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L’héritage matériel de Paris 2024

15 décembre 2024
Alors que les Jeux Paralympiques de Paris se sont achevés, son empreinte, elle, perdure. Cet événement sportif d’envergure internationale a laissé bien plus que des souvenirs : un héritage tangible, matériel, qui continue de porter ses fruits sur l’ensemble des territoires. En effet la Fédération Française Handisport a pu bénéficier d’un volume inédit de matériel, en particulier sportif à destination de ses comités régionaux et clubs. L’occasion pour le responsable du service développement des pratiques de la FFH, Charles Hordenneau et le conseiller technique de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes, Romain Didio, de revenir sur cette impressionnante dotation.

Après les compétitions, le matériel hérité de 9 disciplines paralympiques telles que l’athlétisme, le basket-fauteuil, la boccia ou encore le cécifoot a été centralisé dans un entrepôt. Du petit sifflet au terrain de goalball, en passant par le matériel d’arbitrage pour la boccia et les ballons de basket fauteuil, une grande variété d’équipements était disponible. « Nous avons récupéré du matériel pour le développé couché, des équipements pour un terrain de goalball, des buts de goalball, ainsi que du petit matériel comme des ballons et des plots. », affirme Romain.

Cette étape logistique essentielle a permis de regrouper des équipements divers, allant des petits objets à des infrastructures complètes comme des terrains de cécifoot et de goalball. « Nous avons trié et constitué des packs multisports adaptés aux besoins des régions », informe Charles. Au total, 127 palettes de matériel sportif, 2 terrains de cécifoot, 3 de goalball et les sols sportifs de 16 terrains de boccia, représentant environ 1,4 million d’euros et 3 000 items, ont été répartis sur tout le territoire. Cette diversité reflète l’ambition de répondre aussi bien aux besoins de base qu’aux infrastructures spécifiques des clubs et comités.

Une répartition équitable et stratégique

Après avoir reçu une liste de matériel de la part du comité d’organisation de Paris 2024, la FFH a procédé à sa répartition sans avoir eu de choix préalable. « La distribution s’est appuyée sur des critères objectifs, comme le nombre de licenciés, le niveau d’engagement en compétition et les recommandations des commissions pour soutenir le développement dans certains territoires. Cette démarche nous a permis de garantir une allocation proportionnelle, adaptée aux réalités locales et aux particularités de chaque club », explique le responsable. Par exemple, sur les 42 bancs de développé couché, deux ont été attribués à chaque région métropolitaine et un aux DROM-TOM, indépendamment de la présence locale de cette pratique. « Dans l’optique de leur permettre de développer la discipline » poursuit-il. Pour les matériels spécifiques, comme les terrains de cécifoot, la stratégie a ciblé des municipalités partenaires engagées dans le développement de la discipline, comme Roubaix, qui prévoit d’utiliser ce matériel pour promouvoir le cécifoot féminin.

Des régions au cœur de la redistribution

La mise en œuvre de ce projet a nécessité un effort logistique considérable. La Fédération et son équipe ont consacré deux jours et demi au tri et au conditionnement des équipements. L’investissement financier de la Fédération s’élève à environ 20 000 euros, incluant le transport, l’hébergement, la restauration des équipes mobilisées ainsi que des équipements de sécurité et les fournitures logistiques. Les grandes régions sportives comme Auvergne-Rhône-Alpes, Île-de-France, Occitanie, Grand Est et Hauts-de-France ont reçu des volumes particulièrement importants en raison de la grille de répartition. Une fois les packs livrés, les comités régionaux ont assumé la responsabilité de dispatcher le matériel aux clubs. « Nous leur avons demandé d’être autonomes, que ce soit en organisant des retraits ou en livrant eux-mêmes aux structures locales. C’était un investissement de leur part, mais cela reflète l’esprit de collaboration qui a animé tout le projet », souligne-t-il.

Un impact durable et solidaire

Si le coût logistique de cette redistribution a été élevé, les retombées pour les clubs sont inestimables. Cette démarche va bien au-delà d’un simple don de matériel : elle permet d’améliorer les conditions d’entraînement, de renforcer les compétitions locales et de soutenir les clubs dans leur structuration. « Ce matériel est désormais disponible sur tout le territoire, ce qui va également nous permettre de limiter les déplacements lors de l’organisation de grands événements régionaux ou nationaux. C’est un gain d’efficacité pour tout le monde », annonce le cadre fédéral. La Fédération a salué l’implication des comités régionaux dans ce projet ambitieux. « C’est un projet d’héritage qui n’aurait pas été possible sans leur soutien. Grâce à leur gestion, certains clubs ont pu bénéficier de ces équipements et en devenir propriétaires, avec l’idée qu’ils puissent prêter ce matériel pour des événements locaux ou nationaux. »

Les souvenirs de Paris 2024

L’héritage est aussi émotionnel : le matériel porte le logo Paris 2024, ancrant les Jeux dans la mémoire collective et inspirant les générations futures. « Un ballon ou un tapis estampillé de ce logo, c’est bien plus qu’un outil sportif. C’est un rappel des valeurs paralympiques et une source de motivation pour les jeunes sportifs. », lance Charles. « Un ballon floqué Paris 2024, c’est une fierté. Nos licenciés n’osent pas les utiliser, ils restent en exposition mais nos clubs sont contents », humorise Romain.

Enfin, cette opération traduit une volonté de solidarité : que les clubs soient les gardiens de cet héritage tout en offrant aux moins bien équipés la possibilité de rivaliser avec des structures plus importantes. Les territoires les plus éloignés des centres urbains, souvent négligés, bénéficient eux aussi de cet héritage. Paris 2024 ne s’achève pas sur la dernière médaille d’or : il continue de vivre dans les terrains de sport, les gymnases et les stades de France, où s’écrivent déjà les chapitres de demain.

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