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Benjamin Daviet : « Le fondu du nordique »

2 juin 2015
Troisième au classement général de la Coupe du Monde de Cross Country, Champion du Monde du relais, IPC 2015, l’occasion était belle de revenir sur le parcours et la personnalité du natif d’Annecy.

Une excellente saison 2015

Ne vous y trompez pas : sous une bouille de faux tintin rigolard, le skieur natif du grand Bornand est un vrai professionnel et un fin stratège. Le jeune (il est né en 1989) membre de l’Equipe de France parait un des rares à pouvoir fendre la cuirasse Russe en ski nordique IPC, notamment aux prochains Jeux Paralympiques de 2018… La preuve ? Benjamin, malgré le handicap de n’avoir pas participé à toutes les épreuves de la saison 2014/2015, réussit l’exploit de finir 3° du classement mondial overall Cross Country derrière… deux russes !

Le ski nordique IPC… à mieux connaître !

Le Ski nordique handisport français souffre d’un déficit de notoriété par rapport à son homologue alpin… et pourtant, on pourrait dire que nul n’est prophète en son pays : en tapant dans votre moteur de recherche préféré « Benjamin Daviet », vous aurez la divine surprise de tomber sur sa page Wikipédia… norvégienne ! « Le » pays du ski nordique connait Benjamin….et la France ? Essayons de combler cette lacune en l’interviewant…

Ces questions ont été posées à son retour victorieux des Mondiaux 2015 de Câble (USA), où le trio Français Daviet / Clarion / Chalençon a raflé l’or du relais à la barbe et la spatule des Russes et Ukrainiens archi favoris…

Questions / Réponses

– Benjamin, peux-tu te présenter ?

Je suis né le 16 juin 1989 à Annecy et j’habite le Grand Bornand. Je rentrais de vacances quand j’ai chuté en mobylette à l’âge de 17 ans. Je me suis blessé au genou. Opéré d’une fracture du condyle, j’ai contracté un staphylocoque doré. La bactérie m’a rongé le cartilage, le ménisque, privant mon genou de sa capacité d’articulation. « J’ai zéro flexion, ma jambe gauche est raide ». S’ensuit une longue période de fêtes, de vie plutôt dissolue. Jusqu’au jour où j’ai un déclic, un matin de décembre 2010. « Ça m’a pris comme ça. Je me suis dit: «Ce n’est pas moi ». J’ai appelé mon oncle pour qu’il me prête des skis. Trente minutes plus tard « j’étais dans les traces, avançant en poussant sur les bras et j’ai intégré l’Equipe de France de ski nordique et biathlon handisport en mars 2011 ».

– Quels sont tes clubs ?

Annecy handisport et ski club du Grand Bornand.

– Peux-tu nous donner ton palmarès ?

– Quelle est ton activité professionnelle, en dehors du ski ?

J’ai fait des études de plombier chauffagiste, un métier que j’exerce tout près de chez moi à St jean de Sixt.

– Parlons un peu de cette saison incroyable… : Champion du monde en relais : tu t’y attendais ?

Pas du tout, nous pensions rentrer avec une médaille de bronze, au mieux d’argent mais très loin de nous de penser à l’OR au vu de la performance des Russes et des Ukrainiens aux Jeux. Cette victoire est aussi belle qu’inattendue.

– Après Sochi, ça a été facile ou pas de se remotiver ?

Faire une médaille aux Jeux c’est juste magique, des moments inoubliables. Il faut un certain temps avant de réaliser et il est évident que c’est très motivant. Une petite coupure a tout de même été nécessaire…

– Tu as eu des médailles en biathlon, en fond, en courte distance, en distance longue …. c’est compliqué l’entraînement pour être polyvalent ?

Un peu compliqué oui, il faut s’entrainer au tir, sur des longues distances, des courtes… pas toujours évident.

– Quelle est la suite de la saison ?

Coupe du Monde au Japon du 13 au 20 février. [Note du rédacteur : Benjamin en est revenu avec 1 titre et podiums]

– Ca a du être la fête au Grand Bornand après tes médailles … ?

Le Grand Bornand va organiser la soirée du retour des Champions, je pense que la fête sera au rendez vous !!!

– L’or en individuel, c’est possible face à l’armada russe et ukrainienne ?

Certainement très difficile, mais pas impossible.

– Quels sont tes prochains objectifs ?

Dans l’avenir très proche : monter cette saison sur le podium du classement général. [Note du rédacteur : c’est fait !] Dans un avenir un peu plus lointain : être Champion du Monde en individuel aux prochains Mondiaux et si je vois encore plus loin, il est évident que je vais travailler dur pour être Champion Paralympique.

– Ta conclusion ?

Je terminerais en disant que j’espère que nos prestations donneront aux personnes porteurs de handicap quel qu’il soit, à oser vivre leur passion, à pratiquer des sports, à sortir de chez eux. Ce genre de résultat sportif permet de montrer que l’on peut vivre normalement malgré le handicap !!

/D.Barbet

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