Au fil des années qui passent, l’ambition grandit. La mue de Lucas Didier est lancée. Le joueur du TT Plaisançois, ce club de Haute-Garonne qui a vu les premiers pas pongistes de Simon Gauzy, suit une évolution assez linéaire.
Repéré par Clément Gadéa et Audrey Le Morvan, lors d’un stage Jap National qu’il avait intégré en espoir il y a près de trois ans, Lucas Didier a vite pris ses marques dans le monde handisport. Un milieu qu’il n’a découvert qu’à ce moment-là. « C’est mon frère, Ugo aîné, qui pratiquait la natation qui m’a fait découvrir handisport », raconte le pongiste. Champion du monde et d’Europe en S9 sur 100 m dos, Ugo s’est avéré être un guide idoine. « Il y a une petite émulation », reconnaît Lucas Didier qui a un pied bot et un récurvatum du genou gauche.
Le titre national en ligne de mire
Un handicap qui ne l’a pas empêché de pratiquer le tennis de table dès l’âge de 6 ans. Déjà à Plaisance-du-Touch qui a aussi ouvert une section handisport. « Ce club est situé tout près de chez moi et de mon lycée », précise cet élève de seconde, intéressé par la perspective de suivre des études scientifiques. Sous la houlette de Corentin Rouzeaud, Lucas Didier a haussé son niveau. Classé 13 en valide à ses débuts en handisport, Lucas Didier est aujourd’hui classé 18 et s’épanouit en Prénationale. « Au début, je jouais avant tout par plaisir et sans objectifs déterminés. Aujourd’hui, le plaisir est là mais je ne cache pas mon envie d’atteindre le très haut niveau. Mon souhait de vivre des épreuves internationales et pourquoi pas les Jeux Paralympiques de Paris 2024. »
Champion de France jeune handisport il y a deux ans, Lucas Didier, dont le volume d’entraînement avoisine les 10 h hebdomadaires en moyenne, prend progressivement mais sûrement la mesure de l’adversité en France. Plusieurs fois sur le podium en N1A, il a donc décroché son premier succès à cet échelon, samedi 9 février en Lorraine. Une performance intéressante qu’il convient de relativiser puisque Elias Debeyssac, Thomas Bouvais et surtout Matéo Bohéas manquaient à l’appel. « C’est quand même un verre à moitié plein, coupe-t-il. Il y avait aussi Frédéric Bellais ou encore Benoît Grasset. » Son directeur sportif, Stéphane Lelong, aussi, est satisfait. « Cela me donne très envie de voir comment il va se comporter face aux meilleurs. Et comme il a battu Frédéric Bellais, cela laisse à penser qu’il devient un sérieux concurrent pour le titre de champion de France classe 9. »
S’affirmer à l’International
Sa classe sera aussi un élément majeur. Actuellement en 9, Lucas Didier devra être revu au niveau international. Très certainement à l’Open de Lignano, en Italie, au mois de mars. «Je pense que mon système de jeu conviendrait bien à cette classe de handicap », avance Lucas Didier, quart de finaliste de l’Open de Belgique et en quête d’une sortie de poule en Italie.
En attendant, l’Occitan, solidement installé en N2 valide junior aux Individuels, entend bien continuer à faire évoluer son jeu. Déjà bien plus performant et offensif en coup droit, le droitier a ciblé quelques axes prioritaires. « Il faut que j’apprenne à varier davantage avec mon picot en revers. Que je l’utilise aussi parfois en coup droit. » Les stages avec l’équipe de France A, auxquels il prend part depuis peu, devraient également lui permettre de continuer à élargir sa palette. // Julien Soyer