Le stade nordique de Zhangjiakou était vêtu d’un coup de peinture blanche, après des chutes fraîches dans la nuit, un changement esthétique mais perturbant pour les skieurs lors de l’épreuve du jour, le ski de fond moyenne distance, en style libre, skating. Dès 10h en Chine, six courses se sont enchainées et chevauchées, dans les différentes catégories, avec les décalages correspondants aux handicaps. Un mode de départ donnant parfois l’impression de pelotons mixtes et denses, parfois difficiles à traverser pour les skieurs et les guides, et tout aussi complexe à décrypter pour les téléspectateurs non avertis, réveillés tôt en France pour vivre cette avant dernière journée.
Anthony Chalençon, skieur non-voyant, était associé à Alexandre Pouyé pour le guider aujourd’hui sur cette épreuve sur laquelle ils fondaient beaucoup d’espoirs. Après un peu plus de 33 minutes d’efforts, c’est une nouvelle fois, le phénoménal et monumental, Brian McKeever qui s’offre le titre, le troisième à Pékin, après le sprint et la longue distance. Derrière le canadien, tout reste ouvert avec 4 binômes dans la partie pour monter sur le podium. Si l’américain Adicoff, longtemps aux avant-postes s’effondre finalement à la 6ème place, les français eux tiennent le rythme sur l’ensemble de la course, avant d’être devancés par l’ukrainien Dmytro Suiarko, puissant dans son dernier tour, troisième. Le redoutable Suédois Modin s’intercale pour l’argent, et les Bleus, comme sur le sprint, sont écartés à la quatrième place, à seulement 7 secondes du bronze. Avec son guide, le skieur de Morzine Avoriaz est déçu, il ne remportera pas de médaille en individuel en Chine, abonné à la 9ème place en biathlon et à la 4ème en ski de fond. Toutefois, l’histoire n’est pas terminée, Anthony retrouvera Benjamin Daviet demain pour l’ultime course, le relais open, dont ils sont champions du monde et paralympique en titre.
Quelques minutes plus tard, la course réservée aux concurrents debout messieurs pouvait se résumer au duel « Benjamin et les chinois ». L’armada rouge à domicile a très vite imposé un rythme très élevé, plaçant trois de ses représentants aux commandes. Si le fraîchement médaillé d’or en biathlon et mercredi sur le Sprint, Benjamin Daviet, accusait le coup ce matin, il n’a pas manqué l’appel du podium, augmentant la cadence sur la fin de parcours. Il termine à seulement 1’’3 du vainqueur, le chinois Chenyang Wang. C’est la troisième médaille à mettre à l’actif du skieur du Grand Bornan, en argent, avant une espérée dernière récompense demain, avec Anthony Chalençon, sur le Relais open, dont le podium accorde traditionnellement ses faveurs aux Bleus. Les compteurs sont à zéro, les français sont motivés, verdict final dimanche à midi (5h en France) avec une concurrence bien présente, 12 nations seront au départ dont la Chine, le Canada ou encore l’Ukraine.
A Yanqing, avant que les garçons n’entrent en piste demain sur le slalom à leur tour, la place était réservée aux féminines dans le programme alpin de fin de Jeux, chamboulé par la météo. Elles auront bénéficié de peu de répit après le Slalom Géant disputé vendredi et particulièrement difficile pour la française, Marie Bochet. La championne paralympique en titre appréhendait cette dernière épreuve technique « ingrate », après un parcours éprouvant durant ces 4èmes Jeux, brassée par des émotions diverses. Après plusieurs sorties de piste parmi ses concurrentes, Marie tenait bon et s’affichait à la quatrième place de la première manche. Mobilisée pour la seconde, elle a malheureusement chuté après quelques portes, presque résignée, le ski des jours heureux n’était pas au rendez-vous.
