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Vers plus de sourds dans le milieu sportif français

6 février 2020
L’équipe de France sera représentée pour la première fois aux championnats du monde sourds, prévus en Autriche du 20 au 27 juin 2020. Une première victoire pour Raphaël Boas, référent de la pratique pour les pongistes malentendants et sourds.   

L’étape est significative. Majeure. L’équipe de France comptera des joueurs aux prochains championnats du monde sourds, organisés à Baden, en Autriche du 20 au 27 juin. Une première récompense pour Ludovic Portier et Raphaël Boas, les deux référents de la pratique pour les personnes malentendantes et sourdes. « Jamais la France n’avait envoyé de joueurs par le passé »,  se réjouit Raphaël Boas, malentendant et VRP de la discipline auprès de ses pairs et des sourds.   

Il espère forcément que cette participation va ouvrir de nouvelles perspectives aux chefs de file actuels de la discipline dans l’Hexagone et va inciter de nouveaux joueurs à rejoindre le mouvement handisport. « C’est un travail de longue haleine, assure-t-il. Les sourds préfèrent souvent rester entre eux par souci de communication. »

Depuis cinq ans, Raphaël Boas, avec l’appui permanent de Ludovic Portier, ne ménage pas sa peine pour développer la pratique. Leur ambition était de créer un collectif France. Le projet est sur le point de voir le jour. Depuis deux ans, les Tricolores ayant un appareil le retire pour jouer afin de se conformer aux règles internationales. Un stage France va se dérouler du 9 au 12 avril. « Il aura lieu au Creps de Voiron, grâce à l’appui de Nicolas Gaze, référent tennis de table pour le comité Auvergne-Rhône-Alpes », précise Raphaël Boas.

Motivé par les joueurs 

D’ici là, un tournoi de sélection, offrant au vainqueur une place en Autriche, se tiendra le 15 février, près d’Orléans. Un deuxième ticket reviendra au champion de France sourds, lors des championnats prévus au Creusot les 18 et 19 avril. D’autres critères de sélection existent et la possibilité de bénéficier d’une wild-card n’est pas exclue. « Je me démène pour avoir l’opportunité d’en obtenir une pour la France. »

Raphaël Boas

Raphaël Boas, 38 ans, n’en finit plus de mouiller le maillot. Il fut encouragé par Stéphane Lelong, le directeur sportif du tennis de table à la Fédération Française Handisport, sensible à l’idée de pouvoir s’appuyer sur un malentendant qui parle. De son côté, il a été sensible à l’idée de sortir la pratique sourde de l’ombre. « Avec Ludovic Portier, nous voulons faire émerger des sourds dans le milieu sportif français. Et pourquoi pas, évoluer dans le paysage européen et mondial. »

Le Toulousain a pris le taureau par les cornes. « En quatre ans, j’ai passé les formations d’entraîneur et surtout j’ai appris la langue des signes. » Aujourd’hui, il espère autant être en Autriche comme joueur que comme cadre. Il ne cesse aussi de motiver les meilleurs joueurs et les plus jeunes. « Je veux que l’on prouve notre valeur et même si le niveau européen est plus élevé que le nôtre, on doit afficher notre volonté de progresser. » Le message est entendu puisque les classements valides des meilleurs Français ne cessent d’être meilleurs, ces deux dernières années. Derrière les leaders, comme Romaric Vinchon et Pascal Brandon, qui a déjà une solide expérience dans les compétitions réservées aux personnes sourdes, de nouveaux joueurs pointent le bout de leur nez.

Ces progrès et l’investissement constaté des joueurs sont un moteur pour cet agent d’entretien du conseil départemental. « Entre la vie professionnelle, la vie sportive et la vie personnelle, il faut jongler, assure Raphaël Boas. Ça m’encourage et m’aide à rester dynamique parce que ce n’est pas toujours simple de tout concilier. »

Rédaction : J. Soyer / Photo : F. Pervillé


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