« Il n’y a pas eu d’étude chiffrée mais selon les responsables des ressources humaines, le taux d’arrêt maladie diminue après des journées de sensibilisation au handicap. » Adrien Balduzzi, responsable des partenariats pour la FFH en convient, ce n’est qu’un aspect mineur des conséquences de la semaine du handicap, mais il traduit la force du message. « Sans doute que les salariés s’écoutent un peu moins au regard de ce qu’ils ont vu et vécu lors de ce moment. »
Durant cette Semaine du Handicap 2019, la FFH et ses entités locales (clubs, comités départementaux et régionaux, associations) ont recensé entre 550 et 600 animations sur tout le territoire. « La réduction des cotisations proposée par l’AGEFIPH aux entreprises s’inscrivant dans cette démarche de journées de sensibilisation, durant cette semaine ou tout au long de l’année, favorise les demandes. » Aujourd’hui, la FFH ne peut plus répondre à tous les besoins et à toutes les sollicitations. Des agences événementielles prennent souvent le relais. « C’est très bien mais il faut juste avoir à l’esprit que les fonds récoltés par la FFH au cours de ces journées de sensibilisation sont réinvestis dans la politique de développement du handisport (pour du matériel, la pratique des jeunes…). Ces fonds servent l’intérêt général », précise le référent en charge de ce dossier, épaulé par Agathe Fournier et Paco Vigreux.
Les échanges dépassent le seul thème des circonstances du handicap, le passage en centre de rééducation ou encore la résilience par le sport. « Ces notions sont abordées mais l’objectif est de sensibiliser les collaborateurs de l’entreprise sur le handicap de manière ludique et interactive, développe Adrien Balduzzi. L’intervention d’un sportif du mouvement induit aussi une notion de compétitivité qui peut séduire les entreprises. Les salariés en situation de handicap et sportif sont souvent des moteurs en matière d’efficacité. »
Parmi les nouveautés, un quizz a été mis en place sur le handisport et ses acteurs. « L’intérêt est d’associer les collaborateurs des entreprises travaillant dans des points de vente et des agences de ladite société. On a constaté, en effet, qu’il était souvent plus difficile pour ces structures de fixer des journées de sensibilisation que dans les sièges sociaux. » Le principe du quizz permet donc à tout le monde de participer et des lots, tels des paniers garnis ou des places pour assister à des manifestations handisport, sont mis en jeu. « On crée des modèles duplicables partout et facilement transposables… Cela crée une émulation au-delà du siège social. »
Autre innovation permettant de répondre aux contraintes de place : la séance de tirs au but en mode cécifoot. « Toutes les entreprises n’ont pas l’équivalent d’un terrain de disponible » ajoute le responsable des partenariats FFH. On retrouve également bien souvent les « jeux » de mise en situation : en fauteuil, en situation de déficience visuelle et auditive… « À chaque fois, on fait intervenir des experts (éducateurs de centre, éducateurs sportifs du mouvement et de nos clubs qui encadrent ces activités, parlent du handicap). Le message : une personne en situation de handicap est juste une personne ayant besoin d’un outil ou d’une adaptation dans le cadre de sa pratique. Le handicap est davantage une barrière psychologique que l’on se met. Chaque personne a un handicap visible ou invisible et plus ou moins contraignant et gênant. C’est la démarche que l’on essaie de montrer. »
Les messages véhiculés et les thèmes abordés ne cessent de s’élargir, de se renouveler. S’il y a toujours la sensibilisation incontournable aux différents types de handicaps, les thématiques peuvent également être en lien avec le matériel, l’encadrement à la performance… On dépasse certaines perceptions. Cela permet d’aborder la notion de travailleur handicapé (RQTH) et des droits qui vont avec.
La FFH, en collaboration avec TH Conseils, a mis à disposition des entreprises, des modules de formation axés sur l’accueil de personnes en situation de handicap dans une entreprise et leur management au quotidien. Sur le site fédéral de la FFH, il est possible de trouver un module à destination des personnes en situation de handicap leur expliquant comment préparer des entretiens d’embauche… Faut-il parler de son handicap, comment le valoriser dans pareil cas. « Il y a donc deux axes. Un pour accompagner l’entreprise et l’autre pour permettre aux salariés en situation de handicap de positionner leur discours. C’est donc à disposition de nos licenciés et des personnes ayant accès à Handisport.org. Ce sont des choses nouvelles. »
Durant cette semaine, la FFH conclut ou signe de manière officielle de nombreux partenariats. « On a signé des partenariats avec Décathlon et la sécurité sociale, qui souhaitent, sur cette semaine, avoir à travers la signature d’une convention, un temps fort en termes de communication », appuie Adrien Balduzzi. Ce lundi, l’instance fédérale handisport intervient au congrès Ucanss, l’institution qui gère les services supports de la sécurité sociale. À l’issue de cette conférence, une convention ayant pour vocation de sensibiliser au handicap les acteurs de la fonction publique dans l’année à venir, sera signée. « On va sensibiliser un maximum de salariés, les faire venir sur des manifestations handisport. Il y a pas mal d’engagements de leur part à destination de leurs collaborateurs en situation de handicap pour les inciter à pratiquer du sport s’ils le souhaitent, poursuit-il. Il y a donc des interactions durant cette semaine de l’année. C’est un peu notre Téléthon à nous. Cela permet de lancer des actions qui vont évoluer tout au long de l’année et de les pérenniser. »
Pour en savoir plus sur les sensibilisations en entreprise
Indirectement, ces temps d’échange et de sensibilisation sont des leviers de développement pour la FFH, en termes de licenciés. « Nous touchons des personnes en situation de handicap qui travaillent dans une entreprise mais qui ne pratiquent pas de sport ou pas en handisport. On constate que ce public reste de moins en moins longtemps dans les centres de rééducation, assure Adrien Balduzzi. Il est moins facile pour nous de parler de la pratique handisport un mois ou six semaines après qu’une personne se retrouve en situation de handicap. Il lui faut du temps pour digérer psychologiquement qu’elle accepte son handicap. » L’approche est alors plus douce et peut inciter à la pratique dans le cadre d’une démarche loisir, d’entretien (sport-santé) ou de compétition.
Rédaction : J. Soyer
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