C’était il y a 28 ans. Pourtant Lionel Chavanne, 55 ans, se souvient de cette finale mondiale Comme si c’était hier. A Bruges contre les Etats-Unis, la France s’imposait 62-61. « Les Américains représentaient, en handisport aussi, le basket-ball dans toute sa grandeur. Dans toute sa splendeur », lance cet ancien meneur ou arrière de l’équipe de France de handibasket. Celle qui a laissé une emprunte indélébile dans l’histoire de la discipline, au niveau français.
Cette année-là, la France d’Eric Benault, le capitaine de la formation tricolore, décoche l’or mondial. « On était alors sur le toit du monde. Les rois du monde pendant quelques années », jubile-t-il à l’évocation de ce souvenir. Le souvenir d’un sentiment de plénitude. « C’est incontestablement le moment le plus fort de ma carrière. Bien sûr, il y a eu les deux médailles de bronze aux Jeux paralympiques de Séoul et de Barcelone, en 1988 et 1992, mais être sur la première marche du podium d’une épreuve planétaire, c’est vraiment très fort. Il n’y a pas meilleure place. »
Cette équipe de France était en effet arrivée au sommet de son art en 1990. Deux autres performances exceptionnelles. « On était un bon groupe. Nous nous entendions bien. Il y a quelques années, André Auberger, l’ancien président de la FFH, féru de basket fauteuil, a organisé une sorte de jubilé où nous nous sommes retrouvés avec de nombreux anciens basketteurs, poursuit l’Alsacien, installé à Pfastatt, une petite ville non loin de Mulhouse. Cela a été l’occasion de revoir pas mal de champions du monde 90. C’était très sympa. Mais depuis je n’en revois pas souvent. »
Lionel Chavanne, contrôleur des finances publiques à Mulhouse depuis 1992, n’a pourtant pas eu tout de suite la volonté de pratiquer un sport après l’accident de la route qui a causé sa paraplégie. « C’était en 1983. J’habitais encore à Saint-Dizier (Haute-Marne), où j’ai grandi, explique-t-il. J’étais alors dans un petit centre de rééducation. Le référent handisport de la Meuse était venu me voir mais je ne me sentais pas prêt à faire du handisport. » Fauteuil inadapté, image un peu restrictive…
Lionel Chavanne a finalement découvert le handibasket à son arrivée en Alsace. « C’était lorsque j’étais dans mon centre de réadaptation professionnelle. Il y avait une salle de sport et deux séances de handibasket par semaine. Lorsque je voyais jouer ces jeunes de mon âge avec des fauteuils incroyables à mes yeux, j’ai compris que l’on pouvait faire des choses sympas… »
Invité à suivre une séance de club, il se lance. A corps perdu. La passion le gagne vite. « Comme j’étais assez grand, j’ai été aidé par les copains. » Réputé pour sa défense de fer, Lionel Chavanne franchit assez vite les échelons sous la houlette de Maurice Schœnacker, alors responsable de la commission basket à la Fédération Française Handisport. Membre de l’équipe de France espoir, il fait finalement parti du voyage aux Jeux de Séoul. « C’est l’autre très grand moment de ma vie. Disputer les Jeux alors que je n’étais qu’un handballeur modeste en valide, était comme un rêve… A l’annonce de la sélection, j’étais dingue. » L’expérience fut exceptionnelle tant sportivement qu’extra-sportivement.
A la naissance de sa fille aînée, il y a 19 ans, il a mis le sport entre parenthèses pour profiter de sa famille et mener sa carrière professionnelle de front. « J’ai bien essayé de rejouer il y a quelques temps mais ce fut trop compliqué. J’étais assez loin du niveau et cela pèse. »
Finalement, lorsque David, le fils de Maurice Schœnacker, a pris la suite de son père, Lionel Chavanne lui a proposé son aide… Si besoin. « Mes filles avaient grandi et étaient plus autonomes… » Il a donc endossé le rôle de trésorier de la commission et de manager de l’équipe de France. Deux fonctions qu’il continue d’assumer. « C’est formidable de rester dans son sport, se réjouit-il. Et surtout d’être au contact des jeunes… » Une vraie cure de jouvence. // J. Soyer
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