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Norbert Krantz : « La France peut viser un record de médailles à Tokyo »

16 décembre 2019
Norbert Krantz, en charge des équipes de France des sports paralympiques d’été, dresse un bilan assez positif à l’issue des épreuves de référence de cette saison. À dix mois des Jeux Paralympiques de Tokyo (25 août – 6 septembre), les espoirs restent élevés.

« Le bilan est mitigé mais je suis assez confiant. » Norbert Krantz, directeur des équipes de France des sports d’été, n’est pas du genre à s’enflammer. Ni à laisser croire à des miracles. Par expérience, il a appris à évaluer, juger… En fonction des profils, des comportements et des récurrences qui accompagnent le sport tricolore. « Nous avons multiplié les places de 4 à 6, plaçant les Français dans des positions d’outsiders qui leur va généralement bien. »

Un record de médailles à Tokyo ?

Pour Tokyo, la France peut viser un record en ce qui concerne le nombre total de médailles. « Ces sportifs situés entre 4 et 6 savent ce qu’ils ont à faire pour monter sur les podiums. Pour l’or, le champ des possibles est énorme. En cas de mauvais scénario, on peut avoir quatre médailles d’or. Si la dynamique est très bonne, on peut monter jusqu’à 13 titres ! À Rio, en 2016, en reprenant les sports dont on a la délégation aujourd’hui, nous avions fait 6 médailles d’or. Si je fais un bilan rationnel, j’arrive à 8-9 premières places. Cela correspond bien à l’image de la France. »

La Fédération Française Handisport a été représentée sur six championnats du monde (tir à l’arc, cyclisme, escrime, développé couché et musculation, natation et athlétisme) et autant de championnats d’Europe (tennis de table, rugby, basket, cécifoot, boccia et goalball) entre mars et novembre 2019. Soit environ 150 sportifs. « La saison a été longue et très étendue en raison de ces Mondiaux d’athlétisme programmés en novembre, souligne-t-il. Cela pose d’ailleurs la question des programmes à établir dans l’optique des Jeux. »  

19 podiums mondiaux en 2019

 

Alexandre Léauté © Jean-Baptiste Benavent

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À tout seigneur, tout honneur. Le premier titre est revenu au cycliste Alexandre Léauté. À 19 ans, il a mis fin à 12 ans de disette, en vélo solo sur route, dans les rangs français. « Il est d’ores et déjà capable, même si sa catégorie sera mélangée aux C3 lors des Jeux, de surprendre tant sur la route que sur la piste, avance Norbert Krantz.  Et ce d’autant plus que la FFH a injecté pas mal d’argent pour améliorer l’ensemble de la technologie, notamment par l’achat de vélos très sophistiqués. Cela favorisera des gains de performance. »

 

Timothée Adolphe et Jeffrey Lami © F. Pervillé

La 2e médaille d’or est celle de l’athlète Timothée Adolphe sur 400 m T11 (avec Jeffrey Lami comme guide). « La satisfaction est qu’il a enfin vaincu le signe indien. Champion des médailles d’argent et de bronze, il décroche enfin la consécration suprême. Et jusqu’ici, il lui arrivait toujours une mésaventure dans un grand championnat. » Timothée Adolphe s’est aussi offert l’argent sur 100 m. 

Au total, la France clôture cette année 2019 avec 19 médailles mondiales, dont deux en or. L’autre performance de choix des cyclistes bleus est à mettre au crédit de Marie Patouillet (WC5), médaillée de bronze sur piste en 500 m départ arrêté.
 
