Moins de 48 h après leur arrivée sur le sol japonais, à Kobe, les athlètes français ont plongé dans le grand bain. Pas uniquement à cause des pluies incessantes qui tombent depuis que leur avion s’est posé. « Lundi soir (le 16 août), nous avons été invités et mis à l’honneur à Kobe qui accueillait la cérémonie de la flamme », raconte Julien Héricourt, le directeur sportif de l’athlétisme français handisport. « Ils allument la flamme qui traverse différentes villes et préfectures du Japon pour se rendre à Tokyo. Certains athlètes ont pu se prendre en photo avec la flamme. » Rien de tel pour se mettre dans l’ambiance des Jeux Paralympiques, dont la cérémonie d’ouverture se tiendra le 24 août.
Humer le parfum paralympique, sentir concrètement les Jeux, c’est l’un des nombreux intérêts des pré-camps dans le pays hôte. Outre l’athlétisme, installée comme son homologue valide à Kobe et sur les installations sportives de Miki, la natation et le cyclisme possèdent aussi une base arrière. Pour voir le jour, ces stages terminaux devaient se tenir sur des sites validés par le comité d’organisation. « Ils sont le fruit d’une intention politique forte et d’une détermination conséquente des collectivités locales pour accueillir les Bleus », appuie Pierrick Giraudeau, attaché à la performance et à la haute performance auprès de la Direction Technique Nationale.
Les nageurs, premiers, toutes délégations paralympiques confondues, arrivés au Pays du Soleil Levant, ont pris leurs quartiers à Kanazawa. Là encore, ils suivent les traces des nageurs olympiens. Les cyclistes, qui ont atterri dimanche matin en terre nippone, sont à Matsumoto. « Initialement, le tennis de table et le rugby-fauteuil devaient aussi terminer leur préparation sur place », explique Pierrick Giraudeau. « Mais la situation sanitaire en a décidé autrement. »
Vivre au sein du collectif France, avec un groupe qui a le même objectif, est aussi un avantage pour les sportifs. Une grande majorité d’entre eux aurait été seul lors de la préparation terminale en restant dans son cadre d’entraînement habituel, l’ensemble des nageurs étant en coupure estivale lors de cette période. « Depuis le 3 août et notre arrivée à Kanazawa, il y a une super dynamique collective » , constate Sami El Gueddari. « Ils se poussent, s’encouragent les uns les autres. Il est plus facile pour chacun de fournir les petits efforts supplémentaires à quelques jours du début des Jeux. » Ce format de regroupement fait parti des rituels des nageurs depuis quelques saisons.
La natation, l’athlétisme et le cyclisme ont bénéficié de cette possibilité pour diverses raisons. L’impact sur le plan énergétique du sport est entré en jeu. Le fait de pratiquer en extérieur aussi. « Laurent Thirionet et de Mathieu Jeanne, les entraîneurs nationaux, souhaitaient être suffisamment tôt sur place pour pallier les impacts et les conséquences du décalage horaire et des conditions climatiques très différentes de celles que l’on trouve en Métropole », développe Pierrick Giraudeau.
À Matsumoto, où la préfecture prend en charge l’organisation, les cyclistes ont à disposition un vélodrome de 333 m et des profils de circuits sur route très variés. « Nos coureurs peuvent ainsi s’entraîner dans des conditions de chaleur et d’humidité similaires à celles qu’ils auront pendant les Jeux » , note Mathieu Jeanne. « L’humidité pèse sur les coureurs qui suffoquent assez vite. Ils montent bien plus vite dans le rouge. Il est donc primordial d’habituer son corps à de tels efforts. » Ce dernier apprécie aussi de pouvoir se familiariser aux mesures Covid imposées au Japon et à la nourriture locale.
Effectuer le stage terminal au Japon permet aussi de prolonger le travail réalisé dans les heat rooms. « Si les sportifs étaient repartis dans leur cadre habituel, et dans des régions françaises où il ne fait ni chaud, ni beau, ils auraient perdu tout l’avantage de ces séances dans des lieux où il est possible de régler la chaleur et de donner une sensation d’humidité forte », décrypte Vincent Detaille, médecin fédéral de l’athlé.
Les athlètes y voient un autre avantage. « On a toutes les installations à notre disposition » , se réjouit Julien Héricourt. « Sur le temps des Jeux, on doit souvent partager nos créneaux d’entraînement avec d’autres nations. Les appareils de musculation, les sautoirs, la piste ne sont donc pas toujours disponibles comme on le souhaiterait. A Miki, dans des installations top niveau, nous pouvons parfaitement individualiser le travail en fonction du besoin des athlètes puisque nous sommes les seuls à y avoir accès. » Le référent athlé salue aussi la présence de deux encadrants, venus exclusivement pour ce stage terminal, pour accentuer encore cette individualisation.
Un regret toutefois, l’impossibilité d’échanger en direct avec la population japonaise initialement prévus. Les nageurs, eux, ont mis en place deux visios zoom pour compenser. « Il est formellement interdit aux sportifs étrangers d’être en contact avec les Japonais » , précise Julien Héricourt. « Pour aller faire un footing avec Louis Radius, un de nos demi-fondeurs, dans le magnifique parc jouxtant les installations de Miki, nous avons dû donner le parcours à l’avance afin que les autorités le balisent. Et nous avons été suivis à vélo. »
Un regret qui ne gâche en rien le sentiment général. Tous applaudissent la qualité des infrastructures et de l’accueil. « La salle de musculation est incroyable » , témoigne Julien Héricourt. « On voit bien que l’on prépare les Jeux. Tous les appareils sont top niveau. Depuis deux ans, date à laquelle nous avons émis l’envie de venir nous préparer ici, nous sommes en contact avec la préfecture du Hyogo qui assure la prise en charge intégrale de ce stage. Et chacune de nos demandes a trouvé une réponse favorable. On va arriver prêt et conquérant à Tokyo. » Un sentiment partagé par Sami El Gueddari et Mathieu Jeanne.
Rédaction : J. Soyer
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