président de mon club de Saint-Rémy, qui a finalement au l’idée de créer une section handisport pour moi et un autre jeune, en situation de handicap. » Pour Armelle Nunez, licenciée du club de Libourne triathlon et Guyenne Handinage, dont le handicap des membres inférieurs et la déficience visuelle ne sont pas de naissance : « Quand j’ai repris le triathlon, après être tombée malade en 2009 d’un cancer des méninges, c’était dans l’objectif d’en refaire avec les valides. Je ne me sentais pas handicapée, alors que j’étais paraplégique ! Mon professeur de sports au centre de rééducation de la tour de Cassy, m’a expliqué qu’il y avait d’autres formes de pratique du triathlon, et que cela pouvait correspondre avec mon handicap, je me suis alors dirigé vers le paratriathlon. »

UN MOMENT DE PARTAGE
La pratique sportive au sein d’un club handisport, ce n’est pas seulement du sport, c’est aussi du lien social, des rencontres, un projet, une adhésion. Pour Rizlene, c’est une évidence : « C’est seulement depuis cette saison que je me suis mise au basket en club. J’ai vu le club comme une opportunité pour aiguiser mon expérience et améliorer ma technique de jeu, mais aussi de bien profiter, avec des amis. On s’amuse, on rigole, on est sérieux en même temps. » Le club, c’est aussi de rencontres, et une belle solidarité : « Quand j’ai commencé, je n’imaginais pas pouvoir assister aux entrainements régulièrement car je suis à 1h30 de trajet de mon club, mais aujourd’hui, je m’organise avec les personnes de mon équipe, qui m’amènent au gymnase, du coup, ce n’est plus un problème ! » Pour Alexi, les évènements Jeunes Handisport ont cette même vertu : « J’ai fait les Jeux de l’Avenir trois fois et le Grand Prix des Jeunes une fois. J’aime y retrouver les amis qui habitent partout en France. »

LA PLACE DE LA FAMILLE
Si un jeune décide de se lancer dans une pratique sportive de loisirs ou de compétition, la famille est un facteur clef dans la réussite de ce projet, que ce soit pour le matériel ou les transports, comme le dit Caroline Jacard, 15 ans, déficiente visuel, du club d’Athlétisme Sarreguemines Sarrebourg Arrondissement (ASSA) : « Mon club est à 30 km de chez moi, il faut que ma soeur et ma mère m’emmènent, donc forcément, elles sont investies à mes côté. » Un projet sportif est également fait de décisions et découvertes comme nous l’explique Edith Leclerq, mère de trois enfants dont Yoan, 20 ans, paraplégique, étudiant en première année de médecine et résident du Pôle jeune basket de Talence : « On ne connaissait pas le handicap avant que Yoan devienne paraplégique suite à une opération de la moëlle épinière, nous avons alors découvert qu’il était atteint d’une tumeur intra-médullaire. Avant ça, Yoan faisait du football, dans notre famille, tout le monde pratique du sport. À son retour à la maison, étant scolarisé en milieu ordinaire, nous avons alors fait la connaissance du Comité Handisport de Picardie, qui l’a orienté vers le club de basket d’Amiens Métropole. Il a pratiqué en loisirs pendant un an, sans faire de matchs, il s’est vite éclaté dans ce sport, ça l’a sauvé ! »

VERS UNE PRATIQUE PLUS COMPÉTITIVE
Du loisir à la compétition, il n’y a parfois qu’un pas, qu’Alexi n’a pas hésité à sauter : « Avec handisport, je me suis dit que j’avais de vraie capacités. Alors que jusqu’à présent je faisais seulement un peu de compétition avec les valides à bas niveau. Aujourd’hui, j’ai environ cinq entrainements de tennis de table par semaine. Cette année, j’ai fait les championnats de France jeune Handisport et les championnats de France senior Handisport. Ces compétitions là me permettent de goûter au haut niveau, j’en profite pour parler aux grands pongistes, leurs histoires me donnent envie d’évoluer en me faisant plaisir. » Caroline Jacard, qui rentre au Pôle France Jeunes Athlétisme Handisport en septembre 2014, nous raconte son passage vers une pratique sportive plus compétitive : « J’ai commencé à faire du sport à l’institut des malvoyants de Santi-Fontaine. Fin 2010, j’avais onze ans, mon entourage m’a trouvé un prof pour être mon guide sur les cross scolaires. À l’époque je n’étais pas en club, car à Santi-Fontaine on faisait déjà beaucoup de sport. Du coup, je m’entrainais seule en me renseignant auprès de mes profs, ou sur des forums. Tout s’est accéléré lors du Critérium National déficient visuel d’athlétisme en 2012, où Gwenaël Lanne-Petit, référent jeune athlétisme à la FFH, m’a invité à un stage handisport. Il m’a également conseillé de m’inscrire en club, afin de participer à plus de compétitions, ce que j’ai fait. Je réalise désormais deux séances par semaine, et ma soeur Laurène a pris le relais après trois ans de complicité avec mon précédent guide. J’ai été très motivée par ce changement de dynamique, ma famille ne m’a jamais retenue donc j’ai continué. »

VERS LE HAUT NIVEAU
Championnats, Coupes, et mêmes Jeux Paralympiques, ces mots résonnent comme un rêve dans certaines bouches de nos jeunes. Pour Caroline Jacard, sa future entrée au sein d’un Pôle France Jeunes fut un déclic : « Aujourd’hui, mon but est de faire le mieux possible en matière de sport tout en gérant les études. Sur les compétitions handisport, j’ai rencontré des gens, on est tous “adversaires”, mais en dehors on échange nos expériences. » Pour Edith Leclerq, mère de Yoan : « Très rapidement, en suivant les conseils de son entraîneur, il a progressé, mais nous n’imaginions pas que cela puisse aller aussi vite. Il a été détecté au niveau régional lors d’un stage, puis en 2012, il a réalisé son premier stage avec l’équipe de France espoirs, et en avril il décrochait sa première sélection. C’était dur, je me souviens de la première fois, lorsque nous l’avons laissé sur le stage JAP, je ne connaissais pas l’encadrement Handisport, comment savoir s’ils sauraient gérer ses douleurs ? Depuis, j’ai appris à faire confiance. Il a intégré le Pôle France Jeunes de basket au Creps de Talence à la rentrée 2013. Les premiers mois ont été difficiles pour moi, car on ne se voyait plus, mais Yoan a rencontré une super équipe et de vrais amis à Talence. Ses semaines sont très chargées entre les entraînements, les matchs et les études. Il a choisi de faire une prépa médecine, c’est un double projet difficile, et on ne sait pas encore quels seront ses choix pour l’avenir, le sport ? Les études ? Mais pour l’instant, ce n’est que du bonheur ! » // M.Mainguy

Retrouvez l’intégralité de ce dossier JEUNES, dans Handisport Le Mag’ n°156, en cliquant ici

POUR PLUS D’INFOS, CONTACTEZ :
 Sandra Mauduit, CTN Politique Jeunes Tél. 06 14 44 46 19
 Sami El Gueddari, CTN Parcours d’accès à la performance

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