Deux médailles d’argent pour Sandrine Aurières-Martinet (-52 kg) et l’équipe B1, une de bronze, pour Cyril Jonard (- 81 kg), l’objectif partiel des trois médailles est atteint. Manque un titre, mais bien plus encore à en croire l’analyse d’Olivier Duplan le directeur sportif des Bleus. Ce dernier nous livre, sans concession, son sentiment empreint de déception et d’inquiétude.
Certes. Mais le bilan reste décevant et inquiétant. Nous repartons de ce championnat d’Europe avec plein de questionnement pré et post-paralympique Rio 2016. Sandrine Aurières-Martinet et Cyril Jonard seront les deux seuls judokas français présents à Rio. Et ils étaient déjà à Athènes e 2004. Ce n’est pas loin d’être une hérésie. En plus, nous espérions que ces deux combattants puissent emmagasiner de la confiance, or cela n’a pas pu être fait.
Je pense qu’ils ne sont pas allés au bout de leur démarche. Au bout des choses. Sandrine Aurières-Martinet est entrée sur le tatami pour ne pas perdre sa finale plus que pour la gagner. Quant à Cyril, en demi-finale, il perd sur une erreur de concentration évitable. Plus globalement, cette équipe de France manque de charisme. Elle fait juste le job. Il manque cette dose de confiance qui permet d’être plus agressif, d’être davantage porté sur l’attaque. D’autres ont manqué d’envie aussi. Voilà pourquoi il y a de la déception et de la frustration.
Pas forcément. Le groupe manque de personnalités fortes. Il est composé de personnes très précieuses et agréables. Parfois peut-être un peu trop gentilles. Il manque peut-être ce côté égocentrique indispensable à la performance. Et force est de constater que l’on ne remplace pas comme des garçons comme Olivier Gugnon de Sevricourt, à la fois fédérateurs et très bons pour assurer le relais entre le staff et les athlètes aussi facilement. Peut-être que nos judokas sont un peu trop noyés dans la masse lors des stages avec les valides.
Clairement. Ils sont loin et c’est inquiétant pour la suite. Ils n’ont pas franchi le cap attendu alors qu’ils s’entraînent dans des structures valides, avec et contre les meilleurs jeunes de France. Cela remet forcément en question le travail du staff, de la commission en matière de détection aussi. Surtout quand on voit que des pays un peu similaires au nôtre, comme l’Allemagne, l’Espagne ou l’Angleterre trouve de jeunes prometteurs. En France, certains judokas déficients visuels pratiquent en valide mais refusent d’intégrer le handisport car ils pensent que cela peut ternir leur carrière. Il faut réussir à leur faire comprendre que les deux carrières peuvent favoriser leur épanouissement et leur progression. Mais j’avoue que l’on ne sait pas où aller et comment faire. Néanmoins, nous avons déjà un partenariat avec le pôle espoir de Limoges pour permettre aux jeunes étant dans une démarche de haut niveau de participer aux stages organisés dans cette structure.
Oui. Mais ce travail a été entrepris il y a moment déjà, avec Marc Fleuret. On ne parvient pas à trouver la bonne solution, les bons réseaux de communication. Il faut aussi mieux former les enseignants pour leur permettre d’apporter les réponses nécessaires à un jeune judoka en situation de handicap qui pousse les portes d’un dojo. Nous devons sans doute renforcer notre travail de formation et de communication auprès des profs de judo et densifier notre réseau de Conseillers Techniques Fédéraux Régionaux. // J. Soyer
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