Courant décembre, Théo Curin, amputé des quatre membres à la suite d’une méningite foudroyante survenue quand il était enfant, revient de Paris où il a assisté à une manifestation Paris 2024. Le nageur de l’équipe de France handisport est en effet représentant des sportifs de haut niveau au sein du Comité d’organisation. « C’est une très belle sollicitation. J’ai rencontré de nombreux présidents de fédérations, d’autres sportifs. C’est bien de voir de nouveaux visages, de connaître de nouvelles personnes, se réjouit l’adolescent de 16 ans. Être associé à cette organisation permet de se projeter encore plus facilement vers l’avenir. »
Un avenir qu’il continue d’écrire avec son entraîneur, Fabien Maltrait. « Ma place, 4e sur 200m, n’est pas celle que nous rêvions que je décroche, admet le lycéen. Nous avons revu mes courses pour débriefer. J’ai mesuré à quel point la pression des Jeux influence la nage et le niveau. J’avais tout pour nager très vite. Mes entraînements avaient été bons et mes blessures étaient toutes derrière moi. Mais cette expérience va me servir pour les Jeux Paralympiques de Tokyo en 2020. J’ai quatre ans d’avance. »
A Rio, Théo Curin, très sollicité, a vécu des Jeux particuliers. Au point de perdre un peu de sa sérénité et même de son plaisir. Entre les attentes des uns et des autres, la découverte d’un univers de compétition très différent et une médiatisation nouvelle, le Mosellan d’origine a parfois traversé des périodes délicates. Moralement. « Heureusement que mes parents, le staff France et Philippe Croizon étaient avec et derrière moi. Ils m’ont tous par leur présence, leur protection et leurs messages aidé à surmonter. » Idem à son retour en France. Là encore, les médias ont voulu se l’arracher. Malgré ses 16 ans, le sportif a saisi qu’il avait davantage à perdre en acceptant. « Je me sentais très fatigué. Je risquais donc de ne pas bien réussir à dire ce que je voulais et comme je le souhaitais. » Déjà une grande preuve de maturité. « J’avais aussi très envie de rentrer chez moi et de me reposer. »
Du vécu, de l’expérience. Théo Curin entend profiter de cette première aventure paralympique pour grandir encore. Sans perdre de temps. A peine revenu au pôle de Vichy, le lycéen s’est remis au travail. « L’accueil a été extra mais de mon côté, je n’ai pas voulu avoir de traitement de faveur. Je me suis immédiatement remis sur le rythme de mes copains. Le contenu de mes séances était un peu différent mais je voulais vite retrouver leur dynamique. » Avec en ligne de mire les prochains championnats de France N1, qualificatifs pour les Mondiaux, programmés au Mexique. « Je vais essayer de développer encore mon 200 m nage libre mais aussi de travailler le papillon pour varier un peu les plaisirs. » Le tout en menant de front son projet scolaire. « La reprise des cours a été un peu difficile, admet Théo Curin. Les premières semaines de la 2nde sont souvent consacrées à la méthodologie… Aujourd’hui, c’est bon. »
Dans l’eau, comme en classe, Théo Curin est paré pour franchir de nouveaux paliers. // J. Soyer
© G. Picout
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