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L’esprit d’équipe, qu’est-ce que c’est ?

19 novembre 2019
« L’esprit d’équipe ». Qu’est-ce que ça veut dire ? N’y en a-t-il qu’un seul ? Est-il primordial ? En confrontant l’avis de quatre directeurs sportifs Handisport, nous avons tenté d’en savoir plus sur cette notion collective, base indispensable sur laquelle la performance s’appuie.

L’esprit d’équipe pour vous, c’est quoi ?
Charly Simo (DS Cécifoot et Goalball) : C’est la capacité d’une somme d’individus à jouer, gagner et apprendre ensemble. 

Sophie Ternel  (DS Boccia) : Je rajouterai que l’esprit d’équipe est de créer, d’assumer et de soutenir, dans un groupe, une solidarité, une cohésion et une fraternité sans faille autour d’un objectif commun. 

Julien Goy  (DS Handball Sourd) : C’est exactement cela, cet état d’esprit vous met dans la position d’être obligé de travailler ensemble et donner le meilleur de soi-même.

Jonathan Hivernat (Rugby fauteuil) : Ensemble, on peut toujours repousser les limites du possible et soulever des montagnes. C’est avec les ingrédients et la manière que l’on peut gagner un match. 

© G-Picout

Comment se travaille l’esprit d’équipe au quotidien, sur une année, sur un stage ?
Charly Simo : Au départ, nous définissons déjà notre projet commun, ensuite on créé des affinités par lignes grâce à des exercices. Des bilans sont fait en stage avec tout le monde. Nous avons un groupe de communication qui permet d’avoir la même information en temps réel, ainsi personne n’est mis à l’écart des décisions et des propositions. On essaie d’être rigoureux et d’avoir une gestion intelligente des éventuels conflits en interne.

 Sophie Ternel : C’est important d’anticiper les possibles conflits en effet. Nous avons une charte que nous communiquons à tous les joueurs et membres du staff qui entrent dans le collectif France. Au quotidien, nous travaillons également via des groupes Messenger ce qui nous permet de nous envoyer des informations, des fiches d’entraînement, des vidéos, des résultats. Pendant les stages nous mettons en place des « cellules assistants » afin d’améliorer notre communication et de créer du lien. Nous faisons aussi des entretiens individuels et collectifs avec les joueurs. Enfin, les compétitions nous servent à connaître le groupe et les individus dans les conditions de la performance.

Julien Goy : De toute façon, l’esprit d’équipe se travaille tous les jours. Pour nous, c’est à chaque entraînement en club et mais surtout pendant les matches afin d’atteindre l’objectif visé lors des entraînements. Gagner est impossible tout seul. La victoire se construit ensemble, du joueur de champ au gardien en passant par les remplaçants. En stage national, les joueurs venus de différents clubs doivent mettre de côté leur rivalités pour se concentrer vers un objectif supérieur : « représenter la France ». Sans cet esprit d’équipe, on ne va pas loin.

Jonathan Hivernat : Il faut bien se connaître les uns les autres. Nous avons la chance d’avoir un groupe incroyable avec une grande variété de caractères et de perceptions. On s’entend tous super bien, comme une grande famille de rugby. Ca se fait naturellement et se transforme en sur-motivation au moment opportun.

 

Avez-vous déjà sorti un joueur de votre groupe par manque d’esprit d’équipe ?
Charly Simo : Oui, lors d’une Coupe du monde. Nous avons fait le point avec joueurs et le staff afin d’identifier des manquements aux règles de fonctionnement qui perturbaient l’implication totale des acteurs. Nous avons pris des décisions fortes.

Julien Goy : Même chose pour moi, j’ai également déjà sorti des joueurs car ils ne travaillaient pas avec l’équipe et cela la pénalisait. Si on joue trop personnel, cela ne marche pas, l’équipe ne peut pas progresser.

© CatherineCabrol


Pouvez-vous me raconter un match où l’esprit d’équipe vous a fait gagner ?
Charly Simo : La  victoire en demi-finale de la dernière coupe d’Europe à Rome en septembre 2019. Nous avions un joueur majeur qui était blessé. Il ne pouvait pas marcher le jour du match. Je le voyais très agacé à l’idée de ne pouvoir aider ses coéquipiers dans cette conquête de qualification pour les Jeux Paralympiques de Tokyo en 2020. Avant cette demi-finale, le coach est allé le voir dans sa chambre et lui a dit qu’il devrait faire tout ce qui était possible pour aider ses collègues. À la grande surprise de tous, il a fait tout le match, a marqué le but victorieux et a été élu homme du match. Nous travaillons pour vivre des moments comme cela, c’est une histoires d’hommes et de personnes tournées vers le même objectif

Sophie Ternel : Lors du dernier championnat d’Europe où nous finissons avec notre médaille d’or, chaque match était marqué par un esprit d’équipe très fort, ce qui a certainement fait notre force. Chacun avait sa place, sa responsabilité, son engagement, ses apports, sa personnalité afin de répondre au mieux à l’objectif commun qui était de perfer sur cette compétition. Nous avons eu la joie que cela fonctionne sur chacun des matches.

Julien Goy : Pour ma part, je pense à l’équipe de Limoges pendant la saison 2018-2019 qui a gagné tous ses matchs dans toutes les compétitions qu’elle a joué. On voyait que les joueurs se connaissaient bien, sur chaque action tout le monde savait ce qu’il avait à faire. En équipe de France, on voit un bel esprit d’équipe se former aussi.

Jonathan Hivernat : Moi, je me rappelle d’un match qui restera à jamais gravé dans notre mémoire. C’est la demi-finale contre la Nouvelle-Zélande lors du tournoi qualificatif paralympique qui était organisé à Paris en avril 2016, la même année que les Jeux. Avant le coup d’envoi, nous étions tous unis face au Haka des All Blacks, cela nous a transcendé durant toute la partie. Nous avons gagné ce match ensemble, avec la manière, le sérieux et l’esprit d’équipe qui a régné entre nous, plus rien ne pouvait nous atteindre. À la fin du match, c’était la folie, c’était indescriptible, une aventure humaine hors du commun.

Rédaction : R. Goude


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