Comme un soulagement, les Jeux s’achèvent pour la Championne d’Albertville. Fidèle à son envie d’offrir le meilleur sur la neige, elle se réjouit difficilement en zone mixte de sa neuvième médaille obtenue aux Jeux, en argent sur le Super G. Elle est pourtant bien là, cette médaille durement acquise et qui s’ajoute au plus beau des palmarès du ski paralympique français. Si le temps est à la réflexion pour l’éternelle « Reine des neiges », la fierté de ses supporters nombreux face à son palmarès, inégalé et exemplaire, est immense. Comme elle.
Les épreuves se sont terminées vendredi pour le clan français en snowboard. Malgré des blessures qui ont contrarié les ambitions de l’équipe, elle aura montré l’image de battants, solides, soudés. Le collectif est récompensé par deux titres, deux médailles d’or, chacune avec au goût de revanche. Malgré ses péripéties éprouvantes de sélection en amont des Jeux, Cécile Hernandez est sacrée championne paralympique en Snowboard Cross, catégorie féminine SB-LL2. De son côté, Maxime Montaggioni aura effacé les mauvais souvenirs de Corée et rentrera à Nice avec de l’or autour du cou, remporté sur le Banked Slalom. On retiendra également l’engagement de Mathias Menendez Garcia et de Laurent Vaglica qui emmagasinent chacun une expérience précieuse au plus haut-niveau pour les étapes majeures à venir et dans la perspective des Jeux de Milan-Cortina 2026. Une belle réussite à laquelle il faut associer les clubs impliqués dans cette discipline, ainsi que le staff national emmené par Yannis Dole et Xavier Rolland-Muquet, les entraîneurs nationaux et Vincent Tiberge en charge des essentiels soins kiné.
Vendredi, le Canada a remporté la petite finale pour le bronze, 8 à 3. Ce samedi, la Chine obtient l’or devant son public, dominant la Suède lors de la finale, sur le même score.
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La Corée et la Chine s’affrontent ce samedi pour décrocher le bronze, alors que pour la grande finale demain dimanche, l’affiche sera belle avec le choc USA – Canada pour l’or !
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Anthony Chalençon : « On a fait du mieux que l’on a pu. On est parti bien, pour essayer de tenir le rythme. Sur le troisième et quatrième tour ça a baissé un poil, on fait un bon dernier tour, à la bataille avec les autres, mais ils en avaient un peu plus que nous et du coup ça bascule, du mauvais côté. »
« La piste est dure, on sait que, surtout au début, ça monte tout du long, on sait qu’il ne faut pas faire les malins et en garder sous le pied, pour arriver à en remettre dans les autres parties, pour faire la différence par rapport aux autres. Je pense que sur la gestion de course, on n’était pas trop mal. »
« Il y a eu deux chutes, des erreurs de « non-lucidité ». J’étais à bloc, on est un peu sur le fil, on fait ce que l’on peut, on essaie de skier le plus vite possible et des fois il suffit qu’il y ait une toute petite erreur, tu mets un bâton entre les skis et tac… ça tombe un peu. On est aux Jeux, il faut vraiment attaquer à fond si on veut monter sur le podium. On le voit aujourd’hui, ça se joue à que dalle. Pour moi, on a tenté notre chance, on a vraiment essayé de faire notre course en dépensant le plus d’énergie possible sur toute la longueur de la course. Il y a eu des petits ratés. Voilà, si on est 8 secondes plus vite sur 40 minutes, on est sur le podium et ça change tout, et le discours est complètement différent. »
« Demain c’est le relais, on finit toujours sur des belles victoires d’équipe. Donc on va continuer, je sais que le Daviet il est dans le même état d’esprit que nous. C’est notre course ! »
Alexandre Pouyé (Guide d’Anthony) : « Aujourd’hui il y avait plus fort que nous apparemment. Je disais « relax » pour Anthony, mais c’était pour trouver du relâchement dans une allure très très intense. Je pense que l’on est bien parti, vite, avec de grosses ambitions. Mais voilà, aujourd’hui il y a trois places sur le podium, ça ne se joue à rien. Il n’y a que des grands athlètes devant ! »
