Ugo Didier, 16 ans, est né les pieds bot et les membres inférieurs atrophiés. Passionné de sport, il ne pouvait pratiquer que la natation. « Je ne peux ni courir, ni sauter », explique-t-il. Mais dans l’eau, le nageur de Cugnaux, où il s’entraîne majoritairement, affole les chronos, notamment sur le dos. Champion du monde du 100 m en décembre à Mexico, pour ses premiers championnats du monde, il vise une qualification pour les championnats d’Europe, prévus en août à Dublin (Irlande). Chaque mois, Ugo nous ouvre les portes de sa préparation.
De retour de Mexico, Ugo Didier a été fêté dignement par son établissement scolaire. « La proviseure du lycée, lors de mon premier jour d’école, m’a accueilli personnellement pour me féliciter. Elle m’a accompagné dans la classe où j’avais cours. On a chanté la Marseillaise avec les autres élèves. A plusieurs reprises, avec différents profs, nous avons visionné la vidéo de mon podium. C’était chouette. Dans le lycée, il y a aussi eu une grande affiche de moi avec un message de félicitations. Parallèlement, pendant les fêtes de fin d’année, j’ai pu partager ce titre avec ma famille. Leurs messages de félicitations et leurs impressions m’ont fait prendre conscience de ce titre. Ça m’a fait plaisir et c’est une grande fierté mais je sais aussi qu’il y a encore beaucoup de travail à effectuer pour aller chercher d’autres médailles. »
« A mon retour, je ne me suis entraîné qu’une fois tous les deux jours, au lieu d’une fois par jour. J’ai profité de ce rythme moins soutenu pour récupérer mes cours et combler le retard pris durant mes quinze jours de compétitions. Avant de partir, j’avais prévenu mes profs et dans la mesure du possible, nous avons pu anticiper un peu. Cela m’a aidé mais ce ne fut pas si simple quand même. Après les fêtes de fin d’année, j’ai retrouvé un rythme classique. Dès le 2 janvier, nous avions un stage avec le club. Dès la reprise des cours, je suis revenu à une séance de deux heures par jour. Le samedi, il y a 3h avec la moitié consacrée à la préparation physique et l’autre moitié à la nage.
Les grandes lignes de travail fixées consistent à prendre de la force pour renforcer mes appuis sur l’eau. En dos, ma spécialité, comme en crawl, mes bras ont tendance à traverser l’eau. En revanche, je dois aussi accentuer mon point fort, à savoir ma fréquence. »
« Du 2 au 4 mars, nous sommes partis avec l’équipe de France, après un stage en février, sur la World Series de Copenhague. Ce fut une épreuve très intéressante puisque j’y ai amélioré tous mes chronos. Je n’ai pas fait de podium car toutes les courses individuelles étaient disputées en open (toutes classes de handicap confondues). Mais par rapport aux adversaires de ma catégorie, j’étais généralement bien placé. Et puis il y a eu ces deux relais en 4X100 NL et 4X100 4 nages. Nous avons terminé deux fois deuxièmes. C’était extra, il y avait une très belle synergie dans le groupe. Une ambiance de fous. Désormais, je vais travailler le long avec comme objectif d’arriver fin prêt aux championnats de France élite, en mai, à Saint-Raphaël (Var). Cette épreuve est qualificative pour les championnats d’Europe, l’objectif majeur de l’année. » // J. Soyer
© R. Kuckuck
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