Vertigineux ! À seulement 24 ans, Arthur Bauchet a décroché ses 100e et 101e podiums en coupe du monde de para ski alpin. Il n’a pas fait durer le suspense. Dès jeudi, le skieur de Briançon (Hautes-Alpes), déjà deux fois premier à Tignes, a encore dominé la concurrence. « La France me réussit bien. Il faudra en faire davantage ici, sourit Arthur Bauchet. Plus sérieusement, durant les Jeux de Paris, cet été, j’avais senti que le soutien du public avait boosté les Français. »
Ce centième podium fut donc assorti d’une victoire. Sa 73e en coupe du Monde. « C’est fou, c’est incroyable de vivre ça en France. Quel chemin parcouru…, s’enthousiasmait Arthur Bauchet, après ce troisième succès de la semaine. Je me rappelle de mon premier podium comme si c’était hier. C’était à Saint-Moritz (Suisse), premier podium, première victoire. Ce 100e était forcément dans un coin de ma tête même s’il ne fallait pas trop y penser. Mais entre la première baguette et la ligne d’arrivée, je n’y pensais plus du tout… J’étais tellement dans le dur. »
Jules Segers confirme !
Le chef de file de l’équipe de France, qui s’est à nouveau imposé vendredi, compte déjà cinq victoires (sur six possible) cette saison, Mais comme à Tignes, les Bleus ont pu s’appuyer sur une dynamique collective très favorable à Courchevel. Devant un public nombreux et fervent, Jules Segers, déjà sur le podium à Steinach (Autriche), cette saison, a confirmé sur la longue et difficile piste tricolore, en terminant 2e jeudi. « J’ai beaucoup travaillé cet été. On a fait un long et bon stage au Chili, avec beaucoup de Géant et de vitesse. D’où mes progrès en la matière, expliquait le sociétaire des Gets, du haut de ses 22 ans. Après, faire ça devant son public, c’est incroyable, on a l’impression d’être des rock-stars. »
Les spectateurs ont d’ailleurs été un atout majeur pour les Français. « Lors de la deuxième manche qui tournait beaucoup et très exigeante pour les jambes, jeudi, entendre le public dès le haut du mur était porteur, assure Arthur Bauchet. Je me disais, allez tu as fait le plus dur, tu ne sors pas là… » Il estime aussi que le soutien français lui a permis de se remettre d’une faute vendredi.Cette forte mobilisation est le fruit d’une opération par la Région en lien avec les lycéens de Haute-Savoie. « Ils sont venus découvrir le sport et le fonctionnement d’une station de ski dans son ensemble », développe Aymerick Mermoz, responsable des événements à la mairie de Courchevel.
Vendredi, Jordan Broisin a aussi bénéficié de ce soutien local pour accrocher le 3e place. « J’étais un peu frustré de ma 4e place de jeudi. Alors, j’ai tout envoyé. C’était la condition pour cartonner ici, explique-t-il. Faire un podium en France, ça fait plaisir. » Avec Jules Segers, 4e et Oscar Burnham, 6e, les Bleus ont répondu présent. « On a réussi un joli tir groupé chez les hommes debout, apprécie Christian Fémy, le référent des sports d’hiver pour la Fédération Française Handisport. Et dans les autres catégories, notre travail de reconstruction paie. Nos sportifs se rapprochent des leaders. On confirme notre bonne dynamique collective. » Témoins, les 4e places de Hyacinthe Deleplace et d’Aurélie Richard, entre autres.
Avant de nouvelles longues tournées début janvier et les Mondiaux 2025 à Maribor (Slovénie) en février, les Tricolores vont pouvoir profiter des fêtes avec le sentiment du devoir accompli.
Une première gagnante pour Courchevel
Les organisateurs aussi peuvent se réjouir. De quoi donner à la station de Courchevel l’envie de réitérer l’expérience. « On le souhaite tous, tant cette première fut une réussite », pose d’emblée Aymerick Mermoz, responsable des événements à la mairie.
Un avis partagé par Christian Fémy. « Mon seul problème, c’est de n’avoir aucun point négatif, ni aucun bémol à mettre en avant, se marre le dirigeant de la FFH. L’organisation était digne d’une épreuve de coupe du monde valide. En termes de logistique, de conditions d’accueil, de compétition, tout a été parfait. »
Véritable terre de sport et de haut niveau, la station de Haute-Savoie a découvert au cours de ces deux jours de Géant l’univers d’une coupe du monde FIS de para ski alpin. « Cette première est partie d’une rencontre entre Jean-Christophe Vidoni, maire adjoint aux sports et aux grands événements de Courchevel et Marie Bochet, (multi championne paralympique de para ski alpin), raconte Aymerick Mermoz. Pour Marie, le stade Emile Allais s’est avéré être un très bon site, à faire vivre aussi en organisant une compétition para. »
Le défi a été relevé avec brio. « Les premiers retours des athlètes sont très encourageants pour nos équipes terrain, appuie Aymerick Mermoz. Ils ont adoré la piste. » La station a bénéficié de la solide expérience de son club des sports, mené par Bruno Tuaire et du chef de course, Sébastien Santon. « Le club des sports a organisé de nombreuses coupes du monde valides depuis décembre 2010. Plus récemment, Courchevel a accueilli les finales de Coupe du monde, et en 2023, les championnats du monde de ski », rappelle Aymerick Mermoz,
Au total 220 personnes ont œuvré au pied du stade Emile Allais et le long de la piste. « Toutes les équipes de la station ont participé au bon déroulement de ces deux jours de compétition (office du tourisme, son service de presse…) Les services techniques ont, quant à eux, facilité le déplacement des athlètes et le stationnement des équipes pour bien répondre à la singularité du handicap. C’est un aspect que nous avons découvert. »
Christian Fémy vante aussi la grande capacité d’écoute et la réactivité des organisateurs, capables de « trouver, en très peu de temps, des solutions au moindre questionnement ». Arthur Bauchet et Jordan Broisin soulignaient la qualité de l’organisation et de la piste ce vendredi, malgré les importantes chutes de neiges nocturnes et matinales.
Une couverture médiatique à la hauteur
Autre satisfaction, et pas des moindres, le suivi médiatique et la diffusion en direct sur des chaînes locales (Télé 8 Mont-Blanc, Télé 7 et Télé Grenoble), sur le canal national Sport en France, l’Equipe live, sur les supports de la Fédération internationale de ski (FIS), de la FFhandisport…. « C’est le fruit d’un travail collégial lancé en automne avec les Fédérations Françaises Handisport, de Ski et le Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF) », précise Aymerick Mermoz. Ces deux jours de production télé ont largement contribué au succès populaire de cette coupe du monde. Deux jours pendant lesquels une centaine d’invités ont été reçus au club house du stade. Et parmi elles, quelques grands noms de la discipline comme Carole Montillet, championne olympique en 2002 à Salt-Lake City, Vincent Jay, champion olympique à Vancouver en 2010 ou encore Sébastien Amiez, vice-champion olympique en 2002… « Sébastien, qui n’habite pas loin, m’a dit avoir commencé à suivre les épreuves à la télé puis être venu tant il était impressionné par le niveau de performances des athlètes, confie Christian Fémy. Nombreux sont les spectateurs qui ont partagé ce sentiment. Cette semaine avait aussi pour objectif de montrer le niveau de nos épreuves, de montrer que l’on existe. Là encore, la mission est réussie. »
Entre Tignes en début de semaine et Courchevel, ces deux derniers jours, la France a marqué les esprits dans l’optique des championnats du monde 2027 et des Jeux paralympiques 2030. Et ce à plus d’un titre.
