L’équipe de France de basket fauteuil féminine n’a pas réussi à imiter son homologue masculine. A Osaka, les Bleues ont cédé contre l’Allemagne, grand favori de ce tournoi de qualification paralympique de basket fauteuil, disputé du mercredi 17 au samedi 20 avril 2024 au Japon. A défaut de décrocher ce billet pour les Jeux de Paris (28 août – 8 septembre), les jeunes Tricolores et la Fédération Française Handisport peuvent voir ce tournoi comme une très bonne base de travail.
Le rêve est passé. L’équipe de France féminine de basket fauteuil n’a pas réussi à décrocher son billet paralympique pour les Jeux de Paris 2024 (28 août – 8 septembre). « La logique sportive a été respectée, reconnaît humblement l’entraîneur national, Frédéric Guyot. Cette non-qualification, assortie à la fatigue liée au décalage horaire et au stress généré par l’enjeu, accentue la déception de ce groupe France jeune, travailleur et solidaire. Mais très honnêtement, au regard de la concurrence, il n’y a pas trop de place pour les regrets. »
Les Bleues d’Angélique Pichon rentrent d’Osaka, théâtre de cette épreuve de qualification aux Jeux de Paris, avec quatre défaites un peu (trop) sévère. « On a peut-être mal négocié certains matches de poule. Cela nous oblige à affronter l’Allemagne, favori de ce TQP, sur le match décisif. C’est dommage, ajoute Frédéric Guyot. Pour autant, un autre adversaire ne nous garantissait pas de nous qualifier. On ne le saura jamais. C’est le seul regret à avoir. » Battue 25-58, la France n’a jamais eu l’occasion d’espérer contre les Allemandes.
De bonnes bases de travail
Ce TQP japonais a eu le mérite de placer les bases de travail pour l’avenir. A titre individuel, mais surtout collectif. « Une qualification aux Jeux n’aurait en rien changé nos problématiques, estime le manager de la performance du basket fauteuil pour la Fédération française handisport, Stéphane Binot. « Nos joueuses doivent être davantage accompagnées dans les clubs sur le travail des fondamentaux individuels et la préparation physique. Deux critères qui permettraient, une fois en collectif France, de rivaliser plus rapidement avec la concurrence internationale. » Si la France a inquiété ses opposants sur un, deux ou deux tiers-temps et demi, elle n’a jamais été capable de maintenir le niveau d’intensité minimum pour rivaliser sur les 40 minutes d’un match.
En atteste, cette défaite contre le Canada, l’épouvantail de la poule de qualification des Tricolores, battues 76-40. « La stratégie mise en place tient une bonne mi-temps et après on prend un peu l’eau, résume Stéphane Binot. Si on ne tient pas compte du score, on ne voit pas un tel écart sur le terrain. Défensivement, on est en place, Le souci réside dans la capacité à marquer et donc de concrétiser les efforts réalisés en défense. Ne pas marquer c’est frustrant et cela donne à l’adversaire la possibilité de contre-attaquer en n’étant pas en place défensivement et d’imposer plus facilement son jeu offensif »
Le clan français a aussi manqué de densité collective et de solutions tactiques. Les rotations avaient trop d’impact sur le niveau de jeu de l’équipe. « On doit absolument recruter de nouvelles joueuses, poursuit Frédéric Guyot. La concurrence permet d’avoir davantage de choix dans les rotations, de schémas de jeu et incite les titulaires à toujours vouloir se dépasser. »
Le Canada ou encore l’Allemagne peuvent jouer l’intérieur par le pick and roll ou par un jeu de passes directes, débouchant sur des tirs à mi-distance. Stéphane Binot complète : « Il nous faut trouver des points intermédiaires (3 points, 3,5 points) pour avoir des choix différents de compositions d’équipe. »
Aujourd’hui, pour respecter la règle de 14 points sur le terrain, les Françaises, également battues par l’Espagne (57-38), le Japon (55-38) et le Canada (76-40), doivent se passer de l’une de leurs deux joueuses à 4,5 point, si elles veulent intégrer celles à 2,5 ou 3 points.
Un pôle féminin à Talence en 2025
Au sortir de cette défaite rédhibitoire contre l’Allemagne, le staff tricolore avait du mal à tirer des enseignements positifs de ces quatre jours de compétition nippons. « On avait l’objectif de se qualifier et on n’y a pas réussi. Alors, c’est dur de trouver du positif. Ça viendra peut-être un peu plus tard, tranche Frédéric Guyot. Mais ce tournoi, pour lequel nous avions deux joueuses qui découvraient ce niveau, est une bonne base. »
De travail pour les Françaises et de réflexion autour du basket fauteuil féminin en France. « Au-delà des lacunes techniques et physiques évoquées ci-dessus, nos joueuses manquent d’accompagnement dans les clubs », juge Stéphane Binot. En mixte, elles sont marginales. Il n’y a donc pas toujours la même volonté de les voir progresser.
Tout le travail va donc consister à apporter aux nouvelles venues et aux plus jeunes, un suivi leur permettant d’acquérir au plus vite ces fondamentaux individuels et cette densité physique indispensables pour faire valoir d’éventuels progrès techniques. « Parmi les solutions identifiées, la plus efficace à moyen terme, est d’ouvrir une section féminine de basket fauteuil au Creps de Talence qui abrite le pôle masculin, dévoile Stéphane Binot. Cela va se faire à la rentrée 2025. « Avec le temps, nous espérons avoir une section 100 % masculine et une autre 100 % féminine, poursuit-il. Cela permettrait de créer une émulation entre les joueuses qui s’entraîneraient et joueraient ensemble en championnat. Elles pourraient ainsi travailler sur le poste qui est le leur en équipe nationale. » Ce projet est un prolongement de l’initiative de deux joueuses de l’équipe de France. « Elles ont créé l’association Basket fauteuil féminin. L’équipe rattachée à cette association, totalement féminine et appelée les Amazones, dispute les championnats de France jeune depuis trois ans. Cela fait déjà des émules. »
Créer un pôle, au féminin, à Talence, apporterait aux joueuses davantage de séances d’entraînement et un contenu plus fourni. Il offrirait aussi la possibilité de mettre en place des matches entre la section féminine et celle des gars. « Ce serait intéressant en termes d’adversité, notamment », se projettent les dirigeants.
Ces derniers peuvent en effet s’appuyer sur un collectif relativement jeune et très investi. Un groupe qui, malgré ces défaites sévères, a su rester uni et animé par la même volonté de faire toujours mieux.
La France du basket fauteuil est donc reçue à 50 % pour les paralympiques de Paris. Après la qualification historique des garçons, qui n’avaient plus disputé de Jeux depuis Athènes 2004, les féminines, dont la dernière participation remonte à Rio 2016, ont buté sur plus fortes qu’elles. Un échec qui suscite toutefois des motifs d’espoir.
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