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Rencontre avec Makasidy Omar

14 janvier 2016
Makasidy Omar est une battante. Sourde, elle n’est pas appareillée et s’entraîne à la vitesse et au saut en longueur avec des athlètes valides, dans son club de Marseille, avec toute la rigueur et l’application que cela demande. Etudiante en architecture, elle a connu à 23 ans sa première sélection en équipe de France l’été dernier, pour les championnats d’Europe sourds, démontrant un potentiel intéressant avec une belle marge de progression. Posée et compétitrice, elle représente ces athlètes sourds qui veulent en découdre dans toutes les compétitions, avec les valides, avec les autres athlètes handisport. Echanger avec les autres bien sûr, mais surtout se confronter voilà sa ligne de conduite, elle qui fait l’unanimité grâce à sa sociabilité, sa bonne humeur, sa lucidité et son mental. Makasidy Omar et l’athlétisme sourd sont donc à suivre de près dans les mois et les années qui viennent.

Pourquoi avoir choisi l’athlétisme ?

J’ai choisi ce sport car j’aime me dépasser et donner le meilleur de moi-même. Cela me permet de faire des compétitions, de me confronter et d’aller toujours plus loin.

La première fois que tu as porté le maillot de l’équipe de France, quelle a été ta réaction ? 

J’étais vraiment contente de porter ce maillot tricolore et tellement fière de pouvoir représenter mon pays.

Quel athlète handisport admires-tu le plus ?

Marie-Amélie Le Fur ! Elle me soutient depuis que j’ai participé au championnat de France Handisport en 2013. C’est une grande championne, elle est internationale depuis très longtemps, elle a un gros palmarès et cela me motive beaucoup pour battre de nouveaux records personnels. 

Tu deviens capitaine de l’équipe de France et tu dois parler à l’équipe, quel discours tiens-tu ?

J’encouragerais les athlètes et prendrais le temps de leur rappeler clairement toutes les techniques qu’ils ont appris à l’entraînement pour les mettre en pratique en compétition. Je leur dirais qu’en cas d’échec, il faudrait assumer et avancer. Je leur demanderais également leurs objectifs afin de travailler avec eux pour les atteindre. Mon expérience d’entraîner des équipes de jeunes sourds, intégrés avec les entendants pourra me servir.

Que retiendras-tu des championnats d’Europe sourds 2015 en Pologne ?

J’ai été très contente de participer à cette compétition. J’ai été déçu de ma disqualification après-coup sur le 200m, alors que j’avais couru en 26’’90, mais assez satisfaite de mon 13’’02 sur le 100m qui m’a classé 10ème. J’ai bien aimé rencontrer des personnes venues de toute l’Europe, j’en garde un bon souvenir. J’ai une anecdote amusante : la veille du retour en France, je me suis baladé pour visiter et un vieux monsieur polonais m’a demandé de me prendre en photo. J’ai refusé. Il m’a demandé combien il fallait me payer pour pouvoir me prendre en photo. Je lui ai répété que je ne voulais pas. Je ne comprenais pas ce qu’il voulait. J’ai demandé à un ami polonais qui sait parler français. Il m’a dit simplement qu’il n’y avait pas de noirs en Pologne et que cela avait sûrement étonné ce vieux monsieur. J’ai vraiment été surprise. C’était rigolo.

Ton objectif sportif en 2016 ?

J’espère aller aux Championnats d’Europe indoor en mars 2016, en Pologne.

Ton meilleur souvenir d’athlète ?

Quand j’étais minime, j’ai beaucoup mordu lors d’un concours de saut en longueur, cela a fini par m’énerver. Je me suis dit que même si je mordais le dernier essai, ce n’était pas grave. J’ai finalement sauté à 5 mètres. J’ai sauté de joie.

Ton pire souvenir d’athlète ?

Mon pire souvenir remonte à mai 2014, en longueur, je me suis blessée à la hanche gauche. Je n’ai pas pu marcher pendant longtemps, ni faire de simples exercices comme des abdos ou du gainage.

Si je te dis Deaflympics 2017 (Jeux mondiaux sourds), tu me réponds quoi ?

Je veux vraiment y participer. Je veux connaître cela au moins une fois dans ma vie. // R. Goude, merci à Angélik Filippa, référente sourde de la commission athlétisme, pour son aide à la réalisation de cet article.

 

Le mot de Jean-Baptiste Souche

« Makasidy représente la nouvelle génération d’athlètes sourds en France. Rapide, motivée, très ouverte aux autres, toujours souriante. Cette jeune sprinteuse ne manque pas de ressources. Sa première sélection internationale cet été lors des championnats d’Europe lui a permis de toucher du doigt le très haut niveau, et de mesurer l’écart qu’il lui reste à combler. Si sa progression reste la même, on a toutes les chances de la revoir aux prochains Deaflympics, en 2017 ».

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