Rémi Garranger, en charge du développement de la discipline pour la Fédération Française Handisport, a profité de ce rendez-vous pour revenir sur la saison, évoquer l’évolution du cécifoot dans l’Hexagone et se projeter sur les championnats d’Europe 2026, organisés du 17 au 23 août par la France, à Schiltigheim. Un Euro qui offrira au champion un accès direct pour les Jeux paralympiques de Los Angeles 2028.
Quels enseignements sportifs est-il possible de tirer de cette saison de championnat de France post Jeux Paralympiques ?
Le championnat a mis un peu de temps à débuter : après les Jeux, il a fallu relancer la machine sur le plan national. Mais il est monté en régime au fil de la saison, à l’image de la belle phase finale de ce week-end disputée à Schiltigheim. En B2/B3, il a fallu attendre le dernier match pour connaître le champion. Il y avait donc un vrai enjeu ce samedi. Le Havre a finalement décroché le titre de la catégorie aux dépens de l’AC Boulogne-Billancourt. Idem pour la troisième place du podium que Schiltigheim a validée seulement à l’issue de cette phase finale décisive.
En revanche, en B1 Élite et Challenger, Bordeaux et Anderlecht ont assez vite validé leur titre.
Bordeaux a en effet vite assuré son titre de champion de France en Élite. Mais la deuxième place a été très disputée jusqu’à la fin. Le duel à distance entre Précy et Bondy a tourné en faveur de Bondy, qui termine deuxième à l’issue aussi de cette phase finale. Pour le maintien aussi, tout s’est joué sur ces deux derniers matchs entre Toulouse et Schiltigheim. Les Alsaciens restent en Élite. En Challenger, Anderlecht est promu en Élite, devant Lens. Dans cette division, il y avait un peu moins de suspense
Des rencontres Moins de 16 ans historiques
Parlons un peu développement. Avez-vous découvert de nouvelles équipes ou de nouveaux joueurs durant cette saison ?
Je pense que nous sommes en année de transition, dans le sens où l’impact des Jeux n’est pas encore visible. Les équipes s’inscrivent généralement en Juin-Juillet. C’était donc avant les Jeux de Paris. Il n’y avait pas encore tout cet engouement. Le nombre de licenciés, environ 250, est resté identique à celui des dernières saisons. Je pense que nous mesurerons mieux l’effet des Jeux durant les deux prochaines saisons. En revanche, ce samedi 14 juin est historique pour le cécifoot en France puisque nous avons assisté aux deux premiers matchs « moins de 16 ans » dans les catégories B1 et B2/B3. C’est une grande première.
C’est tout sauf anodin…
C’est un signe fort, mais ce n’est pas directement lié aux Jeux. Ces deux premiers matchs sont les fruits du projet Académie lancé il y a plusieurs saisons. Plusieurs clubs (Bordeaux, le FC Nantes, Toulouse, Schiltigheim et Lens, qui est très en avance sur ce point) ont leur propre Académie. Les jeunes sont donc venus de partout en France pour se regrouper et jouer ces matchs là.
Ressentez-vous des signes encourageants, en termes d’évolution du cécifoot en France, liés aux Jeux ?
Il y a des signes positifs en effet. Avec Cyril Ferdoel, mon collègue du para football, nous avons pas mal de réunions avec des clubs qui souhaitent monter des structures de cécifoot. J’ai en tête quatre ou cinq exemples. Il y a de vraies volontés çà et là. Après, il faut aussi que tout soit aligné : un lieu, des joueurs, un budget pour se structurer et s’inscrire en championnat. Tout ça demande un peu de temps, mais dans les deux prochaines années, je ne serais pas surpris de voir arriver trois ou quatre nouveaux clubs dans chaque ligue. Ce doit même être un objectif. Actuellement, Saint-Priest (une association 100 % cécifoot) et le club de La Bassée (Nord) veulent rejoindre le championnat la saison prochaine
Recevoir l’Euro 2026 est un vrai booster
Dans cette optique de développement, on imagine que le Championnat d’Europe 2026 organisé en France (17-23 août 2026) sera déterminant ?
Jamais des dates de championnats majeurs n’ont été fixées aussi tôt. Nous avons donc la possibilité de bien préparer cet événement, qui se déroulera à Schiltigheim. Un club qui a reçu à trois reprises le World Grand Prix et qui a démontré toute sa capacité à valoriser une épreuve internationale. C’est d’ailleurs après l’excellente organisation du World Grand Prix 2024 que la Fédération internationale a décidé de confier, par délégation et validation de la Fédération Française Handisport, la réception de ce Championnat d’Europe 2026 à ce club. Autre avantage, on connaît déjà six des huit équipes qualifiées (France, Angleterre, Turquie, Allemagne, Grèce et Italie). Les deux dernières formations seront connues à l’issue de l’Euro 2e division, prévu fin juin.
Qu’en attendez-vous en termes de retombées ?
Accueillir ce genre de rendez-vous, ça booste un sport. Soit pour le relancer, soit pour amplifier encore une dynamique positive de développement. Le timing est idéal. Nous avons eu les Jeux, qui sont incomparables en termes d’événement, deux ans pour travailler sur le développement et la visibilité, et ce Championnat continental pour que le soufflé ne retombe pas ou pour continuer de lui donner de l’importance. C’est une ambition partagée par le club de Schiltigheim, qui réfléchit à trouver un autre site pour cet Euro
Comment cela ?
Les dirigeants du club aimeraient installer le stade en cœur de ville, dans un lieu mythique, afin de créer une association culture et sport. Cela donnerait une autre valeur et une autre dimension à l’événement. Et qui dit en cœur de ville, dit davantage de passage, de densité de population, donc davantage de spectateurs et de visibilité.
Les classements de la saison 2024-2025
B1 Élite : 1. Bordeaux, 2. Bondy, 3. Précy. Relégué : Toulouse.
B1 Challenger : 1. Anderlecht, 2. RC Lens, 3. Clermont.
B2/B3 : 1. Le Havre, 2. AC Boulogne-Billancourt, 3. Schiltigheim.
TOUTES LES IMAGES DE L’ÉVÉNEMENT © Dom Robin / 67 Foot
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