Signalement de violence
A+A-

Gérard Masson : « Les îles constituent un vrai vivier »

6 janvier 2015

Le président de la Fédération Française Handisport a répondu favorablement à l’invitation du comité régional handisport de Guadeloupe et de l’ancien entraîneur national de judo, Antoine Hays. Ce dernier avait mis en place handitour parallèlement à la Route du Rhum à laquelle participait Damien Seguin, porte-drapeau de l’équipe de France paralympique à Londres. L’occasion pour Gérard Masson de réaffirmer sa volonté de développer durablement les relations entre la métropole et les DOM-TOM.


Une opportunité de promouvoir le handisport
« Lorsque l’on quitte l’hexagone, c’est toujours difficile d’arriver à structurer le mouvement handisport. En Guadeloupe, en Martinique… La première des difficultés est la distance. Il est très difficile d’organiser un championnat de France, une assemblée générale ou un rendez-vous majeur de la FFH dans un DOM ou un TOM.
Quand Antoine Hays a eu l’idée de mettre sur pied un handitour en Guadeloupe pour apporter dans les écoles et dans tous les lieux de vie l’image que pouvait être le handisport et celle du sport loisir, il fallait foncer. Ce handitour permettait de promouvoir les activités comme la boccia, la sarbacane… de sports méconnus. C’était une nouvelle opportunité de donner un coup de main au comité régional de Guadeloupe qui ne compte que 23 licenciés. Pourtant, des sportifs comme Claude Issorat (athlé), Jean Rosier (escrime), qui ont apporté leur lot de médailles à la France, sont originaires de ces îles, et pour certains, y vivent encore. »

 

Un vivier important
« Les îles constituent un vrai vivier. On croise souvent des personnes en situation de handicap. La problématique est que les familles protègent leurs enfants qui sont en situation de handicap. Il est donc difficile de faire venir ces jeunes dans les structures existantes. Il y a aussi les raisons économiques. Les déplacements sur l’île sont longs et souvent coûteux. Les transports ne sont pas toujours accessibles. On cherche des solutions car on sait que des cas comme Mandy François-Elie (devenue championne paralympique sur 100 m à Londres, quelques mois après avoir été détectée), il y en a un certain nombre. J’ai rencontré sur le marché à Pointe-à-Pitre un enfant en situation de handicap, qui avait clairement des dispositions pour pratiquer du sport. Mais quand je l’ai sollicité, il a tout de suite mis en avant toutes les difficultés pour se rendre dans un club. » 

 

Des éducateurs formés
« Conscient de ce vivier depuis des années, nous avons pensé, pendant un temps que la formation de cadres serait une solution. La direction technique nationale a amené énormément de cadres techniques dans nos DOM/TOM pour dispenser des formations. Il y a sur place de nombreux valides formés au handicap et à la pratique sportive. »

 

Des actions trop éphémères
« C’est du coup par coup. Comme en ce moment en Guadeloupe, parce que il y a un Antoine Hays qui arrive avec sa volonté, son énergie et ses idées. Il se rend compte du fort potentiel. J’ai peur qu’il s’use très vite à cause des réalités locales. Il y a l’image, les contraintes économiques qui sont pires qu’ailleurs et limitent les oppositions entre différents clubs des îles. Aujourd’hui, on n’a pas trouvé de solution pour structurer durablement les relations et le développement de la pratique handisport. Il ne faut jamais lâcher. Quand tu vas là-bas, tu es toujours très bien accueilli. De nombreuses idées sont évoquées, mais la détermination retombe très vite. Il y a une volonté de tous politiques, acteurs du monde du handicap de développer le handisport. Mais dès que l’on repart, les difficultés structurelles reprennent le dessus. » 

 

Des journées de détection sur place…
« Pourquoi pas. Mais lorsque tu fais venir un jeune en Métropole, l’adaptation, et cela vaut autant pour les valides que pour les handicapés, est parfois trop difficile. Ils ont besoin de leur famille, de leur environnement, de la chaleur. En plus, souvent, ils débarquent dans des villes comme Paris, Marseille ou Lyon. Il leur est très difficile de se construire un cercle de proches comme ils peuvent en avoir chez eux. En plus, il y a un lien tellement fort entre les parents et les enfants en situation de handicap, que l’éloignement est encore plus délicat. L’intégration de Mandy François-Elie fut une réussite car son handicap est « léger ». Sinon, les contraintes en matière de soin ou de lieu d’accueil sont parfois rédhibitoires. »

 

Une ouverture avec le Creps des Antilles et de la Guyane
« Le Creps de Guadeloupe-Guyane va s’ouvrir et des chambres accessibles vont voir le jour car son directeur est très enthousiaste. Cela pourrait permettre à des délégations de la métropole d’aller y faire des stages.
On aimerait aller dans les îles plus régulièrement. Mais le coût est réel. Et entreprendre une action dans une île suscite aussi des jalousies de la part des autres îles. Par ailleurs, il faut aussi s’assurer que les villes soient bien desservies. Par exemple, on réfléchit à l’idée d’emmener des équipes de France avant les Jeux de Rio en Guyane ou en Guadeloupe… Mais il n’y a aucun vol direct entre Pointe-à-Pitre et Rio. Or avec le matériel imposant avant des Jeux, cela serait difficile d’avoir une escale avec changement d’avion. »

 

Julien Soyer

Autres articles sur ce thème : Vie fédérale
haut de page