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Duplan : « Des Jeux satisfaisants, une paralympiade inquiétante »

22 septembre 2016

 

Jeux paralympiques. Le directeur sportif du judo tricolore, qui garde la main, revient sur les Jeux et même sur la paralympiade dans sa globalité. Avec un discours objectif.

Olivier Duplan, peut-on parler de Jeux réussis ?

C’est délicat. Il y a évidemment la médaille d’or de Sandrine Martinet en – 52 kg. Mais c’est l’arbre qui cache la forêt. Nous sommes aussi déçus car nous visions vraiment deux médailles.

Justement, pouvez-vous revenir sur le parcours de Cyril Jonard (5e en -81 kg) ?

Il y a un peu de frustration et de déception quant à son approche du championnat. Il a eu un tirage compliqué. Il n’avait jamais battu l’adversaire qui lui était proposé au premier tour mais on avait beaucoup travaillé sur ce style de judo. Mais il a un peu bloqué alors qu’il avait bien démarré son combat. Il n’a pas tenu la tactique tout au long du combat et il s’est un peu perdu. Ensuite, durant le tournoi de repêchage, on ne l’a jamais senti serein, prêt à tout mettre en œuvre pour aller chercher le bronze. C’est dommage.

La médaille d’or ne compense pas complètement cette déception ?

Non. Si le bilan des Jeux est satisfaisant, celui de la paralympiade est inquiétant. Nous n’avons emmené que deux athlètes. C’est peu. Attention, personne n’a été lésé mais on se prépare à des lendemains difficiles.

Cyril Pagès, votre entraîneur, regrettait que les clubs valides n’incitent pas assez les sportifs en situation de handicap qui les rejoignent à se tourner vers la compétition…

C’est tout l’enjeu de ces quatre nouvelles années. Les clubs de judo accueillent bien le public en situation de handicap, notamment sensoriel (malvoyants ou non voyant). Mais il est vrai qu’il ne l’incite pas forcément à se tourner vers la compétition. Avec les instances et les responsables handisports, nous accompagnons pour leur démontrer que ces judokas peuvent avoir un vrai projet sportif cohérent. Il ne faut pas que handicap et sport apparaissent comme des sujets antinomiques. J’espère que la médiatisation de la finale de Sandrine Martinet va contribuer à changer ce regard et inciter les clubs à créer des sections handisports ou à prendre contact avec les pôles et la FFH quand leurs dirigeants seront en face de personnes en situation de handicap. À nous de bien rebondir sur cette exposition médiatique.

La couverture de France TV peut donc être très favorable ?

Bien entendu. Les retours nous donnent le sentiment que le handisport peut faire rêver, inciter des jeunes à pratiquer du sport et pourquoi pas à haut niveau. Cette médiatisation a suscité des envies et a montré que les épreuves paralympiques intéressent et qu’il y a derrière une vraie démarche sportive.

À titre plus personnel, que retiendrez-vous de ces Jeux ?

Il s’agissait de mes premiers en tant que directeur sportif. J’ai eu le sentiment d’appartenir à une équipe. Il y avait une vraie identité équipe de France. Lorsque nous avons eu la crainte de ne pas tenir les objectifs, il y a eu beaucoup de soutien entre les différents cadres, les sportifs et les staffs. Après, j’ai eu la chance de commencer mon aventure paralympique, en tant qu’entraîneur, par la médaille d’or de Cyril Jonard à Athènes en 2004. C’était fort mais il n’y avait pas eu toutes les galères d’avant. Là, douze ans après, il y a eu un certain nombre d’expériences accumulées : des championnats ratés, le zéro pointé de Londres, cette paralympiade délicate… L’or de Sandrine prend donc une dimension différente, très forte. C’était une joie immense. Par ailleurs, côté organisation, les Brésiliens ont réussi leurs Jeux paralympiques. Il y a eu la liesse populaire, l’engouement dans les stades et cette ambiance carioca. A Pékin, les stades étaient pleins, à Londres, ils étaient pleins. Il y avait des connaisseurs. À Rio, il y avait cette ambiance très spécifique, festive. // J.Soyer

Découvrez la galerie photo de la journée en or de Sandrine Martinet

8 sept - Judo

Photo : Olivier Duplan, à l’annonce de la victoire de Sandrine Martinet en finale des -52kg aux Jeux paralympiques de Rio. Crédit : ©CPSF – G.Picout

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