Ça rigole, ça court et ça chambre même un peu, ce mercredi 4 décembre 2024 au gymnase des Hautes-Ourmes de Rennes. Le tchouk ball (sport dont le principe consiste à faire rebondir un ballon sur un trampoline sans qu’il ne tombe par terre) est au menu des jeunes présents à l’école multisports du comité départemental handisport d’Ille-et-Vilaine. Ce comité a décliné le principe pour les jeunes sourds. « Les deux écoles sont réunies sur le temps de pratique, précise Marec Viller, éducateur sportif formé et chargé de développement du CDH 35. C’est bénéfique en termes d’inclusion. » Les deux écoles bretilliennes accueillent dix-sept enfants. « Ils étaient cinq il y a deux ans et dix l’an dernier », se félicite Marec Viller. Les écoles de sport ont pour objectif de permettre à des enfants et des ados en situation de handicap, moteurs et/ou sensoriels, ayant entre 5 et 18 ans, de pratiquer du sport entre pairs. Ils évitent ainsi d’être confrontés aux moqueries auxquelles ils doivent parfois faire face lors des cours d’éducation physique et sportive à l’école ou au collège. Quand ils n’en sont pas exclus.
Les différences d’âge sont aussi l’occasion de créer des passerelles entre les enfants et les ados. « Si certaines écoles, au regard du nombre important de jeunes, organisent des groupes par âge, d’autres mettent en place un système de parrains et marraines, souligne Cécile Touzalin, référente du secteur jeunes de la Fédération Française Handisport,. Les plus jeunes peuvent ainsi s’identifier à leurs aînés. »
Ces structures peuvent aussi être portées par un club ou une association. La première étape consiste à établir un diagnostic pour évaluer les besoins en termes d’infrastructures (accessibles, matériel adapté aux handicaps différents) et de ressources humaines (compétence et formation des encadrants). « Sur ce point, tout licencié affilié peut bénéficier des formations organisées par la FFH à des tarifs incitatifs », insiste la référente jeune de la Fédération. Parallèlement, il faut communiquer. « On peut viser les établissements et structures médico-sociales, les classes ULIS mais aussi des professionnels médicaux ou paramédicaux qui suivent de manière hebdomadaire ces enfants-là (kiné, orthophonistes, médecins de rééducation fonctionnelle, psychomotriciens, ergothérapeutes…), développe Cécile Touzalin. Ces jeunes, scolarisés en milieu ordinaire, sont parfois difficiles à toucher. Pour les collégiens, il est aussi possible de passer par la direction, les professeurs d’EPS et/ou les conseillers pédagogiques. »
À raison d’une séance par semaine, au moins, les sportifs se familiarisent, tout au long de l’année et en dehors du temps scolaire, un large panel de pratique. Pour être labellisée, une école doit proposer cinq disciplines différentes, dont trois parmi une liste de vingt-huit. Tous les sports proposés, sous forme de cycle, de journées découverte ou de stages, sont comptabilisés. « Les choix opérés par les encadrants, dont un, au moins, est issu d’une filière sportive et formé aux singularités du handisport, sont souvent fonction des spécificités du territoire, poursuit Cécile Touzalin. Il y a ainsi davantage de continuité quand un enfant se tourne vers une discipline spécifique. »
Les écoles multisports favorisent aussi la prise de confiance en soi, l’autonomie des licenciés. La pratique du multisport offre aux jeunes un développement complet des capacités physiques. C’est un pilier essentiel de ces écoles, permettant d’explorer diverses disciplines avant de se spécialiser. Les écoles multisports sont également des ressources pour les jeunes et leurs familles. Clubs accessibles, matériel adapté existant et nécessaire, des offres de séjours de vacances… « Cela leur ouvre le champ des possibles. C’est un cercle vertueux, développe la référente de la FFH. Des parents avaient l’impression que les balades à vélo, les randonnées ou d’autres loisirs étaient impossibles en raison du handicap de leur enfant. » À Rennes, les familles tissent facilement des liens durant les séances. « Nombre d’enfants n’habitent pas tout près de la salle donc les parents restent et échangent entre eux, observe Marec Viller. Et pour les activités extérieures comme le kayak, avec le club de Cesson, ou de la voile proposée sur des sites choisis en partenariat avec le comité de voile, on demande aux parents d’y emmener les enfants. Ils participent aussi, parfois, à l’événement avec leur enfant. »
Lancé par la FFH en 2019, le projet a surtout pris de l’ampleur après le Covid. Actuellement, 42 écoles ont vu le jour, un peu partout en France. Il existe encore quelques zones blanches, sur des territoires vieillissants et où il n’y a pas d’instituts médicaux pour les jeunes. « Elles offrent aux clubs et associations qui souhaitent s’ouvrir à l’accueil de ce public, un modèle concret de fonctionnement (idées pour adapter des règles, le matériel pour encadrer des disciplines handisport spécifiques telles que le goalball, la boccia ou la sarbacane et le futsal pour les personnes sourdes)…, pose encore Cécile Touzalin. Ces écoles dynamisent le territoire. » Les enfants se confrontent lors de temps de rencontres avec des jeunes d’une autre école d’un département voisin, de la région, d’établissements médico-sociaux qui n’ont pas forcément de lien avec l’école mais qui organisent des temps sportifs en interne. « Partager cela avec plusieurs dizaines de jeunes crée une émulation sur des Jeux régionaux, cite en exemple Marec Viller. Très jeunes, ils se retrouvent parfois seuls dans les clubs. L’école génère, au niveau émotionnel, d’autres sensations de plaisir et de loisir. »
Si les budgets varient selon la situation de départ (infrastructures, matériel et éducateurs à disposition…) de nombreuses aides (à l’emploi, au fonctionnement, à l’achat d’équipement sportif…) existent pour les porteurs de projet. Ces derniers peuvent se tourner vers les collectivités publiques et territoriales mais aussi solliciter des circuits privés. « Le Comité paralympique et sportif français a mis en ligne un outil qui permet d’identifier les subventions à solliciter pour chaque territoire, oriente Cécile Touzalin. Il convient ensuite d’échanger avec le SDJES (Service départemental à la jeunesse, à l’engagement et au sport). Il saura prioriser les aides et diriger vers les bons appels à formuler qui sont étalonnés sur l’année. Par ailleurs, la FFH propose le DVT (dispositif de valorisation territoriale) pour la mise en place d’actions. L’une d’elle concerne la mise en place d’une école de sports. »
La dernière en date a vu le jour dans le Doubs, à Besançon, fin novembre. Elle s’appuie sur un Service d’éducation et de soins à domicile mais est ouverte à tous jeunes en situation de handicap. Il s’agit là d’une des conditions sine qua none pour bénéficier de la labellisation Club école.
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