Ugo Didier, 17 ans le 11 septembre, est né avec les pieds bots et les membres inférieurs atrophiés. Passionné de sport, il ne pouvait pratiquer que la natation. « Je ne peux ni courir, ni sauter », explique-t-il. Mais dans l’eau, le nageur de Cugnaux, où il s’entraîne majoritairement, affole les chronos, notamment sur le dos. Il songe aux Mondiaux 2019 et aux Jeux de Tokyo 2020 tout en ouvrant le chapitre des études supérieures.
Jeune bachelier en filière Scientifique, Ugo Didier a changé de statut et de monde en septembre. Pas seulement parce qu’il est nouveau recordman d’Europe du 100 m dos en catégorie S9… L’Occitan est depuis cette rentrée scolaire un étudiant. « Le rythme est assez différent de celui du lycée, commente-t-il avec toujours autant de sérénité. L’environnement aussi. »
La vie sur le campus est riche de tentations comme les soirées du mercredi et du jeudi. Les espaces sont plus grands. « Cela allonge un peu les trajets et engendre de la fatigue, mais je m’y fais. Je compte aussi prendre mon vélo pour aller du campus à mon appartement et dans les différentes salles. »
C’est l’autre grande nouveauté de la vie de l’adolescent. Ugo Didier doit aussi apprendre l’autonomie. « Je vis en effet dans un appartement. Il y a donc la cuisine, quelques courses, le ménage. Cela demande pas mal d’organisation. » Il voit également moins sa famille. « Tout est nouveau, c’est vrai, mais après un mois, je me sens vraiment bien et le rythme est là. »
Dans une classe de quatorze sportifs de haut niveau (sept filles et autant de gars), Ugo Didier bénéficie aussi d’un aménagement de son emploi du temps pour réussir son double projet professionnel et sportif. « Certaines matières peuvent être reportées sur la deuxième année, celle à l’issue de laquelle je devrais davantage me spécialiser. Cela va permettre de m’entraîner mais aussi de travailler. Comparé au lycée, le travail personnel demandé est plus important. » Il entend aussi profiter de ces deux années pour se faire une idée plus précise du chemin qu’il compte suivre.
Et la natation dans tout ça ? Depuis la rentrée, Ugo Didier s’entraîne quatre fois par semaine, toujours à Cugnaux. « Je suis à 11 heures hebdomadaire au lieu de 16 heures habituellement. » Mais les choses vont rentrer dans l’ordre sous peu. L’international handisport va rapidement pouvoir s’entraîner avec les Dauphins du TOEC, à Toulouse, en complément de ce qu’il fera à Cugnaux. « Ce sera plus simple car je mets au moins 45 mn à rejoindre la piscine de Cugnaux quand il y a les bouchons. » Il va donc s’entraîner à nouveau tous les jours. « Quelques semaines après l’Euro, nous avons remis l’accent sur le long et le foncier, explique-t-il. Nous axons même plus sur le crawl et le 4 nages parce que je vais bien avoir une épreuve de demi-fond valide. »
Le premier rendez-vous d’une saison où trois compétitions majeures ont été cochées en handisport : les championnats de France petit-bassin en décembre, les France grand bassin, qualificatifs pour les championnats du monde prévus en Malaisie, au printemps et ces Mondiaux. A Kuching, Ugo Didier visera l’or sur 100 dos, une belle perf en 200 4 nages et si le programme le permet, de participations intéressantes sur 100 et 200 m NL. // J. Soyer
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