Moussa Tambadou a 23 ans, hémiplégique du côté droit (catégorie T38), il est plutôt du genre « nature ». Quand il est content, ça se voit. Quand il ne l’est pas, ça se voit aussi mais son sourire et sa bonne humeur reprennent vite le dessus. Sous l’œil expérimenté et bienveillant de Jo Maisetti et Sylvie Talmant, ses entraîneurs, ce sprinter-sauteur, mais également lanceur, est en progression constante depuis qu’il s’est mis à l’athlétisme en 2008. La première belle étape de sa carrière a été de décrocher un beau titre-de vice-champion du monde au poids en 2013. Sa discipline ayant été supprimée dans sa catégorie, il s’est alors dirigé vers le sprint et le saut en longueur avec des performances plus qu’encourageantes. Aujourd’hui, après une 4e place à la longueur aux mondiaux de Doha, il est ambitieux et pense pouvoir continuer à jouer les premiers rôles dans les années à venir. Et il en est capable à n’en pas douter.
Pourquoi avoir choisi l’athlétisme ?
Je me suis laissé guider par mon professeur d’éducation physique. Ce n’était pas vraiment mon sport favori. Et puis au fur et à mesure j’ai commencé à ressentir du plaisir à courir, sauter, lancer et je me suis rendu compte que ça me faisait du bien, alors j’ai continué. Et puis l’athlétisme m’apprend à être persévérant, c’est une bonne chose.
La première fois que tu as porté le maillot de l’équipe de France, quelle a été ta réaction ?
J’étais fier forcément car tu représentes la France mais ça ne m’a pas mis plus de pression que cela. Lors de ma première compétition avec ce maillot, je suis resté naturel, ça ne m’a pas perturbé.
Quel athlète handisport admires-tu le plus ?
Je n’ai pas de modèle. J’avoue que je suis plutôt à me surprendre moi-même de ce que je fais. Ce n’est pas prétentieux de ma part, c’est que sincèrement je ne me voyais pas atteindre ce niveau. Je ne pensais pas que je pouvais apprendre autant et parvenir à ces résultats. Je continue de travailler en espérant que ce ne soit que le début.
Tu deviens capitaine de l’équipe de France et tu dois parler à l’équipe, quel discours tiens-tu ?
« Montrez le meilleur de vous-même. N’ayez pas de regrets à la fin de la compétition et donnez tout pour arriver ou vous approchez de la performance espérée’’.
Que retiendras-tu des championnats du monde de Doha 2015 ?
Ma 4e place. J’ai été 3e longtemps et puis je suis descendu du podium. J’étais déçu.
Ton objectif sportif en 2016 ?
Un podium à la longueur aux Championnats d’Europe à Grossetto en Italie et tout faire pour être présent à Rio pour les Jeux Paralympiques.
Ton meilleur souvenir d’athlète ?
Ma médaille d’argent au poids aux mondiaux de Lyon en 2013. Je ne m’y attendais pas du tout. Un podium devant le public français, c’était fort.
Ton pire souvenir d’athlète ?
La 3e place perdue au dernier moment à Doha, à la longueur. C’est vraiment une déception.
Quelle musique écoutes-tu avant une compétition ?
J’écoute plutôt du rap français, c’est rythmé et ça me fait monter l’adrénaline.
Si je te dis Jeux de Rio 2016, Mondiaux de Londres 2017 et Jeux de Tokyo 2020, tu me réponds quoi ?
J’aimerai bien un podium à chaque fois, il faut y croire même si l’objectif est élevé. Mais sinon je me vois bien continuer jusqu’en 2024 et j’espère à Paris ! // R. Goude
Le mot de Jean-Baptiste Souche
« Moussa a un parcours assez atypique, il s’est d’abord orienté vers le sprint, puis vers le lancer (médaillé d’argent au lancer de poids lors des Mondiaux de Lyon 2013), pour finir sur le saut en longueur, le lancer de poids ayant disparu du programme Paralympique. En progression constante et régulière depuis plusieurs mois, Moussa vient de passer un cap technique, physique et chronométrique depuis le début de sa collaboration avec Jo Maïsetti et Sylvie Talmant cet été. Quatrième des derniers championnats du monde en longueur après avoir battu son record personnel à quatre reprises, je suis convaincu qu’il va continuer à progresser dans les mois à venir, et exprimera bientôt son plein potentiel. Son physique hors norme, sa détermination et sa grandeur d’âme seront ses principaux atouts. »