Pour elle aussi, c’est la dernière ligne droite. Si Stéphanie Moronvalle ne va pas tenir la raquette à Rio, elle va contribuer à la performance de chacun des quatorze pongistes tricolores engagés dans ce tournoi paralympique 2016. « Les Jeux, c’est magique. Il y a cette ambiance et cette possibilité de croiser d’autres sportifs étrangers, français mais aussi d’autres kinés. » Cette année, ils seront quinze au sein de la délégation tricolore. « Habituellement, on se voit une à deux fois par an maximum. »
Depuis fin 2008, la kinésithérapeute, installée à Montreuil en région parisienne depuis 18 ans, concilie son emploi du temps professionnel avec celui de l’équipe de France de tennis de table handisport. « Je pose mes vacances pour suivre les joueurs lors des stages et des épreuves majeures notamment », raconte-t-elle. Ce fut encore le cas cette semaine où elle s’est rendue à Montrodat (Lozère), lieu des regroupements des Bleus. Un dernier stage sous haute tension. « On adapte au maximum les séances et les doses de travail, explique Stéphanie Moronvalle. Il s’agit surtout de renforcer les liens et de régler les derniers détails dans le jeu. Pas de se blesser. »
Après une préparation de quatre années, les risques sont réels. « Certes, les athlètes sont prêts, mais ils sont aussi fragilisés par ces quatre années de travail pour se qualifier puis pour se préparer. La pression et le stress grandissants sont aussi des facteurs supplémentaires de blessure. »
Arrivée juste après les Jeux de Pékin dans le staff – « En répondant à une annonce parue dans un magazine de kiné » – cette ancienne joueuse de « ping », licenciée à Meudon jusqu’en 2012, a tout de suite adhéré. « Kiné du sport, j’avais aussi bossé pour la FFTT, mais j’avoue avoir accroché davantage en handisport. La détermination et la volonté affichées par les joueurs m’ont convaincue. » Elle officie en étroite collaboration avec Michel Roux, ostéopathe et kiné également membre du staff dirigé par Sébastien Messager et Isabelle Ferber, l’infirmière. « L’un d’entre nous, au moins, est toujours présent en stage », précise-t-elle. Une option appréciée par les joueurs. « Le staff s’est étoffé depuis quelques années et c’est très bien, commente Isabelle Lafaye qui s’apprête à disputer ses sixièmes Jeux paralympiques. Surtout, nous avons toujours un kiné lors des stages et c’est bien ainsi. Cela évite que l’on termine exténué et blessé. »
Avec les Bleus, Stéphanie Moronvalle, 42 ans, apprécie aussi la diversité et la globalité du rôle. « C’est un boulot de kiné pour tout ce que ça comprend. Tu n’es pas seulement dans le massage ou les étirements des sportifs de haut niveau. Tu dois tenir compte des pathologies et t’adapter à chaque instant. Il faut pouvoir travailler sur une chaise, dans des conditions parfois assez rudimentaires. Dès fois, on me dit que je pourrais travailler dans la jungle… » Pour bien cerner les enjeux, ils ont passé, avec Michel Roux, le diplôme de classificateur dès leur arrivée dans le mouvement. « Ainsi, nous conseillons ou non les protestations pour demander à classer un joueur dans la catégorie de handicap qui est réellement la sienne. »
Mais comme souvent avec les kinés, ils sont aussi les confidents des sportifs. Présente avec certains en chambre d’appel, Stéphanie Moronvalle prête une oreille attentive et livre quelques bons mots si besoin. Ancienne joueuse et entraîneur de tennis de table diplômée, elle peut aussi revenir sur certaines parties avec ses protégés. Il lui est même arrivé de prêter main-forte au coaching quand cela fut nécessaire. Mais à Rio, elle se contentera de prodiguer ses soins et d’être à l’écoute du team France.// J.SOYER
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