Sandrine Aurières-Martinet, vous voilà officiellement sélectionnée pour les Jeux de Rio ?
Ça fait plaisir. Même si ce sont mes quatrièmes Jeux, cette annonce officielle m’a fait un effet plus grand que lors des précédents Jeux auxquels j’ai participé. Cette sélection m’a plus touchée. C’est lié à l’évolution du niveau. Je mesure combien il est difficile d’y être. D’autant que les exigences de la commission nationale ont été revues à la hausse. C’est d’ailleurs logique au regard de la progression de la concurrence internationale. Cela n’a plus rien à voir avec le niveau pratiqué en 2002, à mes débuts en bleu. Sans des exigences aussi fortes, la France ne serait pas compétitive.
Cette annonce n’était pourtant pas une surprise…
C’est vrai car je suis actuellement troisième de ma catégorie (-52 kg) au classement mondial et j’ai quasiment toujours ramené des médailles de mes déplacements internationaux. Mais tant que ce n’est pas officiel… Au niveau de la préparation cela ne va pas changer grand-chose si ce n’est de travailler sereinement. En revanche, en matière de communication, on peut désormais se lâcher auprès des sponsors, des médias. On est forcément plus attractif quand on est assuré d’aller aux Jeux.
Avez-vous fêté ça en famille ?
Je n’en ai pas trop eu le loisir puisque deux jours après l’annonce je me suis blessée. A la même cheville que celle qui a lâché en demi-finales des Jeux paralympiques de Londres (où elle finit 4e, faute de pouvoir défendre ses chances). Mais ce n’est pas la même malléole. C’est la faute à pas de chance, mais cela ne remet pas en cause ma participation aux Jeux car je suis dans les délais. Ce n’est qu’un contretemps. En attendant de pouvoir reprendre, je travaille le haut du corps.
Le judo n’aura que deux représentants (avec Cyril Jonard), au Brésil. Que cela change-t-il ?
Il y a deux choses : cela m’attriste et m’inquiète un peu car être la seule Française à Rio trahit le manque de relève. Je ne sais pas vers quoi on va aller. Deux jeunes judokates étaient présentes au dernier championnat de France, fin janvier. Veulent-elles se lancer dans une démarche de haut niveau ? Je l’espère. Tout va être fait en ce sens. Ensuite, d’un point de vue plus personnel, je dois avouer que ce n’est pas désagréable.
Parce que vous êtes chouchoutée dans cette équipe masculine ?
Oui un peu plus (rires). Ma préparation est complètement personnalisée. Cyril Pagès, notre entraîneur n’est là que pour deux sportifs. C’est un luxe. Et puis je m’entends bien avec les mecs. Sinon, en stage, je suis souvent avec les valides. Il y a donc les judokates valides. Je ne suis donc jamais vraiment seule.
Mais en matière d’émulation collective ?
C’est très différent de ce que j’ai pu connaître avant, c’est certain. Olivier Cugnon, quand il était capitaine, était impressionnant pour sa capacité à détendre l’atmosphère en nous faisant rire et à nous aider pour nous surpasser. Aujourd’hui, nous sommes davantage une petite famille au sein de laquelle nous nous entendons tous bien. J’arrive à communiquer avec Cyril Jonard. Par ailleurs, avec la maturité et ma vie un peu dingue (travail, enfants, judo), j’avoue que me retrouver seule dans ma chambre en stage ou en compétition me va bien. Cela me permet de me retrouver un peu. J’ai aussi moins besoin d’être entourée qu’à mes débuts. Il faut réussir à positiver dans toutes les situations.
Quel est votre programme jusqu’aux Jeux ?
Il a été un peu modifié puisque je n’ai pas pu participer aux tournois d’Allemagne et du Brésil en raison de ma blessure. Je devrais pouvoir reprendre le judo en mai et retrouver la compétition en juin, par le tournoi d’Angleterre. Celui-ci sera suivi d’un stage. Cette épreuve devrait être ma dernière avant les Jeux. Après, nous aurons de longs stages puisque nous devrions aller à Montpellier pour participer au dernier stage de l’équipe de France valide avant son départ pour les Jeux. Puis nous en aurons un dernier à Toulouse. Je vais donc avoir de bonnes séances de travail. // J. Soyer
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