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Session Handisport au congrès scientifique SFMES-SFTS

19 octobre 2021
Le vendredi 24 septembre dernier, avait lieu à Paris le congrès de la SFMES-SFTS (société française de médecine de l’exercice et du sport, associé à la société française de traumatologie du sport), comprenant dans sa programmation une session dédiée au Handisport, et plus particulièrement aux sportifs en fauteuil. Arnaud Faupin, chercheur en biomécanique au laboratoire IAPS de l’université de Toulon et conseiller scientifique à la FFH, Vincent Ferring, kinésithérapeute fédéral Handisport et Frédéric Rusakiewicz, médecin fédéral Handisport intervenaient notamment lors de cette session. Rencontre avec Arnaud Faupin pour nous éclairer sur son intervention.

Quels sujets ont été abordés lors de la session Handisport ?

Arnaud Faupin : Plusieurs thématiques ont été présentées lors de ce congrès mettant en avant les spécificités de pratique, d’entrainement, de réglage de matériel, de blessures ou de récupération des sportifs pratiquant en fauteuil. Il y a eu notamment des interventions sur l’histoire du fauteuil roulant, la récupération sportive adaptée aux blessés médullaires, l’analyse biomécanique de la propulsion en fauteuil, les pathologies de l’épaule ou encore la prévention des pathologies des membres supérieurs.

Sur quelle thématique s’est orientée votre intervention ?

AF : Lors de ma présentation, j’ai questionné l’incidence des choix de technique de propulsion et des réglages du fauteuil sur l’apparition de facteurs de risque chez les basketteurs en fauteuil et les handbikers. Je me suis notamment attaché à préciser les risques de troubles musculo-squelettiques (TMS) les plus fréquents chez les sportifs utilisant leurs membres supérieurs pour se propulser, tels que la tendinite de la coiffe des rotateurs, le syndrome du canal carpien ou encore la tendinite du coude.

Pourquoi les sportifs en fauteuil sont-ils plus sujets à ce type de blessures ?

AF : Ces blessures sont similaires aux risques observés dans la réalisation d’un travail à la chaine par exemple. C’est pourquoi, nous retrouvons les mêmes paramètres biomécaniques à l’origine des TMS chez les basketteurs en fauteuil et les travailleurs à la chaine: répétitions, cadences, force, postures… Ces paramètres cumulés peuvent ensuite entrainer des blessures. 

Pouvez-vous nous préciser comment ces paramètres se traduisent chez les sportifs en fauteuil ?

AF : Dans la littérature, nous retrouvons des paramètres plus précis liés aux risques de blessure tels que l’amplitude totale de mouvement qui pourrait se traduire en athlétisme fauteuil par une extension complète du bras pour aller boxer la main courante. Les accélérations angulaires qui correspondent au geste de poussée sur la main courante avec un impact fort sur celle-ci ont également pour conséquence d’accélérer le geste des membres supérieurs du sportif et de participer à l’augmentation du risque de TMS. Le repos insuffisant des sportifs entre les sollicitations de la vie personnelle (transferts…) et de la vie sportive, participe également à accentuer ce risque.

Y-a-t-il d’autres  facteurs de risque de TMS ?

AF : Oui les causes de TMS sont multifactorielles, nous pouvons citer également  les forces appliquées sur les mains courantes, les moments de force articulaire ainsi que l’activité musculaire des membres supérieurs. Nous allons par exemple mesurer l’activation musculaire et son pourcentage de force maximale, et analyser son incidence sur le risque de TMS. L’outil de mesure privilégié actuellement, est la roue instrumentée « Smartwheel » qui permet de mesurer les paramètres de force ou la direction de celle-ci sur les mains courantes. Nous savons déjà que lors de la réalisation d’un mouvement circulaire tel que la poussée, la seule force efficace est tangentielle au mouvement réalisé par le sportif. La capacité du sportif à bien diriger la force est donc primordiale pour protéger ses articulations.

Est-ce que le handicap est un facteur de risque supplémentaire ?

AF : Effectivement plus le niveau d’atteinte des sportifs blessés médullaires est important, plus ils peuvent être sujets à l’apparition de TMS. Cela s’explique par la technique de propulsion en fauteuil, le risque de blessure majoré à chaque transfert ou encore par le cumul avec l’activité sportive.

Quels conseils donner aux sportifs pour limiter l’apparition de TMS ?

AF : Il faut tout d’abord rappeler que la pratique minimum d’une activité physique et sportive permet de diminuer les risques de blessures car le sportif va développer certaines capacités musculaires permettant de protéger ses articulations. Il peut également être pertinent de changer l’ergonomie du fauteuil pour modifier la technique de propulsion du sportif et favoriser ainsi l’orientation de la force de manière tangentielle au mouvement de poussée. Il est conseillé de limiter les à-coups et d’apprendre aux sportifs à accompagner le mouvement de la main courante. Enfin, lors de stages, de compétitions ou même dans la vie courante, l’utilisation de systèmes d’aide à la propulsion peut également favoriser le repos des membres supérieurs.

Rédaction : S.Mauduit


Pour en savoir plus

Consulter « Question recherche #1 » : quel est le mode de propulsion le plus efficace en fauteuil de sport et le moins traumatisant pour les sportifs?

Consulter un article « réflexion sport » sur les outils au service des athlètes en fauteuil.

Consulter les cahiers des experts sur le fauteuil d’athlétisme, de basket et de tennis de table.

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