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Marie-Amélie Le Fur: l’athlétisme et les sportifs amputés

19 septembre 2018
Avec 24 années de pratique de l’athlétisme à son actif, Marie-Amélie Le Fur est détentrice de huit médailles paralympiques, dont trois titres, et de douze médailles mondiales, dont quatre titres, et très récemment d’un record mondial à la longueur. Amputée de la jambe gauche sous le genou, Marie-Amélie concourt en catégorie T/F 64, et est certainement l’athlète française ayant le plus d’expérience de course avec une lame. Une expérience riche qui a valeur de témoignage et mérite d’être entendue par les plus jeunes, les moins expérimentés, les entraineurs et préparateurs physiques. Quand Marie-Amélie utilise le « Nous » c’est pour parler du travail effectué en équipe, avec son prothésiste, les ingénieurs, et son entraineurs, un nous qui en dit long sur le choix de la prothèse, les réglages, les soins à apporter au moignon… L’ensemble des paramètres qui font de sa lame un élément incontournable de son plaisir de pratiquer et un paramètre dans sa réussite sportive.

Quelles sont les étapes de fabrication d’une prothèse de compétition ?

Je dirais qu’il y en a deux, la première, est d’aller choisir le bon modèle de lame. Il existe une multitude de hauteurs et de duretés. C’est comme une paire de baskets, il y a plusieurs marques, plusieurs modèles, plusieurs pointures, il existe une multitude de hauteurs et de duretés. Ton poids, ta façon de courir, les épreuves que tu pratiques… sont autant d’indications pour choisir ta lame. Pour m’aider dans ce choix, j’ai eu la chance de travailler avec les ingénieurs d’Ossür, mais il est possible de le faire avec d’autres types d’ingénieurs, avec des capteurs de force, des images vidéo, avec l’œil d’un technicien…Avec toutes ces données, on créée une emboiture provisoire. Puis, dans un second temps, on créée une emboiture sur mesure. Avec celle-ci, il faut réaliser une nouvelle journée de réglages pour être certain que tout est bon en terme de droite-gauche, verticalité et hauteur.  

Quels paramètres prends-tu en compte pour choisir une prothèse ?

Au-delà des tests et de ce que me disent les ingénieurs, je suis à l’écoute du feeling que je ressens avec la lame. Cela peut sembler bête, mais, pour moi, il y a une notion d’osmose. Il faut trouver un mix entre ce que te conseillent les ingénieurs, ce que les études scientifiques vont donner, et ce que toi, ton feeling en tant qu’athlète, te dit. Voilà pourquoi il est important de faire une à deux journées de tests, pour ressentir, comparer, trouver le meilleur compromis.

Quels conseils pour bien choisir sa prothèse donnerais-tu à un jeune qui débute la course avec une lame ?

Avant tout, je lui conseillerais de ne pas partir en premier lieu sur une prothèse de compétition, mais plutôt sur une « Flex run » (modèle Ossür, destiné au footing). Il ne faut pas aller trop vite, c’est comme tout, si tu commences le vélo, tu ne prends pas tout de suite le meilleur vélo du circuit, sinon tu seras incapable de maitriser ton matériel et tu risques de te dégouter de la discipline. Une « Flex run » permet de courir, de retrouver des sensations. Une fois que tu es un peu plus à l’aise, tu peux alors partir sur une lame de compétition.

Entre le moment où tu réalises le premier essai d’une nouvelle prothèse et celui où tu vas pouvoir courir régulièrement ou en compétition, combien de temps s’écoule-t-il ?

Il faut compter entre deux et trois mois, le temps de concevoir un jeu d’emboitures et de choisir la prothèse, de faire les tests, de la recevoir. En revanche, quand je la reçois, je pars tout de suite en compétition avec, il n’est pas bon d’attendre, il faut avoir confiance. Par contre, il faut choisir le moment opportun dans la saison pour faire ce changement de prothèse. Il faut donc éviter les échéances importantes et les périodes de qualifications. 

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M. Mainguy / © G. Picout

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