Benjamin Daviet : « Je suis vraiment heureux de cette médaille d’argent. Je n’avais pas les sensations de fou que j’avais hier, j’étais même un peu fatigué, une nuit compliquée. Le Chinois a été extrêmement rapide, moi j’ai essayé d’en remettre dans le dernier tour. Ça ne se joue pas à grand-chose, une seconde, ce n’est pas grand-chose… mais je suis vraiment heureux de cette médaille d’argent. »
« Il a neigé cette nuit, si on prenait la neige fraîche on ne glissait rien, donc il fallait vraiment aller chercher la « neige sale » comme on dit. Je fais une bonne course, je ne suis pas parti trop fort, j’ai essayé d’accélerer de tour en tour. Le Chinois a fait pareil, même s’il peine peut-être un peu sur la fin. Il ne manque rien du tout. Ça doit se jouer à trois ou quatre centimètres, c’est comme ça, c’est le sport, on ne peut pas tout gagner non plus. Je suis extrêmement heureux de cette deuxième place. »
« Le relais c’est notre course depuis 2014. On est toujours transcendés sur le relais, on a toujours envie de ramener cette grosse médaille pour toute l’équipe. Là on a une équipe solide, Anthony fait encore une course de taré aujourd’hui, les guides sont au top avec lui, tout le staff est au top… On va aller s’arracher les tripes pour aller chercher cette médaille. »
Marie Bochet : « Je ne sais plus si je pleure de tristesse, de mélancolie, de déception, de frustration, je n’en sais rien, c’est terrible… Je ne pensais vraiment pas vivre tout ça ici. J’y suis allé avec tout mon cœur et toutes mes tripes sur cette seconde manche. J’avais envie que ça passe, c’était passé juste avant à l’entraînement. Que ça passe pour me dire que le ski était là, et que j’étais capable de le faire. Mais voilà ça ne passe pas… c’est le slalom, c’est ingrat comme discipline et ça l’a été aujourd’hui, comme en 2014, comme d’autres fois. »
« C’est un enchainement qui est un peu violent à vivre. C’est le looping, j’ai l’impression d’y être encore, mais je crois que je suis soulagé que ce soit terminé, c’était tellement dense ces Jeux. En ce moment c’est encore compliqué dans ma tête, mais quoi qu’il se soit passé sur ces Jeux ça n’enlève rien à cette saison qui a été incroyable »
« J’ai tellement donné pour retrouver les victoires cette année, sur les coupes du Monde, les championnats du Monde, peut-être que ça devait lâcher, si ça avait pu tenir une semaine de plus… Ce n’est pas le cas, c’est comme ça ! »
« Est-ce que c’est le moment de passer le flambeau ? Peut-être, il y a aussi de belles skieuses qui ont fait de très belles choses sur ces Jeux. On voit aussi qu’il n’y a jamais de règle dans les classements, ça a beaucoup bougé. »
« Ces Jeux ne résument pas une carrière. Je n’ai pas pris de décision pour la suite, mais je pense que je suis allé au bout de ce que je pouvais faire, mais je ne dis pas que je ne serai pas là la saison prochaine et que j’ai fait mon deuil de la compétition. Je n’en sais rien. Je vais me poser, réfléchir calmement à tout cela, je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait, mais les Jeux c’est fini je pense. »
ARGENT
Benjamin DAVIET (Debout) – Moyenne distance (style libre) – Ski de fond
au 12 mars
1. Chine (18 – 18 – 22 = 58)
2. Ukraine (10 – 10 – 8 = 28)
3. Canada (8 – 5 – 10 = 23)
4. France (6 – 2 – 2 = 10)
5. Autriche (5 – 4 – 3 = 12)
Retrouvez le classement complet ici
Retrouvez toutes les images des Bleus sur le Flickr de France Paralympique.
Horaires en France (Décalage horaire : Pékin + 7 heures)
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Rencontre avec Manoël Bourdenx, ski alpin (lien viméo)
Rencontre avec le snowboarder médaillé paralympique de Pékin, Maxime Montaggioni (lien viméo)
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