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France – Japon, bien voyager et s’acclimater à Tokyo

21 août 2021
Voyage longue durée, climat chaud et humide, décalage horaire sont autant de spécificités que les sportifs français, engagés aux Jeux paralympiques (24 août – 5 septembre), vont rencontrer à Tokyo. La cellule haute-performance de la Fédération Française Handisport a mis en place un ensemble de mesures et d’actions pour préparer au mieux sa délégation. La singularité liée au handicap et à la personnalité de chacun complexifie ce tour d’horizon non exhaustif, mais révélateur de l’ampleur de la tâche.  

Les médailles aux Jeux Paralympiques se jouent souvent sur des détails. Pendant l’épreuve mais aussi avant. Sur le terrain de jeu mais bien souvent dans tout ce qui accompagne la pratique. Pas question donc de prendre le moindre risque en laissant un facteur au hasard.

Le long voyage vers le Japon demande des précautions importantes pour éviter toute forme de problème de santé. De la même manière, il convient de bien préparer les athlètes à la chaleur et à l’humidité, deux caractéristiques majeures du climat à Tokyo pendant la période des Jeux. Sans oublier le décalage horaire de + 7 heures par rapport à la France. « Il est bien plus difficile à appréhender dans ce sens-là », prévient Vincent Detaille, médecin fédéral de la commission athlétisme et responsable du suivi médical réglementaire pour la Fédération Française Handisport (FFH).  

« Nous avons apporté des attentions toutes particulières à ces aspects qui peuvent avoir un impact considérable sur les performances sportives », pose Pierrick Giraudeau, attaché à la performance et à la haute performance. Une addition de précautions a été prise parce que les conséquences peuvent être encore plus lourdes dans le champ paralympique que dans le champ olympique. « Quand un sportif olympique prend un coup de chaud, il va en général le digérer 24 heures après. Un sportif tétraplégique, par exemple, ne peut récupérer que 48, 72 heures, ou même plus longtemps, après », développe-t-il.     

Vincent Détaille et Thierry Weissland, ont rédigé, à la demande de la cellule haute-performance de la FFH, un ensemble de fiches à destination des staffs et des athlètes en route pour Tokyo. Elle vise à anticiper au maximum des problématiques liées à des « stresseurs environnementaux ». Des facteurs auquel s’ajoute le protocole Covid. « Nous devions être suffisamment précis mais pas non plus entrer trop dans le détail afin d’intéresser le plus grand nombre », explique Vincent Detaille. « Il fallait permettre aux sportifs et aux staffs d’être sensibilisés, d’entrer dans l’échange et de nous interroger en cas de questions complémentaires et plus spécifiques. Néanmoins, nous avons apporté quelques précisions pour les blessés médullaires, soumis à des problèmes de thermo régulation, ou encore pour les déficients visuels, particulièrement gênés par le décalage horaire. »

Trois phases bien identifiées

Trois grandes phases sont déterminées, sur les plans sportifs et extra-sportifs. Il y a l’avant départ, l’acheminement vers Tokyo et le village paralympique dans sa globalité et le temps des Jeux. « L’important est d’anticiper au maximum », note Vincent Detaille. Pour faire face à la chaleur, il est conseillé de s’entraîner dans des régions chaudes et si possible humides afin d’habituer le corps. Si cela était impossible, certains sportifs, notamment les cyclistes, ont bénéficié de heat-rooms, qui permettent de reproduire les conditions climatiques tokyoïtes.

Aussi, il est conseillé de tester les meilleures formules de cooling (refroidissement du corps) pour les sportifs connaissant de problèmes de thermo régulation avant les Jeux. « Tout le monde ne réagit pas de la même manière en fonction de sa personnalité et de son handicap », pointe Vincent Detaille. « Il convient de savoir ce qui va le mieux à chacun pour être opérationnel et efficace immédiatement sur place. »

Les autres indications, pêle-mêle, portent sur le sommeil, l’hydratation et les apports hydriques déterminants pour prévenir d’éventuelles infections urinaires et autres complications liées à une déshydratation, l’importance d’être reposé, la mise en place d’un décalage horaire progressif depuis la France et quelques jours avant le départ, pour limiter l’incidence des 7 heures de décalage.

Le décalage horaire induit des problématiques particulières pour les déficients visuels. La luminosité, un stimulus efficace, ne l’est pas pour ce public. Il doit miser davantage sur des stimuli auditif ou du toucher. « Via des douches fraiches pour réveiller le corps. »

Les fiches établies traitent aussi du vol. Entre le détail de la panoplie parfaite du voyageur (masques, bouchons auditifs, masque pour les yeux, gel hydroalcoolique…), les astuces comme celles de ne pas être trop utiliser les écrans, réguler son sommeil sur les horaires de Tokyo et quelques exercices physiques à effectuer, tout est abordé.

Il est aussi  rappelé la nécessité de cibler un référent médical au sein du ou des staffs auprès de l’équipage afin que celui-ci sache vers qui se tourner en cas de problème. « Cette personne va ainsi accompagner les membres de l’équipage lors des transferts des sportifs du fauteuil à leur siège pour éviter tout risque de contusions qui passeraient inaperçues mais qui pourraient engendrer des lésions cutanées préjudiciables pour les performances et pour la santé du sportif. »

La chaleur, l’humidité sont des problématiques importantes. Aussi un examen de contrôle est exercé par les médecins pour les blessés médullaires avant le départ. « Il s’agit de surveiller les zones d’appuis sur le siège, notamment, pour détecter une éventuelle rougeur et prendre les précautions idoines », insiste encore Frédéric Rusakiewicz.

Le protocole Covid, un facteur de stress supplémentaire 

Une fois à Tokyo, toutes ces problématiques seront surveillées de très près. Les composantes climatiques au même titre que le long vol peuvent aussi causer des problèmes aux personnes amputées (moignons sensibles…). Le guide propose aussi un ensemble de bons gestes et de bonnes attitudes à adopter. Il met en évidence l’importance de privilégier le repos dans un premier temps et de proposer des efforts modérés.

Il est aussi rappeler les règles d’usage du protocole sanitaire. Avec des mises en garde sur les conséquences de celles-ci. « Avertir, prévenir les athlètes de ce qui les attend va les aider à mieux accepter les choses », estime Vincent Detaille.

Les pré-camps, organisés au Japon, pour les nageurs, les athlètes et les cyclistes sont aussi des moyens pour mieux encaisser toutes ces particularités induites par le voyage, le climat et le décalage horaire.

Anticiper pour ne pas se laisser dépasser est l’une des vertus des sportifs de haut niveau.       

Rédaction : J. Soyer


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