L’athlé française a ajouté 2 médailles d’argent et 2 médailles de bronze.  Mandy François (argent et bronze sur 200 et 100 m T37) et Dimitri Pavade (longueur T 64) sont les autres médaillés. « Ce dernier est la bonne surprise. Il a démontré un potentiel nouveau et un état d’esprit formidable pour l’équipe de France. »  

Les promesses des jeunes nageurs

Dans cette discipline, le bilan comptable est certes un peu en dessous des objectifs fixés,  mais Norbert Krantz rappelle que les Bleus pourront compter sur le retour de Marie-Amélie Le Fur. « Son niveau est déjà intéressant. Et les essais effectués par Nantenin Keita incitent à l’optimisme. »

 

Équipe de france de natation lors des mondiaux à Londres

Les nageurs français aussi sont source d’espoir. Avec neuf médailles, dont trois d’argent, lors des Mondiaux de Londres, ils ont marqué les esprits. « La majorité des médaillés a moins de 20 ans ou 20 ans tout juste. Et les autres apportent aussi une vraie fraîcheur par leur arrivée récente dans le mouvement, développe Norbert Krantz. Certains, malgré leur jeune âge, ont confirmé leur valeur. Laurent Chardard, lui, peut devenir la très belle surprise des Jeux. »

Malgré des résultats décevants, l’escrime récolte aussi une médaille d’argent en épée homme. « On continue à espérer de cette discipline le meilleur mais c’est difficile. Néanmoins, l’apparition de Yohan Peter et de Gaëtan Charlot, deux jeunes porteurs d’espoirs, ouvre des perspectives pour Paris 2024. »

Équipe de France de Boccia © S. Ternel

Pour les sports engagés aux championnats continentaux, l’accent est mis sur la boccia. Sacrée championne d’Europe, en battant les champions du monde grecs en finale, l’équipe de France a signé un résultat historique, synonyme de qualification pour les Jeux japonais. Autre sport collectif en grande forme, le cécifoot. Médaillé d’argent à Rome, les Français reviennent du diable Vauvert. « Je pense que l’on peut les retrouver très haut aux Jeux de Tokyo. »

Malgré la 3e place, l’équipe de France de rugby fauteuil a connu une petite déception. Elle a encore une chance via le tournoi de qualification paralympique. Si elle se qualifie, cette équipe de France peut troubler le jeu des meilleures équipes mondiales. « La France a postulé  pour l’organisation de ce tournoi de qualification. Mais la candidature du Canada se défend aussi. »

L’équipe de France de tennis de table a également affiché des promesses intéressantes. Avec trois titres européens (Fabien Lamirault  en classe 2, Thu Kamkasomphou en classe 8F et l’équipe classe 2 avec Stéphane Molliens et Fabien Lamirault), elle confirme son regain de forme. La densité des jeunes qui arrivent est significative.  

Un état d’esprit positif

Outre les résultats, cette année 2019 a été l’occasion de constater une unité retrouvée pour certains, accrue pour d’autres. Tout le travail et l’investissement humain et financier, favorisés par la cellule performance, mis à disposition des sportifs et des staffs portent ses fruits. « On est soutenu par l’Agence Nationale du Sport (ANS) de façon tout à fait raisonnable. Les sportifs élite ne paient plus leurs inscriptions au tournoi, ni leur déplacement. Les aides personnalisées ont pratiquement été doublées à l’approche des Jeux. Et les staffs sont également aidés financièrement à la hauteur de ce qui n’a jamais été fait, détaille Norbert Krantz. Il y a donc tout un ensemble. C’est à la fois un rapprochement humain et une attention permanente, matérialisée notamment par six mois passés à l’extérieur de chez moi lors de ces deux dernières années. Six mois pour rencontrer les sportifs et les entraîneurs dans le cadre des stages et des différents championnats. » Par un discours ferme, direct et positif, Norbert Krantz et son équipe ont emmené avec eux un maximum de monde et permis à chacun de se situer.

La dynamique devra encore se renforcer pour Paris 2024. « Je pense que l’on sera prêt à Paris. Parce que ce que l’on met en place est un processus long. Ça ne peut pas être autrement parce que l’on ne peut pas changer les cultures des personnes qui encadrent dans le monde handi… Sauf à en sacrifier et à être extrêmement brutal… Or j’ai toujours dit que je voulais emmener tout le monde avec moi afin de voir ceux qui pouvaient évoluer.  Je trouve l’évolution très nette et intéressante. »

Rédaction : J. Soyer


Découvrez le bilan #BleuHandisport 2019 par Norbert Krantz, directeur des équipes de France des sports d’été handisport.

 


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