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Olivier Skenadji : Chacun est au service du collectif

6 janvier 2015

Entraîneur de l’équipe de France de tennis de table, ce cadre d’État de la fédération valide de tennis de table explique les avantages de se partager entre les deux mondes.
Olivier Skenadji, 34 ans, entraîne l’équipe de France handisport de tennis de table depuis l’olympiade 2008-2012. Comme quelques-uns de ses confrères dans d’autres disciplines – Cyril Pagès en judo notamment – il est cadre d’État à la fédération valide de « ping » et bénéficie d’un détachement pour assurer sa mission auprès de la FFH. Il raconte pourquoi il a fait ce choix et le plaisir qu’il en retire.

 

Olivier Skenadji, à quand remonte vos premiers conseils aux pongistes handisport ?

J’ai entraîné l’ASPTT Nîmes pendant deux ans avant de devenir conseiller technique départemental du Gard pendant onze ans. A cette occasion, j’entraînais dans une salle de Nîmes où évoluait aussi la section ping du club handisport nîmois. Leur présidente cherchait un entraîneur pour une séance par mois. Cela entrait dans le cadre de ma mission au comité qui consistait à ouvrir la pratique à de nouveaux publics. J’ai suivi les formations handisports sur deux ans entre 2007 et 2008. J’ai parallèlement été sollicité par Sébastien Messager, nommé directeur sportif après les Jeux pour intégrer son staff après Pékin.

 

Pourquoi avoir accepté ?

Par intérêt et curiosité. Cela me plaisait de découvrir la formation, de découvrir le monde du handicap au sens large. Je ne connaissais pas du tout. Il était également enrichissant d’être confronté à un public différent et à des pratiques nouvelles. En handisport, le tennis de table c’est quatre sports en un. Les contraintes liées au handicap rendent très différent la manière de jouer. Cela est possible car j’ai trouvé un arrangement via une convention entre les deux fédérations pour concilier ma mission de cadre d’État à la FFTT et celle liée à l’équipe de France de tennis de table handisport.

 

C’est-à-dire ?

Je suis détaché un quart temps, lissé pendant quatre ans, pour suivre les Bleus handisport. C’est souvent moins de 25 % durant les deux premières saisons de l’olympiade afin d’être plus disponible lors des deux ans qui suivent et notamment l’année des Jeux. 


 

Qu’apprenez-vous au contact de l’équipe de France handisport ?

C’est une formidable aventure humaine. On ne se plaint plus. J’ai eu le sentiment d’arriver dans une petite famille au sein de laquelle la rigueur et le sérieux n’empêchent pas la convivialité et l’entraide. Entre nous, membres du staff, comme vis-à-vis des joueurs.

 

Comment cela ?

Par exemple, lorsque plusieurs joueurs jouent en même temps durant une épreuve majeure, un collègue peut passer la main à un autre. Quand l’un d’entre nous a essuyé quelques résultats négatifs, il trouve toujours un autre coach pour le réconforter via de bons mots. Chacun se met au service du collectif.

 

En quoi coacher des handicapés peut-il vous servir en valide ?

J’ai beaucoup appris sur le plan tactique. Nous devons tenir compte des forces et des faiblesses des joueurs en fonction de leur handicap. D’où la nécessité de suivre des formations. Cela peut aussi permettre de forcer un peu un joueur pour lui permettre d’élargir sa palette. Techniquement, j’ai aussi beaucoup appris sur le jeu au coude ou sur le ventre. Cette expérience me montre aussi qu’il n’y a pas qu’une manière d’enseigner et de jouer au tennis de table. En handisport, il faut être efficace et ce même si les gestes ou les déplacements ne sont pas académiques.

 

Quels sont les avantages pour la FFH d’avoir des cadres techniques issus de fédérations valides ?

Cela permet peut-être une meilleure structuration des commissions sportives. La mise en place de moyens humains supplémentaires favorise aussi la détection. Des stages jeunes, spécifiques tennis de tables, ont vu le jour ces dernières années.

 

Entraîneur l’équipe de France handisport, c’est aussi vivre des championnats majeurs et les Jeux…

Oui. C’est d’ailleurs flatteur et intense à vivre. Ce sont de supers moments car nous les vivons en équipe. Les Jeux procurent des émotions inoubliables car lorsque l’on entre dans le stade au rythme de la Marseillaise, nous sommes tous ensemble, toute l’équipe. Un podium et a fortiori un titre paralympique restent gravés car ce sont des tranches de vie partagées avec le reste de l’équipe, avec les joueurs. On mesure aussi parfaitement la chance de vivre ces épreuves car peu de temps après, parfois le lendemain de la dernière finale, le quotidien, avec nos interventions dans les écoles, auprès de jeunes débutants ou autres, reprend ses droits. Il faut donc vivre ces émotions paralympiques, européennes ou mondiales avec humilité.

 

Julien Soyer

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