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Bilan championnat du monde

26 septembre 2019
L’équipe de France a ramené une médaille d’argent non sans mal, lors du championnat du monde d’escrime en Corée du Sud (17 au 23 septembre). La pêche aux podiums s’est révélée bien maigre pendant cette compétition où l’escrime Handisport va devoir tout mettre en place pour retrouver sans rang international. Bien que le présent soit un peu dans le brouillard, le futur peut promettre de belles éclaircies voire du grand Bleu.
 

Handisport.org. Quel bilan tirez-vous de ces mondiaux ?
Alain Febvre, directeur sportif : Les athlètes étaient bien préparés et sont arrivés en Corée du sud en bonne condition pour être compétitif. Mais le bilan est négatif pour l’équipe de France. Nous visions quatre médailles dont trois en individuel et une par équipe. Nous passons à côté de cet objectif et peu de nos tireurs atteignent les quarts de finale. Nous perdons trop de matchs à 5-4 en poule et nous nous mettons en difficultés sur les premiers tours de tableau à élimination directe. Dans toutes les armes, nous n’avons pas été assez efficaces sur les premiers matchs. Un seul tireur est à sa place dans ces championnats individuels, c’est Gaëtan Charlot, sélectionné pour son profil jeune et qui termine, comme l’an dernier aux Europe, meilleur Français au classement individuel devant tous ses coéquipiers plus aguerris et expérimentés que lui.
 
À un an des Jeux Paralympiques de Tokyo quel est votre sentiment ?
Je suis inquiet quand je vois le niveau des autres nations et la jeunesse des athlètes qui performent, mais confiant également car je crois en la capacité de nos athlètes à rebondir et à rattraper ce niveau. Il faut que cette équipe de France, talentueuse, reprenne confiance en ces capacités techniques et continue de travailler pour revenir à son meilleur niveau.

Sur quoi faut-il mettre l’accent dans les dix mois pour revenir à ce « meilleur niveau » ?
Il est trop tôt aujourd’hui pour parler de cela, je dois analyser à froid la situation, la cause des échecs de certains. Ma priorité va être de faire le point avec les athlètes et d’écouter leur analyse mais aussi de demander aux entraîneurs leur débrief et leur vision à court et moyen terme.

Vous projetez-vous déjà plus loin avec Paris 2024 ?
Bien sûr que je regarde Paris 2024 mais également plus loin. Pour moi, il faut préparer l’après Paris et avoir une politique de développement pour Los Angeles 2028. Il faut dix ans pour faire un très bon escrimeur. Le train est déjà en marche pour ces échéances, il ne faut plus attendre au risque de rester sur le quai. Toutes les nations se professionnalisent, le monde du Handisport bouge, nous devons avoir un comportement de haut niveau avec des entraînements quotidiens voir bi-quotidien. J’ai soumis un projet à destination des jeunes à cette même commission il y a quelques temps et j’attends la validation de ce projet.

Combien d’athlètes aimeriez-vous emmener à Tokyo et avec quels objectifs ?
En tant que Directeur sportif, je souhaite en emmener le plus possible. Le parcours de sélection compte encore trois Coupes du monde et un championnat d’Europe, ce qui laisse du temps aux athlètes pour se qualifier. Si nous partons à Tokyo c’est pour la gagne. Nous avons un titre à défendre à l’épée par équipes et certains de nos escrimeurs notamment, dont ce sera la dernière compétition internationale, auront envie de finir en beauté. Les Jeux sont une compétition tellement à part qui ne ressemble à aucune autre épreuve, tout peut arriver.

Comment se porte la discipline en France ?
L’escrime Handisport en France souffre d’un manque de licenciés surtout chez les femmes. Nous devons nous appuyer sur les clubs valides pour accroître le nombre de licenciés. La convention avec la Fédération Française d’Escrime va être renouvelée et nous allons proposer un contrat d’objectif annuel, ce qui manquait à notre partenariat fédéral. Il est important pour moi de nous rapprocher pour former les éducateurs sportifs et les arbitres à notre spécificité. Nous pratiquons le même sport, il faut que les clubs valides comprennent nos similitudes et abordent simplement l’adaptation de la pratique pour une inclusion des escrimeurs Handisport dans leurs cours valides. En parallèle, nous travaillons depuis deux ans avec les comités régionaux pour les aider à mettre en place l’escrime lors des stages Jeunes A Potentiel. Cela commence à payer car six régions ont joué le jeu cette année contre deux l’an passé et une seule il y a deux ans. Nous avons également créé le critérium jeune, mais maintenant il faut développer les circuits régionaux pour ces mêmes jeunes afin de leur proposer une pratique de compétition et ainsi les motiver à aller dans les clubs pour s’entraîner.

Sur quels moyens l’escrime française doit-elle s’appuyer pour se développer et ne pas s’affaiblir ?
Nous devons nous appuyer sur ce qui existe, à savoir les clubs de la Fédération Française d’Escrime. Ce sont dans ces clubs que les éducateurs techniques ont les compétences, il faut juste leur donner envie d’accueillir le public Handisport. Il faut aussi travailler sur l’accueil des Déficients Visuels qui, à court terme, grâce au travail de l’Italie et de plusieurs pays dont la France, pourraient participer à des compétitions, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. La possibilité d’organiser des championnats d’Europe puis du monde est a l’étude, si c’est le cas notre critérium DV se transformera en championnat de France également. Cette pratique peut être un facteur de développement. J’ai confiance en l’avenir de notre discipline, une nouvelle génération va arriver et va redorer notre blason.
 

Norbert Krantz, directeur des équipes de France : « Nous sommes passés pas loin de la correctionnelle mais au final il y a tout de même une médaille. Malgré tout, il faut une remise en question profonde de l’approche de l’escrime de haut-niveau. Les recettes qui fonctionnaient bien il y a encore quelques années ne suffisent plus, tout le monde doit se sentir concerné. Je garde espoir que l’équipe de France revienne dans le cercle des grandes nations de l’escrime Handisport, notamment grâce à nos jeunes tireurs, mais il faut se mettre au travail sans tarder ».
 
Pierrick Giraudeau, directeur de la performance : « La médaille d’argent par équipes des épéistes est belle mais c’est trop peu pour cette équipe de France. Sur le plan individuel, la présence française au moins au niveau des quarts de finale n’est pas celle que l’on attendait. L’alerte est enclenchée, il faut maintenant se donner les moyens de réagir vite. L’avenir peut être meilleur j’en suis sûr ».
 

Propos recueillis par Renaud Goude / Photo : 

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