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La FFH accompagne les formations militaires

22 avril 2021
Rencontre avec Denis Charreyre, référent FFH auprès de l’armée, qui organise et accompagne les formations à destination des moniteurs sportifs militaires pour une meilleure pratique sportive des blessés de guerre…

Peux-tu nous expliquer l’origine et l’historique de la relation entre l’armée et la FFH ? 

Denis Charreyre (DC) : Historiquement, nous pouvons convenir que le mouvement s’est construit avec des personnes et des moyens issus du milieu militaire. Il est important de le souligner car on a tendance à oublier pourquoi et comment s’est construit, pas à pas, le mouvement handisport qui a aussi donné naissance au mouvement paralympique.

Pour l’époque moderne, cela remonte à 2012 avec les premières Rencontres Militaires Blessures et Sports (RMBS) qui sont un lieu de regroupement des militaires blessés en opération. Cela entre dans le cadre d’une action spécifique de l’armée française de prise en charge de ces personnes autour de la devise « La reconstruction par le sport ». C’est une belle devise dont nous partageons la valeur.

En ce qui me concerne et dans le cadre de mes premières missions à la FFH (2012), je suivais 2 athlètes du Cercle Sportif de l’Institution Nationale des Invalides (CSINI), c’est comme cela que je suis entré en contact avec l’officier qui gérait la partie sportive de ces RMBS. Rapidement, nous avons vu l’intérêt d’un rapprochement entre nos deux entités et nous sommes alors intervenus plusieurs années (2012-2014) dans l’organisation de ces rencontres à Bourges. Les collègues des commissions sportives et du comité Handisport du Cher (18) étaient pleinement impliqués.

En 2013, le Centre National des Sports de la Défense (CNSD) a créé sa propre cellule : la Division des Blessés Militaires et Sports (DBMS), ce qui leur a permis d’être autonome pour le suivi des militaires blessés, le développement de leur politique de prise en charge des stages sportifs et des compétitions militaires. Nous étions alors moins impliqués.

En 2016, la nomination au CNSD d’un nouveau Commissaire aux sports, Hervé Piccirillo, a relancé notre collaboration. Il a souhaité développer l’accompagnement des blessés avec des partenaires extérieurs dont la FFH. L’armée nous a sollicités pour l’accompagnement et l’entraînement des athlètes blessés dans la perspective des Invictus Games 2017 de Toronto (Jeux créés à l’initiative du Prince Harry et réservés aux pays de la coalition qui intervient en Afghanistan).

A partir de 2017, notre collaboration s’est développée autour de 2 axes :

Peux-tu nous présenter les actions de formations qui ont été mises en place ?

DC : Il y a 2 types de formation :

Nous intervenons dans le cadre de 2 UC sur 4, sur une partie de l’ingénierie et sur le temps de validation de cette formation qui est un oral à partir d’un mémoire.

 A l’issue d’une année de formation, ces stagiaires peuvent légitimement prétendre être capables de développer des compétences dans l’encadrement des personnes en situation de handicap.

Il y a une journée théorique que j’anime en prenant appui sur le contenu de notre module d’auto-formation en ligne « Les indispensables » et 2 journées de pratique où le but est de faire vivre cette culture sportive handisport.
La dernière session a eu lieu le 29 septembre puis le 7 octobre 2020 pour la journée théorique (stagiaires divisés en 2 groupes) et les 16 et 17 mars pour les 2 journées de pratique sportive. Il y avait des ateliers en basket, athlétisme, tennis de table et cécifoot.

Depuis 2015, plus de 600 personnes ont été sensibilisées à la pratique Handisport via cet Abécédaire militaire.

Comment s’organise votre intervention dans le cadre du Certificat de Spécialisation (CSE2SBD) ?

DC : Les stagiaires doivent passer d’abord « Les Indispensables » en ligne puis suivre 5 jours en présentiel pendant lesquels on alterne des parties théoriques et pratiques, de la mise en situation d’encadrement et de l’analyse de la pratique.

Pour la session en cours (2020-21), cette partie a eu lieu du 1er au 5 février 2021.
Pendant 2 jours, 3 sports ont été encadrés par la FFH  : le basket fauteuil, le tennis de table, l’escrime ; et un sport le volley-assis, animé par la FFVB.

Les stagiaires découvrent les adaptations dans les pratiques. Ils n’ont souvent pas beaucoup d’expérience avec des sportifs en situation de handicap et c’est un temps de compréhension des enjeux importants liés aux adaptations et à la prise en compte des spécificités : règlement adapté, relationnel, matériel, charge de travail, limites et optimisation du potentiel de chacun etc.

Ce travail se poursuit par une demande de mise en place d’une séance pratique d’encadrement. A l’issue, nous prenons une demie journée pour en faire l’analyse. C’est très formateur.
À la suite, ils ont 9-10 mois de stages d’encadrement et d’autres temps de formation internes. L’objectif étant un mémoire terminal pour rendre compte de l’entraînement durant plusieurs semaines d’un ou plusieurs militaires blessés au quotidien.

Quels sont les objectifs de cette formation ?

DC : Développer la pratique, encadrer en toute sécurité et de manière performante les personnes dans le cadre de leur activité physique et/ou sportive.

Quel type de pédagogie utilisez-vous ?

DC : Pour développer leurs compétences, on s’appuie sur des pédagogies dites actives et dans le cadre d’une formation d’adultes. Ce sont des militaires ayant déjà de l’expérience qui viennent chercher des compétences complémentaires adaptées à des personnes ayant des profils spécifiques. L’idée est de les confronter à cette problématique d’adaptation, qu’ils fassent des erreurs, que l’on puisse les corriger ensemble. Ils sont pleinement acteurs de leur formation.

Quel est le profil des blessés militaires (type de handicap) que ces moniteurs sportifs vont encadrer ?

DC : Beaucoup de blessés militaires sont reconnus comme ayant un syndrome post-traumatique qui est en dehors de notre délégation et de nos savoirs et savoir-faire.  Malheureusement, ce tableau est complété par des militaires qui reviennent des théâtres opérationnels avec des blessures physiques et/ou sensorielles et nous pouvons faire valoir notre expertise dans ce cadre-là.

Quel est l’enjeu pour la Fédération dans la mise en place, l’accompagnement de ces formations ?

DC :  C’est d’abord répondre à une demande d’un réseau extérieur et conforter notre rôle d’expert dans l’accompagnement des publics en situation de handicap moteur et/ou sensoriel.
Ensuite, c’est créer du réseau. Notre intervention dans le cadre du CS permet de développer un maillage territorial d’accueil et d’encadrement au plus près des sportifs. Notre prochaine marche sera notamment de créer du lien avec la Fédération des Clubs de la Défense pour augmenter l’offre de pratique sur l’ensemble du territoire. Les premiers échanges sont plutôt favorables pour que la FCD développe des sections handisport, c’est une affaire à suivre.

Rédaction : J.Michel


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