Ugo Didier, 16 ans, est né les pieds bot et les membres inférieurs atrophiés. Passionné de sport, il ne pouvait pratiquer que la natation. « Je ne peux ni courir, ni sauter », explique-t-il. Mais dans l’eau, le nageur de Cugnaux, où il s’entraîne majoritairement, affole les chronos, notamment sur le dos. Champion du monde du 100 m en décembre à Mexico, pour ses premiers championnats du monde, il vise une qualification pour les championnats d’Europe, prévus en août à Dublin (Irlande). Dans moins d’un mois, il disputera les championnats de France élite et devra faire les minimas.
« Il y a deux semaines, pendant ma première semaine de vacances, nous avons eu le stage du collectif France effectué à Talence, dans l’optique des championnats de France, prévus à Saint-Raphaël du 24 au 28 mai. Je dois y effectuer les minimas qualificatifs pour les championnats d’Europe de Dublin. C’est vraiment l’actualité principale de ce dernier mois. En 100 m dos S9, ma spécialité, le minima est de 1’05’’91. Mon temps de référence est de 1’05’’33 et je l’ai réalisé à Copenhague en mars dernier.
Comme il y avait tous les collectifs France, on peut parler d’un stage élargi. Nous étions répartis en groupes de niveaux. Je me suis donc retrouvé avec des nageurs qui avançaient au même rythme que moi (sans distinction de classe de handicap ou des chances de qualifications). Depuis les Mondiaux j’ai disputé la World Series de Copenhague (Danemark), mais c’est la première fois que je retrouvais l’intégralité des collectifs France. C’était super. »
« L’ambiance était excellente au sein de toute l’équipe de France et de notre groupe, dirigé par Guillaume Domingo. On a vraiment bien travaillé. Tout le monde s’est tiré vers le haut. On a fait quelques très grosses séries. Le matin, on faisait du kilométrage (7-8 km), j’ai senti de nouvelles choses dans l’eau. Surtout en crawl. On a fait des séries vraiment dures et j’ai eu de nouveaux appuis, avec davantage d’amplitude et moins de fréquences. Ce sont des axes de travail ciblés donc on est sur la bonne voie. Les temps étaient plutôt au rendez-vous. Cela m’a mis en confiance. Pour l’instant au niveau de la préparation, j’ai l’impression d’être bien calé. Mais les championnats de France seront le révélateur. »
« En début de semaine, on a eu un échange avec le staff, dans sa globalité, pour revoir tous ensemble le principe de l’échauffement à sec. Personnellement, j’ai appris un nouvel exercice de bras. L’idée est de réaliser des ronds internes et externes avec un élastique afin de bien prévenir les blessures. Jusqu’à aujourd’hui, j’ai eu la chance de ne jamais en connaître au niveau des bras. C’est important parce que le moindre arrêt modifie les plannings d’entraînements. Au fil des rencontres avec différents entraîneurs, d’autres staffs, j’apprends de nouveaux exercices, de nouvelles méthodes. »
« Durant ce dernier mois de préparation, il va encore y avoir du volume et du kilométrage entre deux et trois semaines. On programme aussi des exercices d’appui avec les plaquettes pour progresser encore en la matière. Je vais diminuer le kilométrage assez tard : trois ou quatre jours avant le championnat de France afin de reprendre de la vitesse. Mais j’aime bien nager pas mal avant la compétition. Je ne veux pas ralentir le kilométrage trop tôt sinon j’ai davantage de difficultés à tenir la longueur sur les épreuves demi-fond comme le 400. »
« J’ai dû faire choix de courses, parce que juste avant le championnat de France j’ai une épreuve du Bac (option physique-chimie en anglais). Je ne vais pas m’aligner sur le 100 NL du vendredi car je vais rentrer le jeudi. Ma première épreuve sera donc le 100 m dos. Celle où je vise les minimas. Comme l’an dernier, à Strasbourg où j’ai décroché mon temps pour les Mondiaux de Mexico. J’enchaînerai ensuite avec le 400 NL et le 200 4 nages. Je n’ai jamais nagé dans le bassin de Saint-Raphaël, donc je vais y aller un peu avant pour le découvrir et prendre mes marques. » // J. Soyer
© G. Picout
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