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Jean-Michel Westelynck : « Ne pas minimiser ces trois médailles »

27 septembre 2016
Le directeur sportif de la natation française handisport a pris soin de bien dissocier les médailles glanées par la France et le niveau affiché par ses protégés. Le constat est sans appel : il va falloir travailler encore plus dur.

Jean-Michel Westelynck, la natation française a-t-elle réussi ses Jeux paralympiques 2016 ?

Répondre à cette question est compliqué. Il faut différencier le bilan comptable et les performances françaises. Avec une médaille d’argent, celle de David Smétanine sur 50 mètres NL, et deux de bronze, celles d’Elodie Lorandi sur 100 m et 400 mètres NL, nous sommes en dessous de nos espérances. Néanmoins, au regard du niveau de la compétition, il ne faut pas minimiser ces trois médailles.

Les chronos, eux, sont pourtant intéressants…

Les Tricolores se sont battus avec leurs armes. Les performances françaises ont été bonnes et ont mis en avant une préparation réussie. Charles Rozoy a battu le record de France sur le 50m nage libre (27’’17) mais a terminé 4e. Tout comme il a frôlé son meilleur temps sur 100m papillon, sa course, sans pour autant contrarier l’hégémonie chinoise. Le niveau a considérablement augmenté. L’adversité est énorme. Il est difficile de répertorier tous les records qui sont tombés, tant il y en a. Clairement, les nageurs étrangers, chinois et anglais notamment, qui ont effectué une préparation encore plus poussée depuis Londres, ont repoussé encore les limites. Notre préparation a donc été de qualités mais insuffisante pour rivaliser avec les meilleurs.

Que vous inspire cet état de fait ?

Qu’il n’y a pas de temps à perdre. Souvent l’année qui suit les Jeux est une année de transition. Il ne faudra pas prendre l’année 2017 ainsi. Quand on n’avance pas, on recule. Il faudra donc se remettre au travail très sérieusement dès le retour dans les bassins. Après quelques semaines de repos, les nageurs devront tout de suite repartir à l’entraînement avec l’ambition de progresser. Par ailleurs, je me rends compte que le temps pendant lequel les cadors pouvaient cumuler jusqu’à quatre ou cinq titres est terminé. Aujourd’hui, même les meilleurs ne gagnent que deux ou trois titres maximum. Chacun est obligé de se spécialiser.

Quid de l’avenir de l’équipe de France ?

Elodie Lorandi et Charles Rozoy devraient poursuivre cette année mais ont déjà annoncé qu’ils n’iront pas jusqu’à Tokyo. Avec le staff, nous sommes déçus pour eux car ils n’ont pas réussi à conserver leur titre (sur 400 m NL pour Elodie et sur 100 m papillon pour Charles Rozoy). Anita Fatis, elle, arrête. Quant à nos deux jeunes, Théo Curin et Anaëlle Roulet, ils se projettent vers Rio. Théo Curin, pour sa deuxième sortie internationale majeure, a posé des jalons intéressants. C’est un nageur d’avenir et il a déjà une trame de faite pour essayer d’aller encore plus haut. David Smétanine, avec cette médaille d’argent sur 50 m nage libre, a réussi ses Jeux. Il est resté plus discret sur son avenir.

L’avenir va aussi consister à surfer sur la couverture médiatique sans précédent de ces Jeux ?

Effectivement, le suivi médiatique a atteint un niveau jamais vu auparavant. Notamment via France TV. Cela a eu le mérite de nous faire connaître, de montrer le niveau de la natation mondiale handisport. J’ai été impressionné par les retours du monde de la natation. On avait l’impression d’être au même niveau que les JO. Au-delà des suivis en direct, il y a eu des portraits, de vrais reportages montrant la réalité des sportifs, leur quotidien. Cela a suscité l’intérêt du grand public. Nous avons ainsi pu fixer un public qui a soutenu nos sportifs. On verra ce qu’il va en rester, mais je suis sûr que l’on a donné une autre image du handisport et créé des envies.

L’équipe de France a aussi semblé plus compacte, plus identitaire durant ces Jeux ?

Il y a toujours eu des échanges entre les différents sports. Mais il est vrai que cette fois, ils ont semblé plus marqué, plus récurrents. On a vu plus souvent des sportifs issus d’autres disciplines soutenir nos nageurs. Chacun a profité de son temps libre pour s’ouvrir aux autres sports.

Quelles images garderez-vous des Jeux de Rio ?

Il y a la traditionnelle entrée dans le stade Maracaña lors de la cérémonie d’ouverture. Cela reste toujours un moment à part qui me fait vibrer. Il y a aussi les médailles, les podiums… Quelles émotions. En matière d’organisation, mon souvenir sera bon. Les Brésiliens ont réussi leurs Jeux. Il n’y a pas eu de souci majeur. Ils ont rempli leur mission.

Prêt à rempiler pour quatre ans ?

Je repars pour cette année. Mais de nombreux changements pourraient intervenir cette année. Il va y avoir un nouveau président à la FFH. La question des délégations auprès des fédérations homologues va également être traitée. Et en septembre 2017, on sauré si Paris accueille les Jeux en 2024. Alors, je me projette jusqu’aux championnats du monde 2017, prévus en septembre à Mexico, et après on verra. // J. Soyer

© G. Picout

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